Le groupe venu de Normandie Les Agités du Bocal a remporté le 23 janvier à La Cigale la finale du festival tremplin Fallenfest. Jouant du rock humoristique, le groupe a conquis le jury et le public du festival par leur énergie sur scène et leurs textes décalés, s’inspirant de faits divers ou de l’actualité. Léonard Blanchot, le chanteur, revient avec Radio VL sur l’origine de son groupe, ses projets et sa victoire au festival Fallenfest.
Racontez-nous l’histoire des Agités du Bocal. Comment avez-vous rencontré les membres de votre groupe ? Comment l’avez-vous crée ?
J’ai fondé Les Agités du Bocal en 2012, lorsque j’étais au lycée. J’avais envie de fonder mon groupe de rock humoristique. J’étais guitariste et chanteur et j’étais à la recherche d’autres musiciens. Alors j’ai tout naturellement demandé à mon cousin Laurent Hachette, qui était batteur, de me rejoindre. Nous étions les deux membres fondateurs du groupe. Nous avons joué ensemble nos premiers morceaux, mais on s’est dit qu’un bassiste devait nous rejoindre. J’ai demandé à Kevin Emers, un ami, qui a participé avec nous à un festival tremplin. Le groupe lui a plu et il nous a rejoints définitivement.
Le groupe a ainsi duré pendant deux ans et demi, on a fait des concerts ensemble. Enfin, un mois avant l’aventure Fallenfest, c’est-à-dire mi-août de cette année, un deuxième guitariste, Thibault Golain, nous a rejoint. J’avais rencontré Thibault sur les bancs de la fac de Rouen, en musicologie. C’est donc à quatre membres que nous avons participé à l’aventure Fallenfest. Je précise qu’un cinquième artiste, la saxophoniste Caroline Dercourt, a joué dans notre groupe durant la demi-finale et la finale sur un morceau et a participé à montrer encore une autre facette de notre groupe.
Quels artistes vous ont donné envie de fonder votre groupe de rock humoristique ?
Les artistes qui m’ont inspiré, autant pour les paroles que pour la musique, sont très divers mais ils ont tous en commun l’humour. Celui qui m’a inspiré le premier s’appelle Oldelaf. C’est un artiste plutôt de variété mais qui fait des textes que je trouve à mourir de rire. Je peux citer ensuite des groupes de punk ou de rock humoristique comme les 3 fromages ou Ultravomit, Andréas et Nicolas qui fait du folk humoristique, Merzhin, groupe de rock celtique avec des textes qui m’ont toujours plu.
Puis il y a eu les Fatals Picards que j’ai découvert un peu sur le tard, car c’est le groupe fétiche de Thibault qui a rejoint le groupe récemment mais qui sont aussi particulièrement représentatif de notre style musical.
« J’ai crée un groupe de rock humoristique car je ne me voyais pas écrire autre chose »
Est-ce plus difficile ou au contraire plus facile de composer des chansons humoristiques ?
En ce qui me concerne (Léonard compose la majorité des chansons), j’ai crée un groupe de rock humoristique car je ne me voyais pas écrire autre chose comme des chansons d’amour ou des chansons en anglais par exemple. Créer de la poésie dans mes textes mais toujours avec cette volonté d’en faire quelque chose de drôle ou de sarcastique m’a toujours paru beaucoup plus simple. L’inspiration me vient toujours plus facilement quand c’est du domaine de l’humour.
Vous venez de Normandie. Est-ce que votre région vous inspire dans vos chansons ?
Oui et non. Etant donné que nous nous inspirons de plein de choses comme les faits divers ou l’actualité, nos chansons ont davantage une portée nationale. Mais nous avons quand même un attachement très fort avec la Normandie car on est tous les quatre normands. Disons que la Normandie peut être parfois citée explicitement dans quelques chansons ou dans un gag mais ce n’est pas non plus un ressort essentiel de nos compositions.
Parmi les artistes qui vous ont inspiré, beaucoup viennent de l’Ouest de la France. Pensez-vous que le genre du rock humoristique soit une spécialité de l’Ouest ?
En tant que Normand je ne saurais le dire. Mais c’est vrai que chez ces groupes des contrées bretonnes comme Merzhin, Andréas et Nicolas, Les 3 Fromages ou Ultra Vomit, il doit y avoir un culte du bon vivre, de l’humour sous toutes ses formes. Tout à l’heure je vous ai aussi cité Oldelaf, un musicien qui vient de Caen. Ce n’est pas vraiment l’Ouest de la France, disons que c’est la charnière entre la Normandie et la Bretagne. Donc oui vous avez en partie raison, mais pourquoi ces régions, je ne saurai trop l’expliquer.
