Ce vendredi 15 mai, la marine indonésienne a refoulé un navire rempli d’environ 300 migrants, en mer d’Andaman. Le même jour, les autorités thaïlandaises remorquaient un navire de 400 migrants (possiblement le même) hors de ses eaux territoriales. Et, il y a quelques jours, le lundi 11 mai 2015, cinq bateaux au large du Bangladesh et de la Birmanie avait été secourus, sauvant ainsi la vie à plus de 1400 personnes. Ces récents événements illustrent bien la détresse d’une partie de la population asiatique. En effet, une grande partie des Rohingyas, minorité musulmane birmane persécutée, et une partie de la population du Bangladesh émigrent vers la Malaisie ou l’Indonésie dans l’espoir d’une vie meilleure.
La situation en mer d’Andaman, dans le nord-est de l’océan Indien, est de plus en plus comparable à celle de la mer méditerranée. Les flux de migrants sont de plus en plus en plus importants et les Etats de la région ont de plus en plus de mal à donner une réponse convaincante à ce phénomène. La mer d’Andaman, traversée par des groupes toujours plus nombreux de migrants, est en train de se transformer en une véritable « Méditerranée d’Asie ».
LES ROHINGYAS, UNE SITUATION ALARMANTE
Ces flux croissants d’immigration sont le résultat de la situation alarmante des Rohingyas en Birmanie. En effet, les Rohingyas sont de plus en plus victime d’exactions qui reflètent les préjugés xénophobes de la majorité de la population à l’égard de cette minorité musulmane. Et, plus profondément, la persistance d’une conception raciale de la nation en Birmanie. Depuis 2012, le flux d’immigrants résultant de cette persécution s’est transformé en exode. En effet, la Birmanie est à dominante bouddhiste et la plupart des 1,3 million de Rohingyas musulmans sont privés de la nationalité birmane. Au-delà des violents affrontements entre bouddhistes et la minorité Rohingyas qui ont fait dans l’État d’Arakan, dans l’ouest du pays, des centaines de morts, les discriminations empêchent les Rohingyas de travailler, se marier ou d’étudier. Ils sont également régulièrement expropriés, extorqués et privés de soins.
LES GOUVERNEMENTS EMPLOIENT DE PLUS EN PLUS LA MANIÈRE FORTE
Malgré la situation alarmante des Rohingyas, les dirigeants est-asiatiques semblent être d’accord avec la ministre de l’Intérieur, Theresa May, qui considérait qu’accueillir les migrants « ne peut qu’encourager plus de gens à risquer leur vie ». En effet, les gouvernements de la région continuent de repousser les bateaux hors de leurs eaux territoriales respectives, ignorant les appels internationaux à prendre leurs responsabilité et venir en aide aux migrants.
En outre, les réseaux de trafiquants et de passeurs prospèrent depuis des années et s’étendent même maintenant de l’ouest de la Birmanie, en passant par les zones côtières du Bangladesh voisin, jusqu’aux côtes du sud de la Thaïlande.
En définitive, on peut considérer la malhonnêteté et la cupidité des passeurs ainsi que l’irresponsabilité des gouvernements de la région comme les éléments ayant causé ce véritable désastre humanitaire en mer d’Andaman.