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Le climat s’échauffe entre Taxis et VTC

La guerre éclate de plus belle entre les deux compagnies de transport. Taxi vs. Uber. La grève des taxis a repris pour dénoncer la « concurrence déloyale » de la compagnie américaine UberPOP et ils utilisent les moyens forts. Des actes de violence ont été perpétrés entre les deux concurrents. Un conducteur de taxi renversé, un client Uber tabassé. La température grimpe. Réactions et témoignages.

Des voitures de taxis bloquent le carrefour à Denfert Rochereau à l’aide de deux policiers et une banderole. Au bras, des brassards jaune fluorescent « Taxis en grève ». Ils sont mécontents et ils le montrent. L’un deux explique la situation précaire dans laquelle ils se trouvent depuis l’arrivée des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) qui selon eux, est une « concurrence déloyale ». Ils vont même jusqu’à affirmer que les chauffeurs Uber sont des « clandestins ». Ils regrettent que les règles en place ne soient pas appliquées par tout le monde et qu’Uber ne paye pratiquement aucune taxe. « C’est la faute du statut. Avec le statut auto-entrepreneur, ils payent que 23% à l’Urssaf alors que nous c’est 57%. »

Un autre chauffeur nous avoue qu’il serait temps d’envisager, de la part de Bercy et du ministère de l’Intérieur, des prix modulables pour les jeunes. Car oui, ce sont principalement eux les utilisateurs du service Uber. Les coûts sont généralement plus bas et c’est aussi la recette de leur succès.

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Dans la rue, les passants regardent la scène, interloqués. Des gens viennent apporter leur soutien, surtout les personnes plus âgées: « Marre que Uber ne paye pas ses impôts en France, nous soutenons totalement les taxis. ». Un jeune homme vient discuter avec les taxis. En apprenant qu’il est utilisateur Uber, les chauffeurs se braquent, et le ton monte. Une bagarre est sur le point d’éclater lorsque les autres chauffeurs interviennent, afin d’éviter toute mauvaise publicité.

En interrogeant les patients, on remarque qu’un certain consensus entoure la question de cette manifestation: « Il n’est pas normal qu’Uber ne paye pas de taxes, le combat des taxis est juste. Cependant, leurs excès de violence sont inacceptables« . D’autres confient préférer Uber: « Les chauffeurs s’étonnent, mais ils sont malhonnêtes et désagréables. Avec UberPop, on peut payer par carte, on a de l’eau et des bonbons. En tant que consommateurs, on se dirige naturellement vers ces services, surtout avec ces prix attractifs« . Deux professionnels du tourisme nous confient qu’il y a un réel manque de taxi dans la capitale, par rapport au reste du monde. La guerre des chiffres arrive alors: un chauffeur nous affirme qu’il y a 19 000 taxis dans Paris, tandis que selon un autre conducteur, il y en aurait 5 000 contre 12 000 Uber.

Contestataire du monopole des taxis

D’autres se manifestent sur les réseaux sociaux et dénoncent une certaine hypocrisie autour de la source du problème. « Les taxis ont eu 15 ans pour voir arriver ce bouleversement des services, qui inexorablement allait ouvrir la porte à toute forme de concurrence. Chose qu’ils s’étaient bien gardé de laisser développer, car la concurrence c’était la mort programmé de leur système mafieux de cession de licences. (…) Pour maintenir leur monopole, les taxis ont fait la guerre à Blablacar et même crâmé des vélibs dans les premières villes à les avoir installés. Hélas, le numérique, c’est plus fort que toi. Même si Uber finit par devoir retirer son Pop, ils sortiront UberCool, Uber Schmurtz ou même UberFelix ; plus adaptés aux législations. Le marché existe, il sera pris. Les premiers VTC lancés en France étaient plus chers que les taxis, ce fut cependant un succès. », lance Vincent Guillot, fidèle contestataire sur Facebook.

« Ce qui est encore plus ironique dans cette histoire, c’est que l’idée de créer Uber est venu car son fondateur s’est retrouvé en galère de taxi à… Paris ! » se moque un autre utilisateur.

Utilisatrice Uber

Margaux, utilisatrice d’Uber et étudiante contraste : « Je comprends l’agacement des taxis mais je comprends aussi Uber. En tant qu’entreprise ils ont tout compris, ils ont su trouver le bon créneau et s’implanter légalement. C’est juste de la concurrence. Tout cette violence autour de cette affaire n’est pas justifiable. Après, sur le principe je comprends que ce soit rageant pour les taxis. Ce n’est pas juste pour eux qu’Uber ou les compagnies de VTC ne payent pratiquement pas de taxes en France. Mais ce n’est pas à eux à qui il faut s’en prendre : c’est à la loi française de réguler tout cela. »

« Uber ont tout compris, ils ont su ajuster leurs tarifs et il faut dire que le service est bien plus agréable : le coût reste plus abordable, il y a de nombreux avantages comme les services proposés à bord la bouteille d’eau les chargeurs et même les bonbons (rires). Et puis l’application est bien plus pratique. On peut payer plus facilement et savoir le prix à l’avance. Ils sont plus accueillants et plus sympas aussi. » ajoute-elle souriante.

Quand on mentionne les violences engendrées récemment elle conteste : « Je trouve cela choquant toutes ces violences. Surtout quand on sait ce qui se passe dans le monde, c’est assez ahurissant. La solution pour moi serait que la situation soit égale des deux côtés. Que les Uber et Taxis continuent à exister mais avec les mêmes tarifs, les mêmes règles. Il faut mettre une loi en place et la respecter. » Les violences vont toujours plus loin, des voitures brûlées, renversées, des coups donnés. Le gouvernement doit tirer la sonnette d’alarme : il faut réguler, trouver des compromis et vite.

Un reportage signé Louise Olivier et Solène Boissaye

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