Le ministre des Affaires Etrangères irakien, Ibrahim al-Jaafari, est en visite officielle en Chine depuis le 13 juin afin de demander à l’Empire du Milieu d’aider l’Irak dans sa guerre contre l’Etat Islamique. Selon Jaafari, la Chine est prête à « aider l’Irak dans sa guerre contre l’Etat Islamique sans toutefois rejoindre la coalition internationale ».
La Chine a été timide concernant son engagement dans le combat contre l’Etat Islamique. En outre, elle ne semble pas disposée à s’engager publiquement à autre chose qu’à l’entraînement de l’armée irakienne. En septembre 2014 déjà, Ibrahim al-Jaafari et Wang Yi, ministre des Affaires Etrangères chinois, s’étaient rencontré et le communiqué officiel chinois faisant suite à cette rencontre ne faisait aucune mention d’un accroissement de l’engagement chinois contre l’Etat Islamique.
DÉCLARATION D’AMITIÉ
La Chine reste donc en retrait du combat international contre l’Etat Islamique. International car Coalition arabo-occidentale en Irak et en Syrie, ou Coalition contre l’État islamique, rassemble 22 pays européens et arabes
Cependant, la Chine continue de considérer l’Irak comme un Etat ami et elle s’engage donc à lui fournir tout ce dont a besoin, y compris une aide humanitaire d’urgence visant à faire face aux besoins immédiats.
Ainsi, malgré les déclarations chinoises répétées concernant la menace que constitue l’Etat Islamique (notamment la possibilité d’attaques terroristes diligentées par des combattants chinois, ayant rejoins l’Etat Islamique, de retour en Chine), la Chine ne semble pas disposée à fournir une quelconque aide militaire au gouvernement irakien.
LA POSITION DÉLICATE DE LA CHINE
Situation géographique du Xinjiang
© RFI
Et la rencontre entre les ministres des Affaires Étrangères chinois et irakien de cette semaine ne changera pas la position chinoise. En effet, le Conseiller d’Etat chinois, Yang Jiechi, a uniquement assuré à Jaafari que « la Chine soutien l’Irak dans ses efforts pour préserver sa souveraineté nationale, son intégrité territoriale et sa stabilité domestique » sans toutefois expliquer la nature de ce soutien.
Cependant, l’Irak peut compter sur la coopération économique de la Chine, notamment dans le cadre du projet chinois de « nouvelle route de la soie« . Ce projet permettra de renforcer la coopération sino-irakienne dans les domaines de l’énergie et de la construction d’infrastructures.
Toutefois, ce refus de la Chine de rejoindre la coalition internationale dans la lutte peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la Chine refuse catégoriquement d’interférer dans les affaires internes d’autres pays et de s’embourber dans des conflits loin de son territoire. En outre, la Chine, qui en train de développer et de moderniser son armée ainsi que son arsenal militaire, refuse de montrer aux Etats-Unis son potentiel militaire.
Mais la position de la Chine vis-à-vis de l’Etat Islamique est paradoxale car elle a des intérêts vitaux dans l’industrie du pétrole irakienne. La Chine est tout simplement le plus gros investisseur pétrolier du pays. Elle perdrait donc des milliards de dollars si l’État Islamique parvenait à s’emparer des champs pétrolifères du pays. De plus, environ 300 ressortissants chinois combattraient dans les rangs de l’Etat Islamique. Et le gouvernement chinois redoute les effets que cela pourrait avoir au Xinjiang, province de l’ouest de la Chine où vit une importante communauté ouïghoure musulmane. En effet, le Xinjiang compte plus de dix millions d’Ouïghours, des musulmans turcophones, en partie hostiles au gouvernement chinois, et dont une frange radicalisée serait à l’origine d’attaques meurtrières ces dernière années.
Répartition des importations chinoises de pétrole brut © EIA