Le 22 mai à Paris aura lieu une manifestation dans le but de soutenir les étudiants québécois qui se rassembleront, en synchrone, au Canada pour protester contre la loi dite 78, une loi aux dispositions liberticides.
Tout est parti d’un projet : celui d’augmenter de façon non négligeable les frais de scolarité au Québec sur 5 ans. En trois mois une onde de révolte s’est ensuite propagée au travers des établissements universitaires québécois entrainant les étudiants dans les rues pour revendiquer leur droit à l’éducation. Ils craignent, dans un avenir proche, l’abandon de nombreux jeunes devant les difficultés grandissantes d’accès à l’enseignement supérieur.
Aujourd’hui 14 collèges universitaires sur 48 et 11 des 18 universités sont bloqués. Le ministre de l’Education, à l’approche de la fin de l’année et redoutant une annulation des examens, a conçu une loi. Ce texte avait originellement pour but de « pouvoir étudier sereinement, correctement et pacifiquement dans tous les établissements du Québec » et de « réorganiser le calendrier scolaire ». En liminaire la loi dite « 78 » restreint le droit de manifestation. Son adoption en fin de semaine dernière déclencha immédiatement un vent d’insurrection, les étudiants en pleine nuit se sont rendus dans la rue pour crier leur mécontentement. A la lutte contre les inégalités, ici scolaires, s’est alors superposée une revendication aux accents « droit de l’hommiste ». Restreindre la possibilité de manifester revient en quelque sorte à limiter la liberté dont découle la possibilité de se rassembler. Or, la liberté n’est pas à proprement parler un droit subjectif dans le sens où elle ne peut avoir de titulaire. Chacun d’entre nous est libre en raison de son humanité. La liberté à défaut d’être un droit subjectif fait cependant naître un devoir, celui de ne pas y porter d’atteinte.
Les médias parlent de « révolution », de « printemps érable », les étudiants n’hésitent pas à prendre pour modèle Gandhi, fer de lance de la désobéissance civile. Tocqueville dans son ouvrage De la démocratie en Amérique évoquait les dangers de la démocratie, ils peuvent être palliés mais il n’y a pas de solution institutionnelle qui garantisse définitivement les libertés démocratiques. Il poursuit en soulignant que c’était de là d’où découlait l’importance de la prise de conscience de la population et de son apprentissage de la démocratie. C’est bien ce que les étudiants québécois semblent avoir entendu et veulent désormais faire entendre. Pour rejoindre le mouvement rendez vous le 22 mai à 18h devant la fontaine place Saint Michel à Paris.
Laurença d’Orey