Novembre 2009, le plan « Justice-climat » est présenté : mobiliser les pays industrialisés, pour aider les pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique… Nous voilà presque 10 ans plus tard, et les migrations environnementales sont au coeur des tensions internationales sur le climat. À la fois « catastrophe à éviter » et « solution d’adaptation à encourager », ces migrations sont une réalité trop peu considérée.
1 milliard de migrants climatiques d’ici 2050 ?
Changements climatiques et catastrophes naturelles entraînent des migrations de population : selon l’IDMC (Internally Displacement Monitoring Center), 83.5 millions de réfugiés climatiques ont été recensés entre 2011 et 2014. Cela ne va pas en s’arrangeant : dans un rapport de mars 2018, l’ONU annonce 143 millions de migrants climatiques dans le monde d’ici 2050, soit 1 milliard de personnes sur la même période. « Il y a déjà, aujourd’hui, davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés de guerre », soulignait François Hollande dans une interview au Parisien en septembre 2018. Les populations réfugiées, à cause des conséquences directes du changement climatique, sont contraintes de migrer, fuyant également les conflits qui résultent de ces tensions.
Le réchauffement climatique, facteur de tensions et de misères
Baisse des rendements agricoles, manque de nourriture et d’eau potable, inondations, vagues de chaleur, sécheresses… La guerre au Darfour en est un exemple : certains états politiquement instables sont victimes des tensions qui résultent des changements climatiques. Cela s’accompagne d’une explosion de la pauvreté et des maladies : Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, parle de « dizaines de millions d’êtres humains » qui pourraient basculer dans l’extrême pauvreté si les objectifs de réduction des gaz à effets de serre ne sont pas tenus. Sans grande surprise, le continent africain est le plus en danger : les prix alimentaires pourraient augmenter de 12% en 2030, 70% en 2080. L’ONU estime que pour cette même année 2080, près de 600 millions de personnes pourraient souffrir de malnutrition. Plus 2 à 3°C, c’est aussi l’augmentation de 5% du nombre d’habitants exposés au paludisme, ou la hausse de 10% des maladies diarrhéiques dans les 15 prochaines années.
2017 : année record pour les migrations climatiques https://t.co/WN3iH1SOAa pic.twitter.com/lcmCzlY8fQ
— France Culture (@franceculture) 28 septembre 2017
À qui la faute ?
« Nous créons une persécution politique à l’encontre des plus vulnérables » écrit François Gemenne, spécialiste des migrations liées aux changements de l’environnement. Il parle de « réfugiés climatiques » plutôt que de « migrants climatiques ». Pour le chercheur, les Occidentaux infligent aux plus vulnérables une persécution consciente, parce que « nous savons pertinemment les effets que [le réchauffement] provoque » dit-il au site reporterre.net.
En l’absence de traité mondial encadrant ces migrations, une nouvelle piste est à l’étude : la « réinstallation planifiée ». En identifiant les zones les plus menacées et en encourageant leurs habitants à partir, elle pourrait réduire les flux migratoires de 80% (d’après la Banque mondiale). Se pose la question de la nécessaire protection de ces personnes forcées de migrer : quel statut pour un migrant environnemental ?