La Cour des comptes a présenté ce matin son rapport 2013 sur la sécurité sociale. Elle pointe du doigt un déficit anormalement élevé par rapport aux voisins européens. Seul l’Espagne et la Grèce font pire que la France dans la zone euro.
L’optique dans le viseur
Du côté de l’optique, la Cour des Comptes dénonce « une situation pas acceptable et un marché opaque ». En France, on dépense deux fois plus pour ses lunettes que dans les pays voisins. Le nombre de point de vente a augmenté de 43% depuis 2000, le nombre d’opticien a doublé et les prix n’ont pourtant pas baissé. La Cour appelle à un rééquilibrage du fonctionnement du marché, avec un éventuel retrait de l’assurance maladie obligatoire, geste symbolique puisque ce sont les complémentaires qui prennent majoritairement en charge le remboursement à hauteur de 3,7 milliards d’euros.
La gestion des hôpitaux remise en cause
La dépense hospitalière représente 44% de la dépense de l’assurance maladie, soit 75 milliards d’euros. Pourtant, les économies sont possibles. La France a un retard considérable sur la chirurgie ambulatoire, c’est à dire la réalisation d’une opération dans des conditions qui permettent au patient de rentrer chez lui le soir même. Seulement quatre opérations sur dix sont pratiquées dans ces conditions, contre huit sur dix dans des pays comparables au notre. Le nombre de lits de chirurgie conventionnelle n’a pratiquement plus diminué depuis 10 ans, mais seulement 67% d’entre eux sont utilisés. Si on fermait ces lits en trop, l’économie serait de 5 milliards d’euros, soit 7% de la dépense hospitalière financée par l’assurance maladie. L’hospitalisation à domicile est aussi moins couteuse, mais est très peu utilisée.
Les mutuelles étudiantes épinglées
La Cour des comptes fustige également le système de sécurité sociale étudiante. Jugé « peu encadré », ce système est propre à la France. Chaque année, pour se faire rembourser leurs soins, environ 1,7 million d’étudiants doivent s’affilier à une mutuelle étudiante. La Cour a constaté de la part des mutuelles de fonctionnaires une qualité de service « toujours inégale, mais souvent insuffisante ». En effet en 2012, celle de la ville de Paris n’était disponible que quatre heures par jours et ne répondait qu’une fois sur trois. Concernant les onze mutuelles étudiantes, la Cour tire le même constat : envoi des cartes Vitale, remboursement des actes ou relation avec les étudiants laissent à désirer, et en particulier à La mutuelle des étudiants (LMDE). Illustration de cette inefficacité, un étudiant avait en 2012 une chance sur 14 de pouvoir contacter la LMDE par téléphone. Cette dernière avait été au centre d’une enquête de satisfaction menée par la Cour des comptes auprès de 1.700 personnes affiliées à elle et le résultat était sans appel. « La LMDE est la mutuelle qui suscite le plus de réclamation de la part des assurés ». Sa note moyenne – 2,33 sur 5 – était la plus mauvaise de toutes les mutuelles étudiantes. La Cour des comptes a ainsi recommandé de laisser les caisses d’assurance maladie reprendre la gestion de celle des étudiants. Une solution qui permettrait « une amélioration de la qualité de service ainsi qu’une économie de près de 70 M€ ». Par ailleurs, elle préconise de laisser le choix aux étudiants entre l’affiliation à la sécurité sociale étudiante ou le rattachement au régime de leurs parents.
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