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Jacques Chirac : « Laurence, c’est le drame de ma vie »

L'ex-président français Jacques Chirac (d) avec sa fille Laurence, le 26 avril 1981 à bord d'un avion à destination de Sarran en Corrèze

La fille aînée de l’ancien président de la république française Jacques Chirac est décédée ce jeudi des suites d’un malaise cardiaque à l’hôpital Necker. L’histoire de cette femme au mental fragile aura été un grand drame et une grande source de regrets pour son père et sa famille.

Pour Laurence Chirac, née le 4 mars 1958, le début de la descente aux enfers commence au début des années 1970, lors d’un voyage en Corse. Prise de violents maux de tête, elle est diagnostiquée d’une méningite par les médecins. Bernadette, sa mère, restera convaincue toute sa vie que cette méningite mal soignée aura été l’élément déclencheur de son anorexie mentale (maladie mentale se caractérisant par le refus de s’alimenter).

En effet, depuis l’âge de 15 ans et ce séjour sur l’île de beauté, Laurence Chirac s’enfonce inexorablement dans cette spirale infernale. Cette maladie lui vaudra de nombreux internements dans les plus grands centres spécialisés de France et d’Europe. Mais toujours très loin de sa famille et de son père.

Un père ambitieux et absent

Si la mère ne cesse de mettre en cause la méningite du séjour corse dans la maladie de sa fille, les spécialistes ne sont pas de cet avis. Selon eux, l’anorexie ne serait que la somatisation de l’absence récurrente de son père, ambitieux politicien et déjà trois fois ministre sous la présidence de Georges Pompidou de 1971 à 1974.

Jacques Chirac et sa fille Laurence, dans leur appartement de l'Hôtel de ville de Paris, le 22 mars 1981

Jacques Chirac et sa fille Laurence, dans leur appartement de l’Hôtel de ville de Paris, le 22 mars 1981. Source : lepoint.fr

Pour la protéger, la famille Chirac décide de former un clan autour d’elle et de la tenir à l’écart de la vie publique de son père. Pendant son mandat de premier ministre (1974-1976), il s’impose tous les jours de déjeuner avec sa fille, quitte à manger deux fois s’il lui faut honorer un rendez-vous politique.

En parallèle, sa fille entretien une correspondance avec Solenn Poivre d’Arvor, la fille du célèbre présentateur de JT, elle aussi atteinte d’anorexie. En 1986, alors que Jacques fait son retour à l’hôtel Matignon, une rumeur enfle : sa fille serait morte. « Je ne vais quand même pas faire un communiqué pour dire qu’elle est vivante ! » s’agace-t-il.

Une blessure intime

En 1990, alors qu’il est en vacances en Thaïlande, Jacques Chirac apprend de source sûre que sa fille a tenté de se suicider. Ce sera hélas la première tentative d’une longue série.  « Il n’y a aucune raison de le nier, cela a été le drame de ma vie. J’ai une fille qui a été intelligente, jolie, et qui, à 15 ans, a été prise d’anorexie mentale », avait raconté l’ancien président de la République dans un livre-entretien avec Pierre Péan publié en 2007.

« On a essayé, avec des gens gentils, de l’occuper à un semblant de travail, même non rémunéré… mais il n’y a rien à faire. » En 2009, dans le premier tome de ses « Mémoires », Jacques Chirac avait expliqué que la maladie de Laurence avait compté dans sa décision de « proposer à (sa) fille cadette, Claude, d’intégrer (son) équipe de communication ».

Une maladie qui a aussi contribué sans doute à forger la personnalité de Claude Chirac, celle d’un « vaillant soldat », voué à « mener le combat aux côtés de son père et à le protéger », selon Béatrice Gurrey.

Bernadette évoque le sujet en 2003

A la fin des années 1990, Bernadette commence à lever des fonds pour ouvrir dans toute la France des établissements spécialisés dans cette maladie. En décembre 2004, elle inaugure la maison des adolescents de l’hôpital Cochin, la Maison de Solenn, en souvenir de Solenn Poivre d’Arvor (évoquée plus haut).

Source : frcneurodon.org

Source : frcneurodon.org

Un an plus tôt, elle avait déjà évoqué dans le magazine « Ombre et Lumière », sur France 3, la « souffrance » de sa fille aînée et « la très grande solitude des familles » face à la maladie. En 2007, elle avait confié sur le plateau de Vivement dimanche : « Je culpabilise beaucoup, j’ai toujours l’impression que je ne donne pas assez de temps. Et puis ça dure ».

La dernière (et une des rares) apparition publique de Laurence a lieu en 2012 alors qu’elle participe à un long reportage photo de Paris Match pour les 80 ans de son père.

*Image en une : lexpress.fr

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