L’homme de nos vies, disponible sur Salto depuis le 29 juillet, arrive sur M6 le 24 novembre. Voici quelques bonnes raisons de voir la série.
C’est quoi L’homme de nos vies ? La vie de Camille bascule quand l’homme qu’elle aime disparaît du jour au lendemain après avoir vidé son compte en banque. Elle décide de le retrouver et découvre qu’il séduit d’autres femmes dans le but de les escroquer. Camille va tout faire pour ouvrir les yeux à ses victimes aveuglement amoureuses pour faire front contre lui et obtenir justice. Arriveront-elles à le faire tomber ?
Une histoire parfaitement ficelée
Loin des habituels polars des chaînes françaises, L’homme de nos vies est un thriller rondement mené, efficace de bout en bout, qui nous bouscule et bascule sans cesse du côté de ces 4 femmes, victimes d’un seul et même homme, sans jamais nous faire tomber dans la détestation de cet escroc particulièrement efficace. Si le rythme est sans doute trop rapide – la série aurait mérité 1 ou 2 épisodes de plus pour encore mieux s’approcher du cœur des personnages – il permet au moins de pas laisser le spectateur se reposer et l’envie de savoir comment cet escroc va tomber demeure la plus forte. C’est bien écrit (par Alice Van den Broek et Eliane Vigneron) et bien réalisé et la série nous fait passer le plus réussi des moments.
Jonathan Zaccaï : un choix parfait
En théorie dans une série, le personnage guide vers l’acteur que l’on va choisir pour l’incarner. Un même personnage peut difficilement mener à deux acteurs radicalement différents, notamment dans l’image qu’ils renvoient. Dès lors, comment a-t-on pu arriver à Jonathan Zaccaï quand le premier choix était Ary Abittan (écarté du projet après des accusations d’agressions sexuelles au début du tournage ? Non pas que ce soit une mauvaise idée, c’est même le contraire tant Zaccaï est parfait le rôle.
Abittan renvoie plutôt à l’image du séducteur qui sait qu’il séduit et qui en fait des caisses, n’hésitant pas à forcer le trait ; Zaccaï est plutôt dans le charme simple à l’anglo-saxonne, celui qui n’a pas conscience de séduire. Et ce sont donc 2 trajectoires opposées qui s’affichent : le séducteur contre le dragueur.
On comprend alors ici que ces héroïnes puissent flancher à ce point face au séducteur et sa classe indéniable. Comment ne pas avoir pu le choisir lui dès le début tant le choix paraît aujourd’hui évident ?
Odile Vuillemin, parfaite dans un rôle à contre-courant
Si tous les personnages féminins ne sont pas tous très bien servis (on est parfois à la limite de la caricature), certains en revanche font plus que tirer leur épingle du jeu. Avec un personnage lumineux, presque badass, et très loin de ce dans quoi on la voit d’ordinaire, Odile Vuillemin s’offre une partition qui lui va comme un gant, prête à en découdre afin de ne plus être une victime. Donnez lui un katana, et son personnage ira s’entraîner avec Beatrix de Kill Bill. Sans doute le personnage féminin le « plus moderne » de cette série. Et on soulignera aussi la révélation Aaricia Lemaire (Agathe) au charme redoutable et indéniable.
Sororité : « le pouvoir des 4 »
C’est quand elle décide de s’allier que ces 4 héroïnes victimes d’un escroc tiennent leur revanche et la mène à son terme. Comme on l’a dit, on aurait aimé que tous les personnages soient traités avec autant de justesse que celui d’Odile Vuillemin, et qu’elles soient moins dans une forme d’archétype. Mais l’alliance de ces 4 femmes confert un ton savoureux à l’histoire. C’est leur sororité en quelque sorte qui leur donne les clés de la vengeance.
La réalisation soignée de Frédéric Berthe
Sur les 10 dernières années, Frédéric Berthe a su démontrer qu’il comptait parmi nos très bons réalisateurs de fictions télévisées. Depuis No Limit en passant par Les Innocents, Pour Sarah, J’ai menti, ou encore Astrid et Raphaëlle, il donne de l’ampleur et de l’espace à ses réalisations. Une fois de plus, il trouve ici un terrain de jeu parfait, donnant une véritable identité à chacun des cocons de nos héroïnes. Il réussit particulièrement bien à filmer les espaces de La Réunion, et sait donner beaucoup de poésie à tout ce qui entoure le personnage d’Iris (Elodie Frégé), notamment les très belles scènes de cabaret. Grâce à lui, la série prend de l’ampleur là où elle aurait pu demeurer dans une forme de huis clos qui lui convenait pourtant bien.