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L’art contemporain: un crime de lèse majesté ?

A Versailles, la statut monumentale « Dirty Corner » créée par l’artiste anglo-indien, Anish Kapoor, a été vandalisée mercredi matin par des jets de peinture jaune. Cette oeuvre rebaptisée « Le Vagin de la Reine » par les médias n’est apparemment pas du gout de tous les visiteurs des Jardins de le Nôtre, à moins que cette projection de peinture jaune n’ait été une tentative de métaphoriser le rayonnement du Roi Soleil (mais on en doute)!  Ce dont nous soyons sûr, c’est que cet acte de vandalisme a le mérite de s’interroger sur le statut que l’art contemporain occupe actuellement dans notre société et la manière dont les uns et les autres le perçoivent et le conçoivent.

Oeuvre d’art ou néant complet ?

« L’artiste donne t-il quelque chose à comprendre? ». C’était une des questions posées à l’épreuve de philosophie du baccalauréat, qui avait lieu également mercredi matin. Drôle de coïncidence quand on sait à quel point l’acte de vandalisme qu’a subi l’oeuvre d’Anish Kapoor est révélateur d’une incompréhension entre art contemporain et conservatisme culturel. En effet, dès le début de l’exposition de l’artiste au Château de Versailles, les œuvres ont fait parler d’elles et ont vu s’affronter face à elles deux clans bien distincts, débattant sur la question complexe des limites de l’art.

D’un côté, on est scandalisé par le manque de sens que donnent à voir, à première vue, les œuvres,

de l’autre, on félicite la liberté de penser offerte par ces créations originales.

Cette confrontation idéologique sur la légitimité de l’art contemporain, c’est surement ce qu’a voulu mettre en avant l’artiste par son « Dirty Corner », matérialisant en quelque sorte ce débat sans fin sur ce « désordre » artistique. En fait, la forme hermétique est surtout là pour symboliser ce « malaise », selon l’artiste. La forme de l’oeuvre ne prétend pas se mettre au même niveau que les œuvres classiques que l’on peut admirer à Versailles. Les visiteurs ne peuvent aller contempler l’oeuvre de Kapoor dans la même optique que lorsqu’ils admirent les Jardins de le Nôtre. Mais c’est justement cette différence de degré que l’artiste cherche à démontrer dans cette représentation féminine – « une reine égyptienne ou une sphynge », selon l’artiste.

Hermétisme ou ouverture d’esprit ?

Dans un entretient accordé au Figaro, le principal concerné s’est d’ailleurs exprimé sur la soit-disant représentation de La Reine ; il déclare n’avoir jamais clairement prononcé « La Reine » mais plutôt parler de son oeuvre en la nommant par les pronoms « Her » ou « She ». En se limitant à ces pronoms-là, il permet justement à notre interprétation d’être plus libre et de permettre à chacun des visiteurs d’avoir une vision personnelle de ce qu’il est en train d’observer, et non une vision pouvant être biaisée par les dogmes de l’art au sens classique du terme.

Bien que certains détracteurs de l’artiste ne peuvent concevoir la légitimité de cette oeuvre, placée sur le Tapis Vert de le Nôtre, de part et d’autre du Grand Canal et du Château de Versailles, l’artiste revendique que c’est ce déséquilibre là qu’il cherchait à symboliser dans cette forme abstraite, mais aussi dans le choix de son emplacement, qu’on peut qualifier de culotter!

Anish Kapoor, bien qu’étant attristé par la vague de protestation et l’acte de vandalisme qu’a provoqué son « Dirty Corner », n’a donc surement pas été choqué par ce genre de réactions, source d’inspiration et motivation même de son oeuvre.

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