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Lucie Carrasco : « Voyagez », « ne vous inquiétez pas, si vous en rêvez, faites-le, c’est beau ! »

En véritable globe-trotteuse, Lucie Carrasco parcourt le monde (États-Unis, Japon, Brésil, Canada). Elle se déplace en fauteuil roulant, atteinte d’une maladie génétique dégénérative, ce qui ne l’empêche pas de faire le tour du globe. Avec ce 5ème volet, Lucie en Californie, c’est donc un retour aux États-Unis que nous propose France 5, programmé pour le 28 juin : les plages du Pacifique, les faubourgs de Los Angeles, des décors de l’Ouest américain, … Et aussi de belles rencontres …

Qu’est-ce qui vous motive dans la réalisation de ces documentaires ?

Lucie Carrasco : Simplement le fait de voyager … Même si je ne faisais pas ces documentaires, je voyagerais parce que c’est quelque chose d’essentiel, j’en ai besoin, c’est mon oxygène, c’est ma soupape. Le fait de voyager, de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, c’est vraiment quelque chose de très important pour moi (…). C’est une vraie joie de travailler dans ce que je préfère au monde : voyager. Relier le travail avec ma passion, c’est quelque chose de fantastique.

Quel impact espérez-vous auprès du public ?

J’espère donner envie de voyager éventuellement, ou en tout cas, j’espère faire voyager surtout des personnes qui ne voyagent pas, pour x raisons, qu’elles aient un handicap ou non. Il y a beaucoup de personnes handicapées qui ne voyagent pas, parce qu’elles n’ont pas la possibilité physique, ou alors parce qu’elles ont peur de ce qui peut se passer dans les avions (…). Moi, l’idée c’est de pouvoir dire à ces personnes, on peut faire des choses. Mais ça ne s’adresse pas du tout, uniquement, à un public handicapé. C’est juste pour n’importe quelle personne qui est chez soi, qui rêve sa vie et qui n’ose pas entreprendre, qui n’ose pas voyager (…). J’ai juste envie de leur dire : « Ne vous inquiétez pas, si vous en rêvez, faites-le, c’est beau ! » Donc, c’est vraiment un message d’optimisme, de positivité. Et « si vous ne voyagez pas pour x raisons, au moins voyagez un petit peu avec nous à travers nos documentaires. »

Y a-t-il une rencontre qui vous a profondément marquée ?

Oui, il y en a plusieurs … Au Japon, à Hiroshima, on a rencontré un vieil homme qui donnait des graines à manger aux moineaux. Les moineaux venaient manger directement dans sa main. Il était entouré de dizaines et de dizaines d’oiseaux, au pied du dôme d’Hiroshima qui est le dernier vestige du bombardement. (…) Cet homme était enfant quand a eu lieu le bombardement. (…) il n’y avait alors plus rien à manger parce que tout était complétement dévasté, (…), il mangeait des oiseaux. Lui, sa vie a été vouée à remercier. (…) il aurait pu passer sa vie à avoir la haine de l’ennemi. Et il a choisi de remercier les oiseaux de lui avoir sauvé la vie et de lui avoir donné à manger. (…) Ce monsieur m’a bouleversé et il n’y a pas un jour où je ne pense pas à lui.

Il y a une autre rencontre très importante, au Brésil, à Praia do Sono, un petit village de pêcheurs et de surfeurs isolés du monde où j’ai rencontré les enfants qui vivaient là. On est allés à leur rencontre à l’école et c’était très émouvant. (…) Ils m’avaient tous fait des dessins, et ce qui m’avait le plus marqué c’est Catarina, une petite qui était dans la classe. (…) Catarina, c’est le prénom que j’aurais voulu donner à ma fille si j’avais eu une fille. Finalement, mon choix a été de ne pas avoir d’enfant. (…) elle est venue m’apporter son dessin, (…) elle m’a dessinée sur la plage, elle et sa copine debout, et moi dans mon fauteuil. En quelques secondes, je me suis dit : « Elle m’a intégrée dans son monde ! ». Et en fait, si j’avais été là quand j’étais enfant, j’aurais pu être dans cette école et être la copine de ces filles. Moi, j’étais enfermée dans des institutions et pas dans une « école normale » et cela m’a beaucoup manqué. Donc, en quelques secondes, cela a provoqué une vague d’émotion en moi (…).

