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Le Pape accusé de crime contre l’humanité

Lundi 12 septembre, Rome est abasourdi. Deux organisations américaines de défense de victimes de prêtres pédophiles, le SNAP et le CCR, ont déposés, à la surprise générale, une plainte contre Benoit XVI et trois cardinaux à la Cour Pénale Internationale. Et l’accusation est tout sauf anodine : selon eux, en effet, les prélats se sont rendu coupables de « crime contre l’humanité ». Coupables « d’avoir toléré et rendu possible le camouflage systématique et largement répandu de viols et crimes sexuels contre des enfants dans le monde entier. »

Si le Pape et son Église ont semblé prendre cette affaire à la légère, les associations, elles, sont très sérieuses. Pour preuve, elles ont étayé leur argumentation de plus de 10 000 pages de documentations sur ces différentes affaires de pédophilie. Depuis des années, et sans doute beaucoup plus, l’Église a protégé les prêtres pédophiles, les empêchant d’être condamnés ou les obligeant simplement à une mutation en guise de sanction… sans qu’aucun signe de remord ne semble venir des autorités du Vatican. Ce n’est qu’il y a peu qu’effrayé par la montée du scandale, Benoit XVI s’est repenti publiquement, affirmant qu’il appliquerait dés à présent la « tolérance zéro ». Cela n’a pas suffit aux organisations de victimes qui refusent de laisser passer une fois de plus l’Église au dessus des lois. Après tout, elle n’est plus toute puissante et se doit désormais d’appliquer les règles auquel est soumis le commun des mortels.

Pourtant, un « crime contre l’humanité »… ? Le mot fait peur. Il n’est pas sans connotation. Si l’on observe attentivement la loi, on constate en outre que ce qui est reproché à l’Église ne correspond pas tout à fait à sa définition. Un crime contre l’humanité doit en effet être inspiré de « motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux » et être « organisé en exécution d’un plan concerté ». Il faudrait que soit reconnue une « attaque générale et systématique ». Or, ces viols pédophiles, horrifiques, certes, sont loin d’être concertés et organisés ainsi que le furent les génocides Juifs ou Rwandais. Ce sont des actes isolés et sans doute non prémédités.

Il semble également injuste à beaucoup que l’on accuse Benoit XVI, qui n’est Pape que depuis peu. Dans ce cas, peut-être faudrait-il aussi lui reprocher l’Inquisition (pour le coup un véritable génocide) ! Et puis, irait-on accuser le Ministre de L’Éducation, certes responsable légal de son institution, de la pédophilie de certain de ses professeurs ?

Alors ? Ces associations, qui ont pris le temps tout de même de rédiger plus de 10 000 pages de documentation, n’auraient pas réfléchies à de tels détails pratiques ? N’auraient-elles pas remarquées que l’accusation de crime contre l’Humanité était étrangement disproportionnée ? Que des personnes individuelles ne sauraient être tenues responsables des crimes de leurs subordonnés ?

On peut avancer une hypothèse très simple. Bien sûr que la SNAP et la CCR ont réfléchis à tous ces détails. Mais cette accusation était la seule façon d’atteindre véritablement l’Église. Cette dernière ne pouvant être inquiétée, n’étant pas une personne, on l’atteint en portant plainte contre ses plus hauts délégués. En « tapant sur le symbole ». Tout le monde sait que la procédure n’ira pas jusqu’au bout, les accusateurs les premiers. Ils ont déjà obtenu ce qu’ils voulaient : que l’on en parle. Que l’on cesse de se voiler la face concernant la responsabilité de l’Église. Que, pour une fois, on fasse entorse aux textes sacrés en ne leur accordant jamais, jamais, jamais le Pardon…

Leila

 

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