Les analyses effectuées en France ont confirmé l’utilisation de gaz sarin par l’armée syrienne. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que cette substance est utilisée. Découvert en 1938 par des chimistes allemands, ce gaz inodore, invisible mais très puissant est à l’origine de bien des massacres dans la seconde moitié du XXe siècle. Produit en grande quantité par le IIIe Reich durant la Seconde Guerre Mondiale puis par les Etats-Unis et l’URSS pendant la guerre froide (jusqu’en 1956 dans le cas des Américains), ce gaz neurotoxique peut devenir nocif rien qu’en entrant en contact avec la peau. Il provoque un blocage de l’influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Le gaz sarin a notamment été utilisé par Saddam Hussein lors de la guerre Iran-Irak en 1988 au moment du massacre de populations Kurdes dans la ville d’Halabja, tuant près de 5000 personnes. Quelques années plus tard, des bombardements au sarin ont eu lieu lors de l’insurrection irakienne contre le régime de Saddam Hussein en avril 1991. Outre les conflits officiels, le sarin a également été utilisé par des groupuscules terroristes, comme la secte japonaise Aum Shinrikyō lors d’un attentat dans le métro de Tokyo en 1995, qui a fait douze morts et plus de 5000 blessés.
En 1993 la Convention sur l’Interdiction des armes chimiques est signée par 162 pays. Entrée en vigueur en 1997, elle interdit la mise au point, la fabrication, le stockage et l’emploi des armes chimiques. Mais ces dernières continuent à servir à l’occasion de plusieurs conflits. Lors de la guerre en Irak en 2004, le gaz sarin a servi à plusieurs attentats, tandis que l’armée américaine a elle, employé d’autres armes chimiques durant la bataille de Falloujah. La preuve d’une nouvelle utilisation de ce type d’armement lors du conflit syrien montre les limites des traités internationaux visant à lutter contre les armes chimiques. Ces dernières ont servi à de nombreuses reprises depuis près d’un siècle, et risquent malheureusement bien de continuer à servir, en Syrie comme dans d’autres conflits. Face à une telle situation, il apparaît urgent pour la communauté internationale de réfléchir à d’autres mesures.