MONTRÉAL – Après de longues vacances de fêtes, le monde entier s’apprête à relancer la vapeur. On vérifie les derniers engrenages pour s’assurer qu’aucun n’est défectueux et que la machine économique mondiale va se relancer avec succès. Les yeux des économistes du monde entier sont portés sur le rétablissement de l’économie des puissances mondiales, espérant de meilleurs bilans en 2014 qu’ils n’en ont eu en 2013. Le Canada ne fait pas abstraction à ce comportement qui n’est étranger à aucun pays.
Alors que les gens récupèrent de leurs cuites saisonnières, qu’ils reprennent les crayons en mains pour retourner en cours ou qu’ils se préparent à endosser leur responsabilité en tant que travailleur, le Canada annonce des mesures pour le moins surprenantes qui ne plaisent pas aux centrales syndicales québécoises. C’est connu, la majorité des pays occidentaux et modernes voient leurs entreprises syndiquées. Pour les entreprises et les hommes de la droite, c’est un véritable fléau, pour les ouvriers et la gauche, c’est un bienfait nécessaire. Il se trouve que le parti au pouvoir au Canada est le parti Conservateur, un parti de droite! Si ce parti ne trouve aucune popularité au Québec au vu des très faibles suffrages qu’ils obtiennent dans la Belle Province, le penchant pour le bien-être de l’économie des fermiers de l’Ouest Canadien ne semble pas être le même.
Ainsi, le Canada souhaite dynamiser son économie en supprimant de nombreux privilèges aux syndicats, réduisant ainsi leur pouvoir contre les diverses entreprises établies d’un Océan à l’autre. Brillante tactique pour attirer de nouvelles entreprises dans le pays nordique d’Amérique. On parle de privilège, mais on pourrait surtout parler de pouvoir. Il ne faut pas oublier que la syndicalisation se voulait une manière de protéger ses membres, notamment par l’adhérence de membres au mouvement mais également aux cotisations pour les activités de la centrale ou pour le fond de grève. En général, ces participations monétaires sont prélevées directement sur le salaire de l’employé, ce qui évite aux centrales syndicales de forcer la main à leurs membres pour obtenir leur participation par exemple. Eh bien si le gouvernement poursuit dans cette direction, ce ne sera plus le cas, cet avantage dont bénéficient les centrales syndicales n’existera plus, comme bien d’autres. Une décision fort mal accueillie par les présidents des syndicats québécois qui, pour la première fois depuis des décennies, pointent le fer de lance en direction de la capitale fédérale.
Le temps ou les syndicats du Québec devaient se battre contre les lutteurs embauchés dans la police provinciale par Maurice Duplessis est révolu. Les armes pointent sur Ottawa et les centrales syndicales brandissent déjà la menace: plusieurs d’entre elles ont envoyés un avertissement au premier ministre Harper, l’informant qu’elles feront tout en oeuvre pour établir une alliance pancanadienne afin de faire chuter le régime conservateur. Objectif louable accueilli favorablement par une majorité québécoise, mais la tâche s’annonce difficile. Seulement 3 conservateurs sont élus au Québec, sur 75 députés québécois devant siéger au parlement canadien, cela signifie que les centrales syndicales devront s’aventurer hors du territoire québécois afin de mener leur combat dans les châteaux forts conservateurs, à l’Ouest du pays.
Le gouvernement fédéral canadien semble faire de la révolte des syndicats le cadet de leur soucis, préférant miser sur l’excédent budgétaire qu’ils ont réussis à dégager (Un bilan dans le vert, on ne voit pas ça souvent!) à force de couper dans le gras des ministères de l’environnement, dans les services aux citoyens et aux chômeurs pour se faire réélire. Dorénavant, un nouveau bras de fer s’engage et pour une fois, les syndiqués ne l’engagent pas contre le gouvernement du Québec!
Frédérick Leclerc
Correspondant permanent au Québec