Il ne s’agit pas de juger, de choquer, de sombrer dans le glauque ou dans le voyeurisme. Seulement de rapporter un témoignage intéressant que nous avions recueilli pour une émission des « As du placard » sur la prostitution. La jeune femme qui a bien voulu nous parler, appelons la Lucie. Elle a vingt et un ans. Non, elle ne vient pas d’une sphère sociale empreinte de misère, tout au contraire, sa famille est riche, très riche même mais cela ne signifie pas qu’elle est plus à l’abris que les autres, et que sa vie est plus facile que celle des autres jeunes femmes de son âge.
Contrairement aux idées reçues, la prostitution ce n’est pas seulement, une camionnette à l’entrée du Bois de Boulogne, ou des trafics de jeunes femmes de pays de l’est. Ce n’est pas non plus des nids à MST qui proposent des fellations pour cinquante euros boulevard Barbès. Les caricatures précédemment citées, ne représentent que la couche précaire de cette activité. Nous voudrions vous parler d’une autre forme de prostitution, dont on commence tout juste à lever le voile depuis deux, trois ans. La « prostitution étudiante ». Une activité qui est née, du désir de certains hommes ayant des moyens financiers importants, ainsi que du besoin financier urgent de jeunes femmes en études supérieures. A la différence de la prostitution « bas de gamme » ou l’ « escorting » (qui consiste à payer une professionnelle pour du temps, par exemple une heure à 200 euros. Le client ne paye pas officiellement pour un acte en soit, mais pour de la compagnie, que ce soit en privé ou en société. Activité comparable à celle des hétaïres grecques pendant l’antiquité. Les femmes doivent non seulement être belles mais également cultivées, elles sont en général professionnelles contrairement aux étudiantes.).
En effet, les clients payent comme pour les « escort-girls », pour du « temps », mais c’est encore plus couteux pour eux, car les « prostituées étudiantes », sont ce que l’on appelle dans le milieu des « jeunes femmes occasionnelles ». L’intitulé étant assez clair, le client a l’assurance d’avoir des jeunes femmes intelligentes, pas vulgaires et qui lui offre un rapport assez « naturel » contrairement aux professionnelles qui parfois sont à la limite du vulgaire et du pornographique.
Le problème majeur qui se pose, est celui du consentement, de fait si ce n’est pas un choix de vie (si tant est que l’on puisse parler de choix dans la prostitution comme on l’entend en général), les jeunes étudiantes vendent leur temps et leur corps bien malgré elles, et vivent dans l’insécurité et la solitude. Retranscrivons une phrase de Lucie qui nous avait marqué lors de notre entretien : « Nous sommes seules, toutes seules, en face de l’image humiliante de nous même, que nous renvoient et la société et les clients. Nous ne pouvons espérer ni la compréhension ni l’écoute de nos proches, ou de fait nous sentir en sécurité lorsque nous arrivons chez un client. Personne ne nous protège en cas d’agression. ».
Lorsque Lucie nous a dit ça nous lui avons immédiatement demandé si elle avait déjà osé en parler à quelqu’un, que ça devait être lourd de porter ce secret toute seule. Elle nous a répondu qu’elle en avait parlé à ses parents, car ils avaient trouvé une grosse somme d’argent en cash dans sa chambre. Et qu’un jour elle n’était pas rentrée avant le lendemain matin au domicile familial, en larmes, état de choc et couverte d’hématomes. Le client qui l’avait agressé, elle le considérait comme un ami.
Quant à la prostitution, la réaction de ses parents fut de la mettre à la porte.
Quant à la confession de son agression, les parents de Lucie lui ont dit que la faute était sienne et qu’elle assumait les risques de cette activité honteuse.
Elle nous dit que porter plainte serait vain car personne ne pourrait prouver la véracité des faits vu qu’elle se prostituait. Nous lui faisons remarquer que de manière générale on porte plainte pour des faits que l’on ne peut pas prouver matériellement, et qui souvent sont niés par la partie adverse, mais que cela ne veut pas dire, encore heureux, que l’on a tort ou que l’on ne prend pas la victime au sérieux, au contraire.
Le fin mot de cette anecdote est que les clients qui payent plus cher pour des jeunes femmes plus vertueuses ne sont pas forcément les plus respectueux. Il y a encore énormément de travail de prévention et de législation à faire dans ce domaine, heureusement quelques associations existent pour aider les anciennes prostituées à se remettre de leurs traumatismes, telles que :
– « l’amicale du nid » http://www.amicaledunid.org/
– « Aux captifs, la libération » http://www.captifs.fr/.
(Réécoutez l’émission des As du Placard sur la prostitution sur le site de Radio VL : http://www.radiovl.fr/les-as-du-placard-6-la-prostitution/)