Ce lundi 3 février débute l’exposition « L’Italie de Bernard Plossu » à la maison européenne de la photographie dans le 4e arrondissement. L’occasion pour l’auteur de présenter ses clichés à l’aspect si particulier, qui mêlent profondeur et simplicité du quotidien en se pavanant sur des noirs et blancs nonchalants jusqu’aux couleurs azurées portant un reflet doré et orangé qui reflète si bien sa méditerranée d’origine.
C’est en 1945, au Vietnam, que naît Bernard Plossu. Féru de cinéma, il souhaite dans un premier temps devenir cinéaste, en accord avec la contre-culture américaine et les influences de la nouvelle vague qui l’ont toujours inspiré.
C’est donc à travers le cinéma que ce futur photographe de profession apprend l’image. Peut-être est-ce cela qui a donné à ses photographies ses traits si particuliers. Car cette inspiration et ce rapport au mouvement, il le cultivera toute sa vie, au travers de son oeuvre mais aussi ses rencontres, en essayant à chaque fois de retranscrire la profondeur d’un sentiment à travers une image, un geste, une attitude.
Il commence à exercer au début des années 1960 en se plaçant en décalage avec les modes et l’esthétique ambiante. Suite à ça, il ancrera définitivement son expérience des voyages après sa traversée du sud de l’Espagne en 1987 qui lui rappelle son passé d’arpenteur du désert de l’ouest américain et du Sahara.
Il trace donc son parcours à contre-courant de la pensée unique en développant un art qui est aujourd’hui indescriptible et qui surtout, lui ressemble.
L’Italie, une évidence
Mais c’est aujourd’hui principalement sur l’Italie qu’est axée l’exposition. Car l’Italie, ce sont ses origines, ce paradis lointain que lui chantait régulièrement sa mère lorsqu’il était enfant. Mais c’est également un retour aux sources professionnellement parlant : le néoréalisme italien l’a toujours inspiré.
Il y met les pieds pour la première fois en 1970. Il passe alors par Naples, Rome, Pompéi et est immédiatement ému premièrement par l’atmosphère et le charme des villes méditerranéennes dont les couleurs sont indescriptibles, puis dans un second temps par les ambiances, la nourriture et d’une certaine manière le quotidien des gens qui y résident.
Enfin, l’architecture verticale et les petites ruelles, les dédales propres aux villes du sud qu’il n’arrivait pas à trouver dans l’étendue désertique de l’ouest américain.
Des noirs et blancs saisissants
C’est principalement en noir et blanc qu’il choisit de nous présenter ce travail qui étale des clichés du début des années 1980 à nos jours. Un contraste de couleur mais aussi d’époque, où la date de l’année en cours se mêle parfois à une confusion dans la ressemblance d’un paysage mais aussi d’une architecture qui ne se subit pas les outrages du temps.
Un travail livré sous un angle spécial dont se dégage parfois calme et simplicité, de par une main nonchalante qui vient enlacer le cou d’une femme assise sur un banc, ou par la sérénité d’un paysage montagneux aussi impressionnant que relaxant. Parfois, l’atmosphère d’époque et les rencontres fortuites flottent au-dessus des clichés, spécialement dans le Naplesdes années 1980 où les photos font nettement penser à un film noir de cette époque.
Les inspirations cinématographiques de l’auteur ressortent précisément dans ce genre de travail où l’on aurait presque l’impression que les personnages vont sortir de leurs inanimations pour prendre vie et se mettre à déambuler au travers des ruelles en rejouant des scènes d’un film de gangsters.
L’exposition de Bernard Plossu se tiendra du 3 février au 5 avril 2015, un délai relativement court pour présenter un sentiment de plénitude et de travail achevé sur une région qui est plus qu’une origine pour son auteur, mais qui c’est bel et bien saisi de sa personne. D’ailleurs, il cite volontiers Kazantzakis lorsqu’il évoque le sujet : « L’Italie a pris possession de mon âme, mon âme a pris possession de l’Italie ».