Candidat aux législatives des Français de l’étranger en Amérique du Nord, Mike Remondeau entend enrichir le débat public par de vraies « passerelles » transatlantiques entre le territoire Américain et l’Europe. C’est dans ce sens qu’il a accepté de livrer son regard sur plusieurs enjeux de prospective qui marqueront la prochaine législature 2012-2017.
1/ L’entreprise UpCycle va installer à Paris la première champignonnière urbaine qui fonctionnera grâce au marc de café. L’objectif de cette initiative baptisée U-Farm est de produire une alimentation de qualité à l’empreinte carbone quasi nulle, grâce à des déchets transformés en ressources. Que vous inspire cette initiative ? Avez-vous déjà rencontré des expérimentations similaires ?
Cela m’a l’air très prometteur. Les emplois dont nous nécessitons tant viendront pour la plupart des nouvelles technologies des énergies renouvelables. Les Chinois sont déjà bien avancés avec les panneaux solaires ou le dessalement de l’eau. Les Américains ont compris qu’ils devaient être les premiers sur ce chantier et le président Obama en a fait un thème de campagne important pour la sortie de la crise. L’Europe et la France devraient entrer dans cette course aux nouvelles technologies moins timidement.
2/ Plusieurs responsables politiques prônent un « Buy European Act » sur le modèle américain. Une idée qui séduit de plus en plus une Europe en crise. Et qui viserait à mieux intégrer les PME dans la commande publique. Etes-vous favorable à ce type de programme ?
En temps de crise, tout séduit ! Ce n’est pas un hasard si les discours de Mélenchon ou de Lepen sont si attrayants. Historiquement, nous savons qu’en temps de crise économique ou sociale, les extrêmes progressent. L’Europe, bien que politiquement mal construite, n’est pas à jeter à la poubelle. Le «Buy european act » est intéressant mais c’est de la « poudre de perlimpinpin » et cela ne résoudra pas le problème de fond. Ce n’est pas en traitant les symptômes que l’on traite le mal. Le Conseil européen est attribué a l’exécutif de chaque Etat, le Conseil de l’Union européenne est constitué des ministres de l’exécutif de chaque Etat, la Commission européenne est formée de 27 commissaires choisis par le parti majoritaire de chaque Etat. Les seuls élus directs sont les parlementaires européens, mais ils ne peuvent pas proposer de lois. Je crois qu’on ferait beaucoup plus d’économie et gagnerait en efficacité en réduisant la taille de la bureaucratie européenne et en injectant une reforme de démocratisation des institutions.
3/ Certaines villes américaines sont pionnières en matière d’open-data. L’ouverture des données publiques vous parait-elle aller dans le sens d’une meilleure transparence de la vie publique ? Quels outils faudrait-il imaginer pour une meilleure appropriation de l’espace public par la société civile ?
Je ne suis ni pour, ni contre. Je pense que c’est au peuple de s’exprimer sur ce sujet. C’est le débat de la transparence contre la protection de la vie privée, c’est aux citoyens et citoyennes de choisir.
4/ L’une des images qui surgit à l’esprit lorsqu’on parle du continent Américain est sa formidable expansion dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Quels conseils donneriez-vous à de jeunes français désireux de développer des activités « outsourcing » ?
Je ne sais pas trop ce que vous entendez par activités « outsourcing ». La sous-traitance a du pour et du contre. Les américains ne sont pas seulement premiers sur les technologies d’info et de communication. Les USA sont la première puissance mondiale économique, technologique, culturelle, et militaire. Faut-il s’en inspirer ou faut-il en avoir peur ? En tant qu’américain, je pense qu’il faut s’en inspirer, mais je comprends que les avis puissent diverger sur la question vu les déviances économiques des néolibéraux et la politique étrangère agressive. Mon conseil pour les jeunes : allez aux USA et faites vous votre propre idée.