Alors que le 8 mars, journée mondiale de la femme, approche, l’égalité et la liberté, sont des mots de plus en plus florissants dans la presse. En Inde, l’attitude nonchalante d’un homme condamné à mort pour avoir violé et tué une jeune femme en 2012, montre que l’égalité des femmes face aux hommes est encore difficilement atteignable.
« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. »
Cette citation de Paul Eluard qui est désormais placardé sur les rames de métro parisien, a probablement retenu votre attention. La RATP s’emploie à faire rêver ses passagers, mais rarement une décision de la Régie autonome des transports parisiens n’avait fait un choix plus politique.
Puisque oui, désormais, la liberté est devenue un thème politique.
La vague prônant la liberté d’expression au lendemain des attentats de Charlie Hebdo le prouvait bel et bien : les affiches « Je suis Charlie » placardés autant sur les murs que sur les réseaux sociaux rassemblent les Français dans une lutte, tant patriotique qu’humaine : prôner les différences, la multiplicité, la liberté de penser, d’être qui l’on veut, tant que notre liberté n’empiète pas sur celle d’autrui. Mais cette lutte ne fait que commencer. Peut-être même existe-t-elle parce qu’elle est de plus en plus menacée, faisant chaque jours un petit pas en arrière.
Comment prôner la liberté sans chercher à atteindre une parité totale des droits et des chances ?
New Delhi, « la capitale indienne du viol »
Vendredi, un homme condamné à mort en Inde pour le viol collectif et l’assassinat d’une jeune femme de 23 ans, déclarait que cette dernière était entièrement responsable de son sort. Jyoti Singh, avait été violée puis passée à tabac par six hommes dans un bus de New Delhi, en 2012. Morte quelques jours plus tard à la suite de ses blessures, l’Inde s’était révoltée contre ces viols croissants. New Delhi, qui est surnommée la « capitale indienne du viol », compte une femme violée toutes les 22 minutes. Un chiffre effrayant, surtout dans la mesure où certains dirigeants du pays ne condamnent quasiment pas les violeurs.
Asha Mirge, avait déclaré en 2012 que les victimes de viols étaient responsables de leur sort. Cette responsable politique, membre de la commission des femmes de l’État du Maharashtra (ouest de l’Inde), a expliqué que « dans une certaine mesure, les victimes de viol étaient responsables », notamment « à cause de leurs vêtements et leurs comportements ».
La vague d’indignations qui était sortie de tels propos avait causé des manifestations cherchant à lutter contre le viol des femmes, et surtout la normalisation dont ce crime bénéficiait.
Mukesh Singh, l’un des condamnés à mort pour le viol et la mort de Jyoti Singh, a tenu des propos atterrants sur la place de la femme dans notre société. «Une femme décente ne traîne pas dehors après 21 heures. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Les femmes sont faites pour le ménage et les travaux domestiques, pas pour traîner dehors à faire des mauvaises choses et porter des mauvais vêtements. Environ 20% des femmes sont décentes». Ne présentant aucun remord, Mukesh Singh est le prototype de la déchéance d’une société encore trop sexiste, où la liberté des femmes est restreinte, où ces dernières ne peuvent s’exprimer, s’habiller, vivre comme elles le souhaitent, sans être jugées responsables des drames que l’on pourrait leur causer.
Une pseudo-évolution des moeurs
La journée de la femme, qui a lieu dimanche 8 mars, est l’occasion de remettre ces questions en cause. La liberté de la vie privée est pourtant en légère progression, la Corée du Sud ayant aboli la semaine dernière la loi condamnant l’adultère. L’adultère était passible de deux ans de prison, une peine se basant sur de simples déclarations, et permettant à l’Etat de s’introduire dans la vie privée des citoyens. La lutte prônant la liberté avance à petits pas, défiant un assujettissement grossissant.
Cependant, ces avancées dans la lutte pour la liberté est presque ironique face aux mesures colossales qu’une véritable égalité devrait entreprendre. En Arabie Saoudite, les femmes sont interdites de conduire, de voter. En Equateur, elles sont interdites d’avorter. Aux Maldives, les victimes de viols peuvent être inculpées. En Iran, 36 facultés dont 77 filières sont interdites aux femmes. L’excision, encore très répandue dans plusieurs pays d’Afrique, notamment en Egypte, est loin d’être obsolète.
Dans un monde qui semble se battre pour garder un sexisme lattant, avec une partie de la société qui considère les féministes comme des hystériques qui veulent écraser la domination masculine alors que celles-ci luttent pour une simple égalité, une question se pose. La question du féminisme est au goût du jour, Victor Hugo le prônait lui-même, « Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme. ». L’égalité homme-femme évolue, mais est loin d’avoir atteint son but. La journée de la femme, dérisoire pour certain, comparable à une simple fête pour d’autres, est en fait un message clair, une lutte constante. Tant que la journée de la femme existe, celle-ci tente à rappeler que l’égalité et la liberté des femmes, ne sont pas encore atteints.