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L’intelligence artificielle peut-elle créer une nouvelle fracture générationnelle ?

Face à l’irruption de l’intelligence artificielle dans le monde du travail, les jeunes comme les actifs sont à la croisée des chemins, entre curiosité, peur et inégalités de formation. Popularisée par ChatGPT, l’intelligence artificielle générative s’est imposée en quelques mois comme un outil incontournable. Mais la société, et surtout la génération Z, est-elle vraiment prête à vivre avec cette technologie, à travailler avec elle, à en faire un levier d’émancipation plutôt qu’un facteur d’exclusion ?

Trois études récentes, menées par l’ISC Paris, Rennes School of Business – en partenariat avec ChooseMyCompany – et le Groupe Planeta Formation et Universités (regroupant l’EDC Paris Business School, l’ESLSCA Business School, l’École de Guerre Économique, etc.), lèvent le voile sur les perceptions, usages et attentes des jeunes et des actifs face à cette révolution technologique. Si l’IA suscite un réel intérêt, elle révèle aussi des inégalités criantes de formation, un manque d’accompagnement généralisé et un mélange d’enthousiasme et d’inquiétude.

France, Espagne, Colombie… Un usage de l’intelligence artificielle encore timide et inégal selon les pays

Difficile d’échapper au sujet. En deux ans, l’intelligence artificielle a investi nos outils, nos méthodes de travail, nos formations. Pourtant, tous les jeunes ne l’abordent pas avec les mêmes armes. Une étude du Groupe Planeta, menée dans quatre pays (France, Espagne, Colombie, Italie), révèle un retard français inquiétant : seulement 21% des étudiants hexagonaux déclarent être capables de créer ou d’appliquer des outils d’IA, contre 35% en Colombie.

Autre indicateur : seuls 27% des étudiants français ont reçu une formation dédiée à l’intelligence artificielle, un chiffre en deçà de celui de leurs homologues colombiens (39 %) et espagnols (28%). Ce manque de formation pèse aussi sur la confiance : seulement 40% des étudiants français se sentent capables d’acquérir les compétences nécessaires, contre 65% en Colombie et en Espagne.

Et si les outils d’intelligence artificielle sont déjà utilisés par 69% des jeunes Français, ils ne sont que 21% à les utiliser quotidiennement selon le baromètre de l’ISC Paris sur « Le bonheur au travail vu par les jeunes de 18-24 ans ». L’usage reste donc occasionnel, souvent cantonné au cadre des études. Et les jeunes, notamment les femmes (47%), les habitants de province (42%) ou issus des milieux modestes (46%), se déclarent mal préparés à affronter ce tournant technologique. À l’inverse, 51% estiment être prêts, notamment les jeunes cadres (71%), les habitants d’Île-de-France (62%) et les hommes (59%).

L’intelligence artificielle au travail : un levier d’engagement ou de fracture sociale ?

Ce retard n’épargne pas non plus les entreprises. Le baromètre « Intelligence artificielle & Engagement 2025 » mené par ChooseMyCompany avec Rennes School of Business auprès de 13 000 salariés le confirme. 63% des collaborateurs français ne se sentent pas suffisamment accompagnés dans cette transition. Et pourtant, 69% l’utilisent déjà au travail, de façon plus ou moins régulière.

Mais là encore, l’intelligence artificielle génère une double lecture : gain de productivité et d’aide à la décision d’un côté, crainte de déshumanisation ou d’inégalités de l’autre. Ce sont souvent les mieux formés qui en tirent le plus de bénéfices. Chez les utilisateurs réguliers, le baromètre note un gain net d’engagement.

Face à l’intelligence artificielle, une génération ambivalente, en quête de sens et de repères

Le baromètre de l’ISC Paris, centré sur les 18-24 ans, montre une génération très divisée émotionnellement face à l’intelligence artificielle : 50% ressentent de l’inquiétude ou de l’incertitude, quand 55% expriment curiosité et motivation. Un quart d’entre eux vit même un mélange d’émotions positives et négatives, oscillant entre espoir et crainte.

Les interrogations sont nombreuses : questions éthiques, impact sur le sens du travail, qualité de vie, créativité… Près de deux jeunes sur trois s’inquiètent des enjeux moraux, et plus d’un sur trois craint que l’IA ne rende le travail moins porteur de sens. Pourtant, ils sont aussi 60% à reconnaître que l’IA leur permettra de gagner du temps.

Ce besoin de repères est d’autant plus pressant que l’intelligence artificielle est perçue comme un facteur de transformation massive des emplois. En France, 43% des étudiants craignent la destruction de postes provoquée par l’automatisation (selon l’étude sur l’intelligence artificielle et l’employabilité du futur du Groupe Planeta). Mais ils appellent aussi à des solutions : formations adaptées, partenariats avec les entreprises du secteur, ou encore encadrement réglementaire. 

Former, accompagner, rassurer : le triptyque indispensable pour prendre part à la révolution de l’intelligence artificielle

Face à ces constats, une chose est claire : la clé de l’intégration réussie de l’intelligence artificielle repose sur la formation et l’inclusion. Trop de jeunes, et de professionnels, se sentent laissés sur le bord de la route. Pour éviter qu’une nouvelle fracture technologique ne s’installe, les écoles et les entreprises doivent redoubler d’efforts : pédagogie, dialogue, accompagnement et co-construction.

Les initiatives se multiplient pour tenter de combler le fossé. Le Groupe Planeta Formation et Universités ajuste continuellement ses programmes. Au sein de ses écoles françaises, comme l’EDC Paris Business School, il encourage l’apprentissage des technologies émergentes et sensibilise ses étudiants aux opportunités offertes par l’IA. Des ateliers de formation et de réflexion sont également proposés aux enseignants pour les accompagner dans l’évolution de leurs méthodes pédagogiques. Rennes School of Business, de son côté, intègre l’intelligence artificielle dans ses expériences d’apprentissage à travers des formats innovants, comme le reverse mentoring, un dispositif où les étudiants deviennent les formateurs, partageant leur expertise sur l’IA avec des professionnels. L’école rennaise propose également un programme certifiant dédié à l’intelligence artificielle IASINFILTRE et spécialement conçu pour les dirigeants, managers et professionnels. 

Enfin, l’ISC Paris fait de l’intelligence artificielle un axe majeur de sa pédagogie. L’école a publié un livre blanc sur l’intelligence artificielle, fruit d’un travail collaboratif entre étudiants et enseignants, mené selon la méthode de l’Action Learning. Celle-ci valorise l’apprentissage par la pratique, le travail en équipe, la pensée critique et le leadership. L’établissement a aussi lancé un concours interne sur l’IA, mobilisant enseignants et personnels administratifs sur ses deux campus (Paris et Orléans), avec un objectif clair : explorer concrètement les usages de l’IA dans les pratiques éducatives et organisationnelles, tout en stimulant la collaboration et la créativité collective.

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