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Menacé de mort à 17 ans pour avoir soutenu Charlie Hebdo

Louis, 17 ans est menacé de mort depuis plusieurs mois. Son tort ? Etre le rédacteur en chef d’un journal lycéen ayant publié un hommage à Charlie Hebdo le 22 Janvier.

Ce lycée du Val de Marne était en effet particulièrement touché par les attentats : parmi les élèves se trouvent le fils du correcteur Mustapha Ourrad, tué dans l’attaque au siège de Charlie Hebdo, et la nièce d’une victime d’Amédy Coulibaly dans l’hyper Cacher. Le journal La mouette baillonnée avait fait le choix d’appeler les lycéens à participer à l’élaboration du journal, sous la forme de poème, textes ou encore de dessein. Aucune caricature de Mahomet n’avait été publiée. Louis confie à France Info qu’il n’y avait pas eu de problème, « mis à part un professeur qui fait un scandale en disant qu’on ne parlait pas assez des juifs de m’Hyper Casher ».

Sept menaces de mort depuis Janvier

Le demain, une première lettre est déposée, contenant une Une du journal, ainsi qu’une croix gammée, un cercueil, des références à Dieudonné et une lettre de menace de mort dans le casier de l’élève de première. Louis dépose plainte, mais la police lui demande rester discret, Suivent sept menaces, dont deux comportant une puis sept balles. La dernière, reçue début Mai, « avait un gout d’ultimatum » : il est écrit notamment « on veut ta mort » ou encore « commence à faire tes adieux ».
Louis avait donc demandé une protection policière, effective seulement deux jours. Depuis il se déplace avec « deux bombes lacrymogènes » en permanence sur lui, et il confie « ne dormir que quelques heures par nuit« , « ne plus sortir seul dans la rue« . Il est raccompagné chaque soir par son proviseur, qui n’a pas souhaité commenter cette affaire, ou son adjointe. Le jeune homme est particulièrement inquiet, car il sait qu’il croise l(es) auteur(s) de ces menaces : ces lettres sont déposées dans son casier : avec le plan Vigipirate, seules des personnes de l’établissement peuvent rentrer dans l’enceinte du lycée. Alors qu’il doit passer le bac de français à la fin de l’année, ces conditions de travail sont particulièrement difficiles : « j’ai consulté récemment un médecin judiciaire qui a évalué mon préjudice à 9 jour d’incapacité totale de travail« .

De nombreux soutiens

« Dégoûté par le manque de soutien de l’Education Nationale », il peut compter sur d’autres soutiens : son lycée se mobilise aujourd’hui. Les professeurs ont utilisé leur droit de retrait, excédé par la situation : « Cela dure depuis des mois. Au début, nous n’avons rien dit pour laisser l’enquête se faire, mais rien de concret n’a été fait », déplore Pascale Morel, professeure d’histoire. Un décalage entre les dires du ministère de l’Education Nationale, qui a fait de la lutte contre le harcèlement une priorité, et le silence sur cette affaire scandalise. Najat Vallaud-Belkacem a réagi dans un communiqué : « Dans cette affaire, une enquête judiciaire est en cours, la ministre en respecte donc les procédures », la ministre « ne peut que s’indigner, si les faits sont avérés, qu’un élève soit menacée mort pour ce qu’il a écrit. L’école défend les valeurs de la République, et la liberté d’expression en fait partie ».
« Dégouté« , Ris, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a exprimé son soutien au micro de France info: « C’est scandaleux qu’on puisse menacer un lycéen juste pour un journal lycéen« , « la liberté d’expression est pour tout le monde« . Il demande aussi une protection pour Louis : « Quelqu’un qui reçoit des menaces comme celles-là devrait être protégé (…) être seul est assez anxiogène« .
Reporter Sans Frontière a aussi réagi sur BFM TV, en la personne de Christophe Deloire, secrétaire générale de RSF: « un journal lycée doit être protégé, au même titre que le reste de la presse. (..) C’est tragique qu’un lycée de 17 ans soit victime de menaces de morts réitérées après la simplement pour la publication d’un journal consacré à Charlie, quelques jours après la tragédie.« . RSF demande aussi plus de protection : « Il est inadmissible que l’administration n’ait pas déployé l’ensemble des mesures nécessaires à la protection de ce journaliste lycéen« .
Le rectorat de Créteil recevra vendredi matin une délégation de six personnes, composée de professeurs, et de parents d’élève. « La situation est préoccupante » assure Vincent Auber, directeur académique adjoint du département.
Près de cinq mois après les tragédies dues Janvier dernier, voici ce qu’il reste de « l’esprit Charlie » : un lycéen de 17 ans menacé de mort pour avoir exercé son droit de liberté d’expression.

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