Pourquoi avez-vous choisi de participer au festival Fallenfest ?
Mon père fait partie d’un groupe de musique qui est arrivé en finale de ce festival l’année dernière à La Cigale. J’ai suivi le groupe durant chaque étape avec mon batteur, mon bassiste et mon nouveau guitariste qui n’était pas encore dans le groupe à l’époque. En regardant jouer le groupe de mon père, j’ai dit aux membres de mon groupe qu’on devait absolument participer aussi, et ils étaient d’accord.
Nous avons remarqué que les groupes présents comportaient aux moins quatre membres alors que nous n’étions que trois à cette époque. Il nous fallait donc un quatrième membre. Et ce même jour, le 27 juin 2015, j’ai demandé à Thibault s’il voulait nous rejoindre et il nous a dit que c’était une très bonne idée. Un mois après on a commencé les répétitions et deux mois après on était présent à la session Fallenfest 2016.
« Un groupe qui prône la joie de vivre dans la sinistrose actuelle, ça fait du bien aux gens »
D’après vous, pourquoi le jury et les spectateurs Fallenfest vous ont choisis comme vainqueurs ?
Disons que pour un groupe comme le nôtre, c’est du quitte ou double. Soit les gens vont trouver notre style intéressant et nous aimer tout de suite soit ils vont trouver qu’on est des OVNI, ne vont pas rire de nos textes et nous trouver inintéressants. Notre style hybride, entre la musique et l’humour, a un bon et un mauvais côté. Le mauvais côté c’est qu’on ne peut pas avoir un public très large. Le bon côté c’est qu’il n’y a pas tant de groupes qui font ce que nous faisons.
Notre genre est peu médiatisé, à part les Fatals Picards qui ont fait l’Eurovision en 2007. Du coup pour les gens qui nous découvrent, c’est en général une bonne découverte. De plus, parmi les 14 groupes présents lors de la finale Fallenfest, on était un des seuls à chanter en Français, les autres chantaient en Anglais. Enfin, un style qui prône la joie de vivre dans un contexte de sinistrose actuelle, je pense que ça fait du bien aux gens.
Que vous a apporté le festival Fallenfest ?
Je dirais en premier lieu que c’était une formidable aventure humaine. Comme on devait répéter plus qu’auparavant, ça a ressoudé les liens du groupe. On a aussi crée beaucoup de nouvelles compositions pour les différentes étapes de l’événement. Etant donné que Thibault, notre deuxième guitariste, est arrivé après, on a dû réarranger nos morceaux, ce qui a contribué à les améliorer.
Jouer dans des grandes scènes comme La Cigale, devant des gens qu’on ne connaissait pas, est également une très belle expérience. On a pu voir quels morceaux marchaient bien et lesquels marchaient moins bien. On a aussi rencontré des gens géniaux, que ce soit l’équipe Fallenfest qui a toujours été à notre écoute ou les autres groupes qui étaient tous très sympathiques. Grâce à eux, on était toujours détendus au moment de jouer et on prenait beaucoup de plaisir. Et enfin, la victoire finale a été pour nous la cerise sur le gâteau.
« Notre objectif prioritaire est d’enregistrer notre premier album »
Vous avez gagné des séances en studio, du matériel, une aide financière de 1000€ du Fallenfest, quels sont vos projets pour la suite ? (EP, album, tournée, démarchage labels ?)
Notre objectif prioritaire pour cette année est de sortir notre premier album, qui comportera environ 12 titres. Il faut savoir que notre groupe, comme tous les autres groupes d’ailleurs, peut s’écouter sous deux plans. Sous le premier, celui du live, les gens comprennent plus difficilement les paroles à cause des sons et de l’ambiance. Mais on arrive à leur donner du bonheur grâce à notre énergie sur scène ou en faisant des gags entre les morceaux. Sous le deuxième, celui de l’album, le public peut au contraire redécouvrir nos paroles et mieux éclater de rire dans la voiture ou sur leur canapé.
Nous souhaitons également réaliser cet album au plus vite et dans les meilleurs conditions pour faire plaisir aux gens qui nous suivent en live et nous réclament un album. Ce serait enfin un bon lien promotionnel si l’on veut par exemple faire des premières parties de concert d’autres groupes.