1er mars 1987. Jean Drucker lance Métropole 6, la « petite chaîne qui monte » comme se vante le slogan un an après la création de cette sixième chaîne. Ce nouveau canal, une révolution à l’époque dans le PAF, affiche trente ans plus tard un bilan financier rentable et se stabilise autour des 10% de Part d’Audience (PdA).
Des débuts difficiles
Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance pour M6. Durant les premiers mois de diffusion, la bataille était rude entre les cinq chaînes hertziennes et les téléspectateurs ne se pressaient pas devant les programmes, ce qui entraîna un déficit allant jusqu’à 1 million de francs par jour. Pourtant, Jean Drucker s’entête à maintenir sa stratégie : une contre-programmation avec plus de musiques et de séries, et moins d’émissions afin de réduire les coûts. C’est lors de la disparition de La Cinq en 1992 que M6 deviendra enfin rentable pour la première fois après 5 ans d’efforts. De 1,8% de PdA en 1987, la Six dépassera les 12% dix ans plus tard.
Une chaîne qui mène la danse
Poursuivant cette logique de contre-programmation, M6 lance en 2001 Loft Story, la première télé-réalité diffusée en France. Malgré les controverses, c’est un immense succès d’audience avec 11,7 millions de téléspectateurs pendant le prime final lors de l’annonce du gagnant. Nous pouvons aussi citer Nouvelle Star, Pékin Express ou encore Top Chef, des nouveaux concepts que la Six a osé mettre à l’antenne avec succès.
Cette réussite est d’ailleurs jalousée par TF1 et sa part d’audience deux fois supérieure. En effet, la Une a repris des formats testés par M6 à de nombreuses reprises : TF1 a répliqué à Loft Story avec Secret Story, à Top Chef avec Masterchef, à Pékin Express avec Koh-Lanta ou encore à Nouvelle Star avec The Voice. Ces reproductions réussies ne suffisent pas à TF1 qui reste lourdement déficitaire à cause d’un coût de grille important. Sur le marché européen, la première chaîne d’Europe est aussi celle qui a le plus faible taux de marge. Chez M6, on séduit les cibles jeunes avec des programmes forts grâce auxquels la chaîne est rentable. Son bénéfice net a grimpé de 33% en 2016 (152,7 millions d’euros), les records d’audiences ayant aidé la vente de spots publicitaires. Aussi, la Six est la chaîne qui a le moins souffert de l’arrivée de la TNT en 2005, puis de l’arrivée de six nouvelles chaînes gratuites en 2012 (dans ce bouquet, TF1 est propriétaire d’HD1 et M6 de 6ter, NDLR).
Evolution des audiences de TF1, France 2, France 3 et M6 sur 20 ans, entre 1996 et 2016
M6 a su faire les bons choix, au point d’être depuis 7 ans la troisième chaîne française en part d’audience. Cette dernière est d’ailleurs assez stable, autour des 10%, grâce à un public fidèle et des ménagères en nombre sur les gros formats de la chaîne. Elle concentre ses efforts sur la fin de journée avec Les Reines du Shopping et Chasseurs d’Appart qui cartonnent sur les cibles prioritaires d’M6 avant de présenter un catalogue important d’émissions phares de la chaîne, revenant à tour de rôle années après années. Afin d’optimiser au maximum sa rentabilité, la Six fait d’ailleurs appel à des productions internes comme Studio 89, un modèle que Gilles Pelisson, le PDG de TF1 a indiqué vouloir suivre en conférence avec ses investisseurs le mois dernier avec le rachat de Newen.
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Les ambitions futures d’M6
M6, c’est aussi un groupe comprenant W9, 6ter, Teva, M6 Music, M6 Boutique & Co, Girondins TV, Série Club et Paris Première. Ce dernier a affiché ses ambitions en décembre dernier : racheter son frère. En clair, le groupe M6 appartient au luxembourgeois RTL Group, qui détient donc aussi les activités françaises de la radio homonyme (RTL, RTL2, Fun Radio). L’idée pour le groupe M6 serait de créer un groupe de médias global qui permettrait de rivaliser un peu plus avec ses concurrentes. Parmi ses chantiers, il y a aussi la relance de W9, la poursuite de la bataille pour obtenir Paris Première sur la TNT Gratuite, et enfin trouver de nouveaux partenaires pour les Girondins de Bordeaux, qui permettraient au club de le relancer parmi les 5 meilleurs de Ligue 1. En 2016, 8,9 millions d’euros de déficits étaient à constater.
Nicolas de Tavernost, actuel président d’M6 a été élu jusqu’en 2020 à la tête du directoire du groupe. Cependant, celui qui officie aux postes de direction depuis les débuts de la Six va préparer son départ… et l’on ne devra pas se tromper sur son successeur, qui se doit de garder les mêmes ambitions pour la chaîne.
Pour l’heure, M6 fêtera son anniversaire ce mercredi à la maison de la Mutualité à Paris auprès de ses collaborateurs avant de proposer le 7 mars un prime spécial avec les anciens visages et les présentateurs actuels de la chaîne.