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Les voies « royales », les diplômes « requis » et les parcours « classiques » écrasent les outsiders les plus créatifs

Candidat aux législatives des Français de l’étranger en Europe du nord, Gaspard Koenig souhaite faire de l’expatriation une formidable réussite en libérant les talents et en encourageant la prise de risques . Il nous dévoile sa vision d’avenir pour que la jeunesse soit au cœur de cette dynamique.

1 / Quel regard portez-vous sur la mobilité européenne et l’expérience de vie à l’international des jeunes ?

De telles expériences suscitent une ouverture d’esprit ainsi qu’une formidable capacité de créativité et d’innovation. C’est en étudiant aux Etats-Unis que j’ai pu mesurer la densité de la pensée libérale. A l’époque, je rédigeais mon DEA sur Condillac, un des pères fondateurs du libéralisme. J’ai découvert tant d’auteurs négligés par l’Université française : Tocqueville, Bastiat, Hayek, Jean-François Revel…

Je suis devenu un lecteur inconditionnel de The Economist, qui depuis sa fondation au XIXè siècle tient ferme sur les trois piliers de la philosophie libérale : la représentativité politique, l’ouverture aux échanges économique, et la tolérance morale. De retour en France, j’ai cherché quel parti politique pouvait le mieux représenter ces idées. J’ai milité dans diverses structures. Et je m’investis désormais sous les couleurs du Parti libéral démocrate.

2/ Comment et par quels nouveaux projets, les députés des Français de l’étranger qui siègeront à l’Assemblée nationale pourront permettre à la jeunesse d’être plus à l’aise avec le mot « Entreprendre » ?

Dans ma circonscription, là où les Français de l’étranger ont émigré, les serveurs peuvent rapidement devenir managers, les diplômés d’histoire s’essayer à la finance, les créateurs lancer leur entreprise en quelques jours. Pourquoi avons-nous quitté la France pour rejoindre Stockholm, Copenhague, Dublin ou Londres ? Pour échapper à une certaine forme de rigidité, à des archaïsmes qui bridaient nos envies et nos projets.

Parce qu’on nous donne à tous une chance de réussir, quel que soient notre accent, nos diplômes, notre parcours. L’important ici, c’est ce que l’on sait faire, pas d’où l’on vient.

A la nostalgie de la France se mêle, pour beaucoup d’entre nous, une perplexité grandissante face à ses réglementations absurdes, ses bureaucraties boulimiques, ses castes politiques d’un autre âge. Les députés des Français de l’étranger auront un rôle à jouer pour encourager les innovations, susciter de nouvelles formes de prise de risques et témoigner d’une nouvelle confiance en la jeunesse.

3/ Que pensez-vous de la « Charte de la jeunesse » transmise à l’ensemble des candidats à la députation des Français de l’étranger dans la troisième circonscription ?

J’apprécie beaucoup son approche « business ». Il est clair que la société française privilégie la reproduction des castes sur la reconnaissance du mérite – et ce à tous les niveaux de l’échelle sociale. Les voies doivent être « royales », les diplômes « requis » et les parcours « classiques », sinon les portes se referment. Cette attitude génère non seulement des injustices de moins en moins tolérées, mais aussi des pertes d’efficacité dramatique pour notre économie, où les paresseux bien nés – et bien diplômés – écrasent les outsiders les plus créatifs. Je crois profondément à un élan libéral, telle que l’illustre cette charte qui fait le pari de l’audace et de l’inventivité.

4/ Que pensez-vous de l’expérience d’universités d’Europe du Nord qui permettent à des jeunes de démarrer une activité protégée et aidée par des législations incitatives au milieu d’une ambiance véritablement stimulante ?

Nos gouvernants semblent tous nostalgiques des plans quinquennaux. Avec 20% de fonctionnaires parmi la population active (contre 10 % en Allemagne), la France a conservé le pire de la tradition colbertiste. Les grands corps d’Etat y gardent, sinon leur pouvoir, du moins leur prestige et leurs privilèges, tandis que les entrepreneurs, les seuls à créer directement de la richesse, sont considérés avec suspicion.

L’enjeu est véritablement de laisse respirer un nouvel univers collaboratif et partenarial. Les universités ont vocation à casser des tabous et devenir de véritables espaces de prise de risques. Je pense que l’expérience d’universités d’Europe du Nord est formidable enrichissante de ce point de vue.

5/ Existe-t-il aujourd’hui en Europe et dans le monde des modes de gouvernance dans la décision publique ou dans la sphère privée qui se distinguent par leur caractère innovant ?

 Je souhaite que nous prenions le meilleur du modèle anglo-saxon pour réformer notre pays : la réduction drastique des dépenses publiques à la manière de la Suède des années 90 (où le budget est passé en quelques années d’un déficit de plus de 10 % du PIB à un surplus!), la « flexicurité » danoise combinant un marché du travail plus flexible avec une meilleure prise en charge du chômage, le pari irlandais de la fiscalité réduite, la qualité de la tradition parlementaire britannique… Tous ces ingrédients permettront, je l’espère, de construire un nouveau souffle, où l’histoire et l’avenir se rencontrent, avec la force d’une promesse.

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