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Les Vieux fourneaux : Si, si, les septuagénaires sont hilarants

C’est peu dire que Les Vieux fourneaux est une BD qui parvient à réconcilier les générations. Les planches des deux premiers tomes (« Ceux qui restent » et « Bonny and Pierrot ») de Lupano et Cauuet sont un véritable vent de fraîcheur dans le milieu de la bande dessinée française. Cocktail de tendresse et d’humour corrosif, le récit de ces trois hurluberlus dégarnis parsème avec finesse réflexions sur le capitalisme barbare et la solidarité sociale.

Audiard, sors de ces corps !

Pantalons remontés jusqu’au nombril, gouailles argotiques, le trio des Vieux Fourneaux délivre au lecteur des dialogues jouissifs et truculents. Pierrot, Antoine et Mimile, retraités et activistes sur le retour s’escarmouchent en vieux railleurs au sein d’un scénario rythmé alternant entre comédie sociale grinçante et suspens de polar.

La force des Vieux fourneaux se situe bien en premier lieu dans ses dialogues « audiardiens » où culture populaire et art délicat de la grossièreté s’entrelacent dans un humour décapant.

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L’activisme à la sauce troisième âge

Mimile, « seul blanc à avoir joué première ligne au rugby aux Iles Samoa », a décidé de faire la maison de retraite buissonnière. Antoine, ancien syndicaliste militant a toujours la vigueur d’antan. Pierrot, révolutionnaire lunaire, réside sur « l’île de la tordue », hôtel collectiviste qui abrite une société très particulière : « Ni yeux ni maîtres », un groupe de vieux gais lurons qui prend un malin plaisir à saboter les évènements qui leur déplait, « meeting UMP ou cocktail des anciens de Sciences Po ». Ils possèdent pour cela une vraie arme de destruction massive : le « détonateur » : Jean-Chi, « human bomb » capable de produire une incontinence odorante sur demande.

Désireux « d’enquiquiner le monde » quand il est encore temps, les trois compères et leurs pérégrinations nous exposent des réflexions touchantes sur le vieillissement, le fossé générationnel, le marketing barbare (savoureux running- gag des baguettes de pain labellisées), la déliquescence du monde moderne. Le tout ponctué par les histoires personnelles et intimistes de chaque personnage, pour lesquels l’affection ne peut être que de mise.

fourneaux

Deux premiers tomes qui s’adressent à tous et raviront le plus grand monde. Pas de doute à la lecture : c’est bien dans les vieux fourneaux qu’on fait les meilleures BD.

Antoine Morange 

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