Séries Tv

Les étranges similitudes entre Perry Mason et Penny Dreadful

Chacune dans son genre et avec sa propre histoire, les deux séries Perry Mason et Penny Dreadful se rejoignent pourtant sur de nombreux points.

C’est quoi, Perry Mason ? Los Angeles, 1931. Alors que le reste du pays traverse la Grande Dépression, cette ville est en plein essor ! Pétrole ! Jeux Olympiques ! Films parlants ! Ferveur évangélique ! Lorsque le cas de la décennie tombe à sa porte, la quête incessante de Mason (Matthew Rhys) vers la vérité révèle une ville fracturée et peut-être, une voie de rédemption pour lui-même. 

C’est quoi, Penny Dreaful : City of angels ? Los Angeles, 1938. Tiago Vega (Daniel Zovatto), premier inspecteur chicano de la police de Los Angeles, est appelé sur une scène de crime : les corps de jeunes blancs ont été découverts dans une mise en scène macabre évoquant le folklore mexicain. Pendant ce temps, son frère Raul (Adam Rodriguez) tente d’empêcher la construction d’une autoroute en plein quartier latino et Peter Craft (Rory Kinnear), un médecin d’origine allemande, milite au sein d’une association de nazis américains. Derrière tous ces événements se cachent la sombre et mystérieuse Magda (Natalie Dormer) et sa sœur, la Santa Muerte.  

Arrivées récemment sur nos écrans, Perry Mason (HBO – en France sur OCS) et Penny Dreadul: City of Angels (Showtime – en France sur Canal +) n’ont a priori pas grand-chose en commun. La première retrace le parcours de son héros éponyme (joué par l’excellent Matthew Rhys) alors qu’il est détective privé, dans un polar noir digne des meilleurs romans de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett ; la seconde (avec Natalie Dormer) construit un récit fantastique en s’appuyant sur le folklore catholique mexicain. 

On ne s’attend donc pas à ce que leurs deux histoires convergent ; pourtant, elles ont de nombreux points communs. Bien sûr, toutes les deux émanent de séries pré-existantes puisque Perry Mason est un préquel qui revient sur le passé du personnage joué par Raymond Burr dans la série de 1957, tandis que City of angels décline le Penny Dreadful de 2014, et toutes les deux mettent en scène un enquêteur à Los Angeles dans les années 1930. Mais il y a plus… 

A lire aussi : On a vu pour vous … le revival de Perry Mason en mini série

Ce qui frappe d’abord, c’est bien le contexte dans lequel s’inscrivent les deux séries. Soit l’entre-deux-guerres à Los Angeles, que les deux séries reconstituent magnifiquement à travers décors, voitures, musique et costumes. De plus, Penny Dreadful et Perry Mason situent leurs récits en partie dans les beaux quartiers mais surtout dans des milieux plus interlopes – zones mal famées et quartiers pauvres, bars miteux et speakeasies clandestins. Ce n’est pas un hasard si les deux séries ont été filmées quasiment en même temps et parfois dans les mêmes endroits.  

Plongée dans les années 1930 avec Perry Mason / Matthew Rhys

C’est une époque particulière pour la Californie, qui connaît un essor économique et territorial grâce à l’exploitation du pétrole, les chantiers de construction, le cinéma parlant, les Jeux olympiques de 1932. Mais dans le même temps, émergent des divisions ethniques et sociales encore prégnantes aujourd’hui. Et il est facile de dresser un parallèle entre ces années et 2020, avec le creusement des inégalités, la montée des extrémismes, la démagogie politique, les tensions raciales, l’influence des médias ou même de l’implication de puissances étrangères dans les élections. 

Les deux séries s’appuient aussi sur des intrigues similaires, avec par exemple des policiers corrompus, un enquêteur victime de racisme de la part de ses collègues (un afro-américain dans Perry Mason, un latino dans Penny Dreadful), des histoires de chantage, politique et sexe… Et ce n’est pas fini, car le plus surprenant reste à venir. 

Dans les deux séries, une prédicatrice joue un rôle essentiel. Dans Perry Mason, Sœur Alice (Tatiana Maslany) est la porte-parole charismatique de la congrégation The Radiant Assembly of God ; dans City of Angels, Sœur Molly (Kerry Bishé), est une évangéliste dont les prêches enflammés font de nombreux adeptes. Blondes et vêtues d’une longue tunique blanche, elles évoquent toutes deux une personnalité réelle, Sœur Aimee McPherson. Cette prédicatrice canadienne, très médiatisée, a connu un énorme succès dans les années 1930, elle a notamment fait construire une immense église à Los Angeles (le Temple de l’Angélus) où se regroupaient des milliers de fidèles venus l’écouter. 

Soeur Alice, Soeur Aimee et Soeur Molly

Et puis, les deux séries rappellent le même fait divers. Perry Mason est au cœur d’une affaire complexe dont le point de départ est l’enlèvement du petit Charlie, un bébé retrouvé mort dans des circonstances particulièrement glauques, avec notamment les yeux maintenus ouverts par des fils afin de faire croire qu’il est encore vivant. Dans Penny Dreadful, un enfant raconte à deux copains l’histoire horrible d’une petite fille enlevée, assassinée et mutilée, dont le fantôme leur apparaît (on est dans Penny Dreadful, hein…) amputée des quatre membres et les yeux maintenus ouverts par des fils. Les deux meurtres, avec leurs détails sordides, évoquent une affaire criminelle survenue en 1927 à Los Angeles : l’enlèvement puis le meurtre de la petite Marion Parker, découverte démembrée, avec les yeux maintenus ouverts de la même manière. Comme quoi, Los Angeles a des côtés sombres et inquiétants dans Penny Dreadful et Perry Mason ; dans la réalité, la ville l’était sans doute encore plus.

Contre toute attente, il y a de nombreuses ressemblances entre Perry Mason et Penny Dreadful : city of angels. Et ce, même si la seconde finit par se disperser entre investigation, fantastique et propos social quand l’autre est un redoutable polar noir centré sur une enquête et ses ramifications. Sur certains plans,  le rapprochement n’est pas tellement étonnant : le lieu et la période étant identiques, il en va logiquement de même des grands thèmes et des parallèles que l’on peut dresser avec le présent. Mais les deux séries reprennent aussi plusieurs ressorts similaires, le même fait divers et la même personnalité religieuse. C’est surprenant; c’est dans Penny Dreadful : city of angels, et c’est dans Perry Mason.  

Perry Mason (HBO)
8 épisodes de 60′ environ
Disponible sur OCS

Penny Dreadful : city of angels (Showtime)
10 épisodes de 50′ environ 
Disponible sur MyCanal. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
Related posts
ActualitéSéries TvSport

C'est quoi les règles du "MMA" au centre de la nouvelle série de Franck Gastambide ?

La Loi des Séries 📺LE CLUBSéries Tv

Zemial (dessinateur) - invité exceptionnel | Le club #33

À la uneSéries Tv

"Mort sur terre battue" : Florent Peyre tourne avec Yannick Noah

À la uneSéries Tv

"Des vivants" : la nouvelle série du réalisateur de Sambre aborde les attentats du 13 novembre

Retrouvez VL. sur les réseaux sociaux
Worth reading...
On débriefe pour vous… le pilote de Penny Dreadful: City of Angels