Le comité Nobel norvégien a décerné la prestigieuse récompense ce vendredi, à Oslo, à quatre syndicats tunisiens. Ils avaient permis la mise en place d’élections législatives et la sauvegarde des acquis de la Révolution du jasmin.
Il y a bientôt cinq ans, le vendeur de fruits Mohamed Bouazizi s’aspergeait d’essence et s’immolait pour protester contre le régime de Ben Ali. L’année dernière, des élections législatives parfaitement démocratiques entérinaient la période de transition qui a suivi la chute de Ben Ali.
Au milieu de ce contexte trouble, le syndicat UGTT, l’organisation patronale Utica, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Ordre des avocats ont été les défenseurs de la démocratie. Ils ont joué un rôle essentiel dans le rétablissement du dialogue et de la paix nationale. Le processus de démocratisation était alors menacé par les nombreux assassinats et les troubles sociaux. En évinçant le Premier ministre issu du parti islamiste Ennahda, ils ont permis de trouver une issue à la crise institutionnelle qui menaçait le pays.
Une récompense inattendue
Contre toute attente, ce sont finalement eux qui ont succédé à Malala Yousafzai et Kailash Satyarthi. Ils ont offert à la Tunisie son premier prix Nobel de la Paix. Ils ont déjoué les pronostics qui donnaient gagnants la chancelière allemande Angela Merkel pour sa gestion de la crise des réfugiés ou le Pape François pour son rôle dans le réchauffement des relations entre les États-Unis et Cuba.
Le comité Nobel norvégien a estimé que ces acteurs étaient « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon la définition donnée par le créateur des prix, Alfred Nobel. Le secrétaire général du syndicat UGTT, Houcine Abassi, a déclaré que ce Prix est un « hommage aux martyrs de la Tunisie démocratique ». Plus qu’encourageant, ce prix délivre un véritable message d’espoir pour tout le monde arabe.
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