Bernard Cazeneuve a déclaré ce lundi être favorable à des zones d’expérimentation, où la vitesse des automobilistes serait limitée à 80 Km/h.
La question est de plus en plus persistante depuis plusieurs mois ; aujourd’hui, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve s’en empare, bien que celle-ci soit impopulaire. Il envisage, en effet, une baisse de la limitation de vitesse. A l’occasion du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) qui avait lieu ce lundi, le ministre s’est dit favorable à une baisse de la vitesse de circulation autorisée de 80 Km/h au lieu de 90 Km/h sur les routes nationales et départementales. Cette mesure concernerait seulement les zones jugées dangereuses, les plus accidentogènes. Elle pourrait être mise en place à titre expérimental. « Il faut prendre le temps de la pédagogie », a estimé ainsi Bernard Cazeneuve. L’objectif est clair : diminuer le nombre de morts sur les routes. Bien que l’on observe chaque année une baisse de chiffre de la mortalité, celui-ci reste cependant important. L’an passé, celui-ci était de 3268 victimes. Mais le gouvernement ambitionne de passer sous la barre symbolique des 2000 morts d’ici 2020. Selon certains experts cette baisse de la limitation sur l’ensemble du réseau secondaire français permettrait d’éviter entre 350 et 400 vies par ans. Le ministre de la place Beauvau attend un rapport de la CNRS, afin de pouvoir recevoir l’ensemble des partis intéressés, et avant de faire le point avec l’ensemble des préfets.
Mais ce chiffre est contesté. Plusieurs associations dénoncent l’utilisation d’outils pas assez fiables pour mesurer la vitesse sur les routes. Les chiffres pourraient donc être tronqués. La Délégation interministérielle à la sécurité routière (DISR) reconnait que la méthodologie n’est pas parfaite : « Il a été mis en évidence, courant 2011, que les mesures récentes sur les vitesses sont sous-évaluées, les dispositifs de mesure étant systématiquement détectés et signalés à une fraction suffisante des usagers pour que l’ensemble du trafic décélère ». En cause, les instruments de mesures sont place dans le coffre de véhicules placés sur le bord des routes. Les usagers confondent alors ces voitures avec des radars embarqués. Un observe ainsi un net ralentissement des usagers à leur approche.
Cette mesure a surtout un coût. Selon la ligue de défense des automobilistes, abaisser la vitesse de circulation pourrait coûter près de 12 milliards d’euros. Jean Poulit, ancien chef du service de l’exploitation et de la sécurité routière, prévoit une perte de 39,5 milliards d’euros, soit près de 2 % du P.I.B. Il estime qu’une baisse de la limitation de vitesse engendrerait une hausse des temps de trajet trop importante. Ainsi, un certain nombre d’emplois et de commerces accessibles en une heure aux alentours seraient pénalisés, car les employés et les clients potentiels mettraient plus de temps qu’avant pour y aller, ce qui pourrait les en dissuader. Certains employeurs n’arriveront pas à trouver de salarié pour des postes à pourvoir, en raison de la durée de trajet trop importante entre le travail et le domicile.