Ras-le-bol des touristes anglais. Ils ne supportent plus la présence croissante de réfugiés afghans et syriens sur l’île de Kos en Grèce, destination prisée par les familles anglaises pour leurs vacances d’été. En effet, selon un récent article du Daily Mail, l’arrivée massive de « boat people » a transformé cette île paradisiaque en un véritable « taudis dégoûtant » (« disgusting hellhole »). A cause de cet afflux de misère humaine, les « malheureux » touristes anglais voient leurs vacances transformées en véritable « cauchemar ».
Les touristes anglais, habitués à venir profiter du soleil de cette île de la mer Égée, regrettent le changement atmosphère depuis l’arrivée massive de réfugiés en provenance de pays déchirés par la guerre. Effectivement, Kos, île de l’archipel du Dodécanèse, est une des portes d’entrée de l’Europe du fait de sa proximité avec les côtes turques (4 km). La misère de ces syriens, ces afghans, ces irakiens, ces somaliens et de ces congolais, qui font la queue devant les postes de polices grecs afin d’obtenir un permis de présence sur le territoire européen, contraste fortement avec l’indignation des touristes de la classe moyenne anglaise.
LA GRECE, COINCÉE ENTRE LES TOURISTES ET LES RÉFUGIES
L’industrie du tourisme est une des principales ressources financière de la Grèce (les dépenses des touristes en 2010 auraient généré 34,4 milliards d’euros, soit 15,1 % du PNB grec) et est la première ressource de Kos. Ainsi, la réaction des touristes anglais, mais aussi néerlandais, à cette arrivée massive de demandeurs d’asile place les autorités grecques dans uns situation complexe. Toutefois, les nouveaux migrants n’ont en apparence pas suscité de frictions, malgré quelques déclarations sulfureuses du maire de l’île.
Mais les réactions des touristes anglais et néerlandais sont moins compréhensibles. En effet, il est possible de comprendre qu’ils n’aient pas envie de voir des réfugiés en détresse au bord des plages ou à l’entrée des restaurants qu’ils fréquentent mais certaines de leurs déclarations sont impardonnables. « C’est dégoûtant et c’est le bazar ici. Et c’est gênant. Je ne vais pas venir manger dans un restaurant où des gens vous regarde manger », explique au Daily Mail Anne Servante, infirmière dans la ville de Manchester (« It’s really dirty and messy here now. And it’s awkward. I’m not going to sit in a restaurant with people watching you ») avant qu’un couple britannique de Birmingham ne déclare qu’ils « n’étaient jamais venu sur cette île avant » et que « si [Kos] est encore comme un camp de réfugié l’année prochaine », ils ne reviendront pas (« We have never been before but we don’t like it », « We won’t be coming back if it’s like a refugee camp again next year »).
LES MIGRANTS AU SECOND PLAN
En définitive, l’article du Daily Mail ne fait que très peu référence aux migrants et à leur parcours. Effectivement, la structure de l’article laisse penser que la rédaction du Daily Mail fait passer les souffrances des réfugiés après les vacances gâchées des touristes anglais. Effectivement, un seul paragraphe leur est consacré où il est fait référence aux atrocités commises par l’Etat Islamique mais aussi aux épreuves qu’ont du traverser les migrants pour arriver en Grèce.
En définitive, on peut légitimement être choqué par les plaintes des touristes anglais. Mais c’est la manière dont le sujet est traité par le tabloïd anglais qui est encore plus choquante. En effet, cet article méprise presque la souffrance des réfugiés ayant fui la guerre et les persécutions tout en se montrant solidaire envers la pseudo-souffrance des touristes anglais.