Le 14 avril dernier, dans le village de Chibok (au nord-est du Nigéria), 223 lycéennes étaient kidnappées par la secte islamique Boko Haram. Depuis, seule une vidéos émanant des ravisseurs, parue il y a deux semaines, pouvait attester que ces jeunes filles étaient toujours en vie. Mais, lundi 26 mai, un espoir de les retrouver était permis. En effet, l’armée nigériane affirme avoir localisé l’endroit où elles seraient détenues.
« Nous savons où sont les jeunes filles enlevées », a annoncé hier Alex Badeh, le chef d’état-major de l’armée nigériane. Une bonne nouvelle et un soulagement pour les familles des 223 lycéennes actuellement retenues en otage par l’organisation terroriste dirigée par Abubakar Shekau, Boko Haram. Coutumière des exactions en série et des crimes contre l’humanité, cette secte pro-djihad et entretenant des liens étroits avec Al-Qaida, considère en effet l’éducation, et a fortiori celle des jeunes filles, comme un péché.
Cependant, le lieu de leur détention ne peut être révélé sous peine de compromettre l’intervention prochaine de l’armée nigériane. Car, une chose est sûre pour Alex Badeh : « nous allons les ramener ». Mais de quelle manière ? Ça, c’est encore un mystère. « Nous travaillons. […] Là où elles sont détenues, pouvons-nous y aller par la force ? Nous ne pouvons tuer nos filles en essayant de les récupérer », explique le chef d’état-major.
Opération sous haute tension
Effectivement, il y a un risque. Par le passé, de nombreuses opérations visant à libérer des otages ont parfois fini en carnage. Les exemples sont légion : en janvier 2013, le Français Denis Allex avaient été tué par ses geôliers alors qu’un raid était mené pour le sauver. On peut également citer la tuerie du site gazier algérien In Amenas qui avait fait une quarantaine de morts.
Il faut dire que les groupes terroristes comme Boko Haram sont parfois aussi bien armés que les forces nationales qui les affrontent. Et leurs membres, aux méthodes particulièrement violentes, sont souvent prêts à tout pour en découdre afin de défendre leur idéologie. Quitte à finir en martyrs. La longue liste de massacres perpétrés par Boko Haram contre la population nigériane en témoigne. L’organisation terroriste est d’ailleurs placée sur la liste noire par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Vidéo du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, montrant les lycéennes nigérianes enlevées en avril dernier. En échange de leur libération, Abubaker Shekau réclame que des prisonniers soient remis en liberté :
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Aide internationale
L’annonce de leur géolocalisation semble également prouver que le gouvernement nigérian et son président Goodluck Jonathan, jusqu’alors vivement critiqués pour leur manque de réactivité sur ce dossier, ont mis les bouchées doubles pour retrouver les lycéennes enlevées. Et, hier encore, des manifestations avaient lieu à Abuja, capitale fédérale du Nigéria, pour pousser les dirigeants du pays à agir rapidement.
Mais la pression n’a pas seulement été nationale : elle est aussi venue du monde entier. Ainsi, ils ont été nombreux à s’émouvoir et à se mobiliser, via les réseaux sociaux, pour soutenir le retour des jeune Nigérianes. Parmi eux, beaucoup de personnalités comme Michelle Obama, Hillary Clinton, Najat Vallaud-Belkacem… ont posé avec des pancartes demandant « Bring back our girls » (« Rendez-nous nos filles »).
Impliqués, la France et les Etats-Unis ont aussi envoyé des experts sur place. Environ 80 militaires américains ont ainsi été envoyés au Tchad pour mener des opérations de renseignement, de surveillance et des vols de reconnaissance. Et le 17 mai, à Paris, le Nigeria et ses voisins ont adopté un plan de « guerre » contre Boko Haram. L’union fait la force, dit-on. On espère donc un dénouement rapide et heureux.
Clotilde Gaillard