Sur le dernier documentaire (ndlr : Lucie en Californie), il y a eu aussi Tracie, en fauteuil roulant, qui a une sclérose en plaques et qui fait du skate, au milieu des skateboarders, dans le skatepark de Venice Beach. Elle s’élance avec son fauteuil. Elle est complètement incroyable, (…) c’était aussi une très belle rencontre.

Lucie en Californie, présenté en avant-première à Cannes, va être diffusé le 28 juin à 21h00 sur France 5. Que retenez-vous de cette aventure ?

Ce que je retiens à Cannes, c’est qu’il y a eu une standing ovation, donc je pense qu’ils ont aimé. (…) Il y a plein de choses au programme de ce documentaire : la découverte de paysages très contrastés, alors que l’on reste dans le même État. On a l’océan, le désert, la forêt, les lacs… C’est complètement incroyable et on a fait de très belles rencontres. Ce que je garde comme souvenir, c’est un souvenir de chaleur intense (…). Il faisait très chaud, même si le tournage est toujours très agréable car on est une équipe soudée, on se connaît.(…) Je retiens la positivité et l’optimisme des gens, et encore une fois aux États-Unis, (…), le « non préjugé » des gens, quelle que soit ta couleur de peau, ou quel que soit ton état, handicapé ou pas. C’est quelque chose qui est très agréable à vivre, et particulièrement en Californie (…).

Quels sont vos projets futurs ? Y a-t-il un pays que vous aimeriez explorer ?

La bonne nouvelle, c’est que l’on va tourner le sixième en septembre. Donc il y aura un sixième épisode (…). Ce sera dans un pays merveilleux que je rêvais de découvrir. Moi, dans l’absolu, (…) toutes les nouvelles cultures et tout nouveau pays me passionnent. (…) Et en dehors du prochain qu’on va tourner, il y a des destinations qui nous plairaient, comme l’Australie, mais cela impliquerait plus de temps de tournage parce que le voyage est très long. (…) J’aimerais beaucoup aussi faire les pays d’Europe du Nord : Finlande, Suède, Norvège, ou l’Islande ou l’Angleterre, Écosse, les pays celtes (…). Voilà, ce sont des envies que je peux avoir, mais on se met toujours d’accord avec Jérémy (ndlr : Jérémy Michalak, réalisateur et animateur). (…) tant qu’on a des choses intéressantes à dire et à faire découvrir, je suis partante pour le tour du monde.

Vous êtes l’héroïne de la bande dessinée Le tour du monde de Lulu. Avez-vous souhaité toucher un public plus large, à destination des enfants handicapés, ou pas seulement ? Envisagez-vous une nouvelle bande dessinée ?

Oui, on a envie de faire la suite. Sur Le Tour du Monde de Lulu, on est sur une page, un gag, et une page, une destination. Et là on va partir sur une histoire complète, un petit peu déjantée. Donc c’est en train de mûrir, pour répondre à l’envie des gens, – surtout le public qui adore nos émissions -, et qui nous disent « on a envie de vous voir plus ». (…) disons qu’on peut prolonger le plaisir avec cette bande dessinée où on reprend des anecdotes de tournage (…). C’est surtout la prolongation, la continuité de notre documentaire, c’est le même humour, c’est contrasté, c’est coloré, donc c’est vraiment à l’image de nos documentaires. (…) On n’est pas du tout dans le militantisme pour dire les choses par rapport au handicap (…), pour moi l’idée, c’est pas du tout de ne parler qu’aux handicapés, mais plutôt de dire que la vie est remplie de gens différents et c’est ça qui fait la richesse de nos vies.

A lire aussi : Qui est Lucie Carrasco, chargée d’une mission gouvernementale sur le handicap ?

Crédit photos : : © Jetlag TV

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