Un lycée français de Koweït City a vu ses manuels censuré par le gouvernement du Koweït: toutes images de nudité ou d’acte sexuelle, même au service de l’art ou de la sciences ont été recouverte.
La liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix étudié par des générations d’élèves ? Des corps dessinés illustrant la puberté ? Des cerfs copulant en pleine forêt ? Trop choquant pour le Koweït, qui a préféré censurer les manuels par des marqueurs ou autocollants des manuels du lycée français du Koweït.
Selon un reportage de France 2, les seins de la célèbre allégorie de la République d’Eugène Delacroix ont été remplacés par un gros rectangle rouge. La vérité amène la République et l’Abondance, de Nicolas de Courteille, présentant une femme nue, un drap recouvrant son sexe, a subi le même sort, ainsi que toute image représentant nudité ou acte sexuelle. L’art n’a pas sa place au Koweït.
La science n’a pas sa place
Les livres du primaire au secondaire ont été analysés. Les manuels de Sciences et Vie de la Terre, véritable lieu de débauche qui ose apprendre aux élèves comment marche le corps humain et comment ils sont nés, se sont vu recouverts de marqueur noir.
Les chapitres intitulés « Les transformations liées à la puberté » et « le fonctionnement des organes reproducteurs chez la femme » ont attiré les foudres du gouvernement. Paires de seins et vulves passent à la trappe. Tous les attributs sexuels en somme. Tous ? Non, des organes masculins ont eux été laissé intacts. Les garçons méritent-t-il de mieux connaitre leurs corps ? Les femmes n’ont pas de désirs sexuels et ne risque donc pas d’être perverties par ces dessins ? Mystère.
Le chapitre « Fécondation externe et fécondation interne », qui a osé parler de reproduction animale à d’innocents élèves de quatrième a lui aussi été revu. C’est vrai quoi, deux cerfs en train de copuler en pleine nature pourraient leur donner des idées.
Un lycée soumis au droit du Koweït
Ce lycée privé de Koweït City accueille environ 1 300 élèves, dont 13% de français côtoyant fils d’immigrés et locaux. Faisant partie du réseau d’établissement scolaire français sous la tutelle de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, les programmes sont français mais le règlement intérieur précise appliquer le « droit koweïtien ».
Interrogé par France 2, le ministère de l’Education Nationale explique : « Tous les établissements français à l’étranger sont soumis à la loi du pays dans lequel ils sont établis, contrairement aux ambassades ou aux consulats. », et admet « il faut composer avec la réalité sociale et politique propre à chaque pays ».
Contacté par les équipes de l’œil du 20h de France 2, l’établissement n’a pas souhaité réagir.
Le reportage dans son intégralité disponible ici:
Le Koweït a encore beaucoup de progrès à faire sur l’émancipation des femmes, qui n’ont obtenu le droit de vote qu’en 2005 et qui n’ont eu le droit au passeport sans l’autorisation de leur mari ou père qu’en 2009. Elles ne peuvent toujours pas divorcer, sauf comportement préjudiciable de leurs maris. Mais deux cerfs se reproduisant aux yeux d’élèves de quatrième est tellement plus urgent.