A un mois des élections départementales, le sondage réalisé par l’Ifop pour Le Figaro montre qu’un bouleversement du paysage politique est en marche. Le FN et le SIEL qui présentent des candidatures communes sont en tête des sondages avec 30% d’intentions de vote.
Ce sondage confirme une tendance constatée depuis cinq ans. Scrutin après scrutin, le FN s’impose progressivement et serait devant l’alliance UMP-UDI de deux petits points (avec 30% contre 28%) et met le parti socialiste à 10 points (20%). Si le parti d’extrême droite comme premier parti de France (en terme d’intentions de vote) est la première information qui ressort de ce sondage, la seconde est l’absence de toute autre parti au-dessus de la barre des 10%. Europe-Ecologie Les Verts recueillerait 7% devant le Front de gauche (6%) et l’extrême gauche (2%). Cependant, ce sondage est à relativiser puisqu’il ne prend pas en compte les particularismes locaux.
Pour Jérôme Fouquet, « à droite comme à gauche, certains avaient imaginé que le score du FN aux européennes s’expliquait par le caractère défouloire de l’élection, un scrutin lors duquel le vote protestataire s’exprime le plus fortement« . Toutefois, le directeur du département Opinion de l’Ifop estime que le parti de Marine Le Pen est, dorénavant, capable de s’imposer dans n’importe quelle élection locale ou nationale.
Outre l’absence de prise en compte des particularismes locaux, ce sondage est à nuancer une nouvelle fois en raison d’un abstention qui devrait atteindre un niveau très élevé avec près de 57% d’abstention. Mais, il semble compliqué de remettre en cause le score important de l’extrême droite française puisque les électeurs du Front National semblent être les plus motivés à voter avec 53% des sympathisants qui iront voter, contre 44% pour le PS et 45% pour l’UMP.
Le PS en nette et l’UMP n’en profite pas.
D’après Jérôme Fouquet, la progression devrait être importante en comparaison aux élections cantonales de 2011 auxquelles le FN avait obtenu 15% des suffrages en présentant des candidats dans les trois quarts des cantons. Cette année, le FN sera présent dans 93% des cantons.
Pour François Hollande, Manuel Valls, son gouvernement et l’ensemble du parti socialiste, si les intentions de vote se vérifiaient en mars prochain, ce serait un véritable désaveu. Ce serait un résultat ravageur. Le regain de mobilisation dans le Doubs le mois dernier ne peut masquer un vote en faveur des socialistes en baisse, 5% de moins qu’en 2011 et une baisse de 16% (33% contre 49%) du cumul de suffrages portés aux candidats de gauche au premier tour.
A droite, l’UMP et l’UDI ne peuvent s’en réjouir réellement puisqu’avec 28%, la droite et le centre ne profiteraient pas du rejet des français de la politique socialiste. Pire, le cumul de voix pour les candidats de droite et du centre serait inférieur à celui de 2011 (32%) qui était déjà le plus mauvais résultats aux cantonales depuis l’avènement de la Vème République.
Un FN en tête allié au SIEL.
Le SIEL (Souveraineté, Indépendance et Libertés), un parti proche du FN et allié du Rassemblement bleu marine (RBM) a annoncé, via un communiqué, que 45 candidats se présenteront aux départementales de mars prochain. Si ce parti de 850 adhérents n’apportera pas grand chose au parti de Marine Le Pen, ces candidatures offrent à ce petit parti une nouvelle visibilité, et la possibilité d’être représenté dans les instances départementales.
Karim Ouchikh, le président du parti SIEL et Arnaud Menu , le délégué national aux élections affirment qu' »après de longs mois de négociations, le SIEL est parvenu à un accord satisfaisant avec le Front National pour investir ceux des candidats de notre formation qui entendent affronter les élections départementales de mars prochain sous les couleurs du RBM« .
Cependant, ces négociations ont été âpres, comme le confirme Karim Ouchikh, « il nous aura fallu batailler fermement pour obtenir satisfaction dans la plupart des demandes que nous avons présentées« . Il se réjouit qu' »une infime partie des dossiers qui ont été examinés lors des différentes commissions mixtes d’investiture SIEL/FN n’ont pu aboutir« . L’objectif du SIEL est donc rempli en ce qui consiste les candidatures avec 45 candidats retenus par le FN sur 54 (soit 83%). Ces candidats seront présents dans 24 départements les 22 et 29 mars dont sept dans le Val d’Oise, fief de Karim Ouchikh.