Le jeudi 16 juillet, Jean Lacouture nous quitté. Ancien grand reporter au Monde, il s’est aussi fait connaître pour ses biographies sur des grands hommes tels que Charles de Gaulle, François Mitterrand ou Hô Chi Minh. Il laisse derrière lui 71 ouvrages, dont une quinzaine écrits avec des cosignataires.
Une entrée tardive dans la résistance
Né en 1921 à Bordeaux dans une famille plutôt aisée, Jean Lacouture prend goût, dès son plus jeune âge, pour les grands personnages. Il regarde cependant la politique d’un œil lointain, ne vouant pas une grande admiration au général de Gaulle bien qu’il en soit l’un de ses sympathisants. À son grand regret, il ne s’engagea que tardivement dans la résistance : en avril 1944, lorsqu’il rejoint un maquis. « C’est une chose que je ne pardonnerai jamais. La suite m’a sorti de la honte, mais ne me rachetait pas. Je le sentais quand je me retournais en arrière, je retrouvais comme un mauvais goût dans la bouche. » avait-t-il confessé dans sa biographie sur de Gaulle. Il avait raté l’occasion de devenir un héros, l’histoire s’était faite sans lui et les remords le hantaient.
Triste d’apprendre la mort de Jean Lacouture : c’est en pensant à lui que j’ai choisi de devenir journaliste il y a … longtemps.
— pierrehaski (@pierrehaski) 17 Juillet 2015
Grand reporter au Combat et au Monde
La décolonisation fut pour lui le moment de se rattraper. Dès l’après-guerre, il porta la cause des colonisés. Cet engagement était précoce tant le système de colonisation était intériorisé chez les Français. Il parcourut l’Indochine en jouant les attachés de presse du général Leclerc, puis il s’en alla vers l’Egypte et le Maroc où il fit la rencontre celle qui deviendra sa femme, Simmone Miollan. Mais ce à quoi il aspirait, il ne l’obtenu qu’en 1957, lorsqu’il parvint à être reporter au Monde. Auparavant, il collaborait au quotidien Combat où il y passa deux ans. En 1961, il lance, au Seuil, sa collection « L’Histoire immédiate ». Sa biographie sur François Mauriac reste certainement sa plus belle œuvre, tant il voulait se détacher de ses origines de catholique fidèle, issu de bonne famille.
Grand écrivain à la vie aussi riche que ses biographies, Jean Lacouture restera pour la gauche et la France une très grande conscience. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 17 Juillet 2015
Un homme engagé et de grande notoriété
Homme de gauche, il livre des articles très engagés au quotidien Le Monde. Il salue notamment en 1975 l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges cambodgiens et ne reconnaît que tardivement ses torts, en 1976, en publiant Survive le peuple cambodgien !. Jean Lacouture a aussi des expériences de professeur à Sciences Po de 1966 à 1972 et à la « fac de Vincennes » (future Paris VIII) de 1969 à 1971. Il était par ailleurs commandeurs de la légion d’honneur et a obtenu le Prix des ambassadeurs en 1986 pour l’un de ses ouvrages consacrés à de Gaulle et le Grand prix d’histoire de l’Académie française en 2003.
Clarisse Duppré