Bien que le Portugal semble tourner la page de crise gouvernementale après l’accord de coalition, le pays reste plongé dans une profonde tourmente économique. L’UE annonce une aide financière pour 2014, mais les perspectives restent sombres pour un pays possédant un taux de chômage à 17,8% de la population active. Les portugais pourront-ils s’en sortir malgré tout ?
Après de longs jours de tourmente politique, le Portugal tente de rebondir de cette impasse politique. Dès mercredi dernier (10 juillet), le président Annibal Cavaco Silva a demandé à la coalition de trouver un « accord de salut national », synonyme d’importance crucial, voire de rédemption. Les trois partis protagonistes, le Parti social-démocrate (PSD), le Centre démocratique social-Parti populaire (CDS-PP) de la coalition gouvernementale de centre droit, et le Parti socialiste (PS), ont jusqu’à dimanche pour parvenir à maintenir le pays dans les rails de la Troïka. Le désaccord est en majeure partie dû à l’exigence de la Troïka de réduire le déficit public de 5,5% en 2013 à 4% pour 2014, une mesure pour le moins drastique.
En effet, le ministère des Finances a annoncé jeudi soir dans un communiqué que les 8e et 9e examens de l’économie du pays par des représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international se feraient en une fois entre fin août et début septembre. Le début des examens démarrera lundi prochain. Voilà pourquoi cette semaine de négociation politique est une étape nécessaire à la sortie de crise d’un pays qui continue de plonger dedans la tête la première.
Des dizaines de milliards d’aides, des réformes structurelles…
Depuis l’égide de la Troïka sur le pays, le Portugal a accompli de nombreuses mesures structurelles. Mais celles-ci sont encore loin d’être suffisantes, ou du moins efficientes.
Le pays prévoit encore d’emprunter sur les marchés entre 6,5 et 8 milliards d’euros de dette à court terme d’ici la fin de l’année, a indiqué vendredi dernier l’Institut de gestion du crédit public (IGCP).
Lisbonne a réalisé début mai son premier emprunt à 10 ans depuis son sauvetage financier, ce qui lui a permis de prendre de l’avance sur ses besoins de financement. Pourtant, selon un récent document de l’agence de la dette, les besoins de financement du Portugal pour 2014 s’élèveraient à 16,2 milliards d’euros, dont 8 milliards doivent être couverts par les prêts de l’UE et du FMI. C’est la raison pour laquelle le Portugal pourrait obtenir une autre aide de l’UE indépendamment de celle du FMI, via le Mécanisme européen de stabilité (MES), courant 2014. Autant dire que les mesures sont loin de toucher à leur terme.
La récente crise politique a, de son côté, eu tendance à réduire les avancées structurelles qui ont été faites ces dernières années. L’incertitude des investisseurs planent toujours énormément sur le pays. En témoignent les obligations souveraines portugaises : le lendemain de la demande de Lisbonne de reporter le prochain examen d’évaluation du plan de sauvetage à fin août, le rendement des obligations portugaises à 10 ans grimpait de 14 points de base à 7,12% dès le matin suivant.
La semaine dernière encore, le gouvernement a donné son feu vert pour permettre aux fonds de pension de pouvoir investir davantage dans les obligations d’État portugaises. Désormais, les fonds de pension pourront investir jusqu’à 90% de leurs actifs en obligations souveraines, alors qu’ils étaient limités à 55% jusqu’à présent. L’écart représente environ 4 milliards d’euros, une bénédiction pour le gouvernement qui veut réduire ses coûts de financement. Cette mesure permettra au Portugal de couvrir 1/4 de ses besoins de financement pour l’année 2014.
L’objectif du Portugal, qui n’a jamais quitté les marchés privés de la dette à court terme, est de retrouver un accès normal à ces marchés sur le long terme afin de pouvoir conclure son plan d’aide international en juin 2014, comme prévu dans le cadre du prêt de 78 milliards accordé en mai 2011 par l’Union européenne et le FMI.
… et une crise toujours sans réponse !
Cela dit, malgré toutes ces avancées structurelles, le pays reste dans un profond climat de crise. Le PIB devrait se contracter de 2,3% cette année. Si la rigueur a enfoncé le pays dans la récession, cette dernière est surtout à associer à une hausse continue du chômage, dont le taux s‘établit aujourd’hui à plus de 18,2%, un record.
En ces temps ardus, le gouvernement ferait donc mieux de trouver rapidement un accord et de bien voir les priorités du pays. Ce n’est pas le moment de tourner autour de pots pour des raisons politiques voire idéologiques. Ils sont là pour trouver des solutions économiques, pas pour amuser les tabloïds. Quoi que maintenant, je ne crois plus que quiconque s’amuse encore de la tournure des évènements.