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Laurent Gbagbo devant la CPI

Le procès pour crimes contre l’humanité de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo s’est ouvert jeudi 28 janvier devant la Cour pénale internationale (CPI). L’ancien président a décidé de plaider non coupable des crimes qui lui sont reprochés, après la lecture des charges par un représentant du greffe : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions. Son allié Charles Blé Goudé, 44 ans, a lui aussi plaidé non coupable.

 » Campagne de violence «  en 2011

Laurent Gbagbo est le premier ex-chef d’Etat poursuivi par la CPI. Lui et son co-accusé Charles Blé Goudé, ancien chef de milice et ministre de la Jeunesse, sont poursuivis pour leur rôle dans la crise déclenchée après le refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur par les Etats-Unis et l’Union européenne, à l’issue de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.

Le corps d'un homme tué lors d'affrontements entre les forces de sécurité contrôlées par Laurent Gbagbo et des partisans d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire, le 15 mars 2011. © 2011 Reuters

Le corps d’un homme tué lors d’affrontements entre les forces de sécurité contrôlées par Laurent Gbagbo et des partisans d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, le 15 mars 2011.
© 2011 Reuters

En mars 2011, Human Rights Watch avait déclaré que «  la campagne de violence organisée menée depuis trois mois par les forces de sécurité sous le contrôle de Laurent Gbagbo et les milices qui le soutiennent s’apparente de toute évidence à des crimes contre l’humanité « . Entre le 27 novembre 2010 et le 12 avril 2011, les forces armées ivoiriennes, aidées par des milices, auraient délibérément attaqué les partisans d’Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, selon l’ONU, transformant certaines zones du pays en champ de bataille. Laurent Gbagbo avait finalement été arrêté en avril 2011 dans le palais présidentiel après les bombardements de la force française Licorne.

Une justice des vainqueurs ?

Simone Gbagbo, quant à elle, n’a pas été livrée par le pouvoir ivoirien, qui a annoncé en 2015 qu’aucun autre suspect ne le serait désormais.  Les autorités de la Côte d’Ivoire veulent maintenant conduire devant leurs propres tribunaux les procès sur les violences commises en 2010-2011. Cela pourra notamment leur éviter de livrer à la CPI les personnes ayant commis des violences dans le camp de Ouattara. Actuellement, aucun mandat d’arrêt n’a été lancé contre les partisans du président en fonction, ce que dénonce l’avocate Habiba Touré dans un communiqué. En 2011, Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch, avait pourtant déclaré que « la communauté internationale devrait également envoyer un message clair au camp Ouattara que les meurtres commis en guise de représailles feront d’eux les prochains sur la liste des sanctions. »

Crédits photo à la Une : Michael Kooren / AFP.
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