L’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie suscite quelques vives réactions à gauche. Portrait d’un homme qui symbolise le tournant social-libéral que prend le mandat Hollande.
Aimé ou détesté, Arnaud Montebourg était une des figures, la personnalité, du premier gouvernement de Manuel Valls. Utopique et idéaliste, le pro « made in France » avait l’habitude de dire qu’il était contre « la Macronisation de la vie politique ». Manque de bol, alors que son interview dans Le Monde et son discours à Frangy ont précipité la chute du gouvernement Valls I, c’est Emmanuel Macron qui prend sa place à Bercy.
Méconnu du public, l’homme est pourtant devenu une star en 24 h. Une allure assez noble, un CV bien rempli avec un côté brillant Emmanuel Macron va sans doute autant marquer les Français que son prédécesseur. À 36 ans, sa jeunesse est mise en avant, il doit donner le top départ du renouveau de l’économie en France.
Un parcours scolaire ministériel
Que l’on soit de droite ou de gauche, il faut bien admettre qu’il y a une logique dans la vie. Le nouvel hôte de Bercy est diplômé des meilleures écoles de France. Baccalauréat au Lycée Henri IV suivi de Science Po Paris, l’ENA – promotion Léopold Sédar Senghor – dont il sort Inspecteur des finances et un DEA de philosophie politique. Ce n’est donc pas si étonnant de retrouver l’énarque dans le gouvernement. D’autant plus qu’il connaît bien l’Élysée où il fut conseillé de François Hollande sur les questions économiques et financières et secrétaire général adjoint de la présidence de 2012 jusqu’au printemps.
Le PS depuis toujours
En 2002, Emmanuel Macron rentre au PS. Il est encore à l’ENA à ce moment-là. Il s’offrira deux ans assez à l’écart de la politique. Se concentrant sur son travail d’adjoint d’un des penseurs les plus influents du siècle dernier, Paul Ricoeur. Avec lui, il va analyser les œuvres de Machiavel et Hegel, ce qui pourrait fort lui servir aujourd’hui.
Sa « carrière politique » se lance en 2007 lorsqu’il devient rapporteur général adjoint de la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali. C’est sa première rencontre avec l’ancien conseiller de François Mitterrand, c’est d’ailleurs comme cela qu’il rencontre François Hollande, et le courant passe tout de suite très bien.
En 2012, Emmanuel Macron continue à admirer le combat de François Hollande et se range derrière lui pour la primaire socialiste. Il restera d’ailleurs à ses côtés encore pour élaborer son programme présidentiel. Considéré comme un homme « clef » de la victoire de Hollande, il le suit ensuite à l’Élysée.
Cependant, sa nomination à Bercy a suscitée le mécontentement d’une grosse partie de l’aile gauche du PS. La démission du gouvernement précédent, et son entrée au ministère de l’Économie en lieu et place d’Arnaud Montebourg,(future) figure des frondeurs du Parti Socialiste, a marqué le tournant social libéral du mandat Hollande. Il se pourrait que l’ancien conseiller du Président soit pris en grippe par une majorité de Socialistes.
Car en finance et en économie, Emmanuel Macron s’y connaît. Avant de tout plaquer pour rejoindre François Hollande à l’Élysée, il a été banquier d’affaires chez Rothschild. Son aisance avec ce monde-là lui a permis de grimper les échelons dans la banque d’affaires. Peu avant son départ, il était devenu associé-gérant. Un si haut poste dans la finance, on pourrait appeler ça un délit pour les membres de l’aile gauche socialiste