L’ancien Premier ministre français a annoncé ce mercredi sur BFMTV qu’il a l’intention de voter pour Emmanuel Macron lors du premier tour de l’élection présidentielle.
Manuels Valls a affirmé mercredi sur BFMTV et RMC qu’il ne votera pas pour Benoît Hamon le 23 avril 2017. « Oui, je voterai pour Emmanuel Macron » au premier tour de la présidentielle, a-t-il confirmé au micro de Jean-Jacques Bourdin.
« Une prise de position responsable, » selon Valls
Il y a deux semaines, l’ex-Premier ministre avait démenti appeler à voter pour Emmanuel Macron, mais il ne s’était pas encore officiellement exprimé sur son intention de vote. Manuel Valls a indiqué ce mercredi qu’il ne s’agit pas d’un « ralliement » derrière le candidat du mouvement En Marche, mais d’une « prise de position responsable » face au danger que représente le Front national. « Rien n’est joué pour le premier tour, ni pour le second, dans un climat nauséabond. Je crains une abstention forte, je m’étonne aussi qu’on ne souligne pas plus le risque du Front national (…) Je ne prendrai aucun risque pour la République, pour la France, » a-t-il expliqué à l’antenne.
« Je veux donner plus de forces au candidat réformiste, progressiste, » a déclaré le député de l’Essonne. « Je ne veux prendre aucun risque, » a-t-il ajouté.
Lors de l’émission de Jean-Jacques Bourdin, Manuel Valls a également critiqué « l’erreur de campagne » de Benoît Hamon. Avant la primaire du Parti socialiste, l’ancien Premier ministre avait déjà annoncé qu’il ne défendrait pas le programme de son adversaire si celui-ci remportait le vote des électeurs.
Emmanuel Macron a remercié Manuel Valls sur Europe 1, mais il a laissé entendre qu’il ne gouvernerait pas avec lui s’il venait à être élu. « Je serai le garant du renouvellement des visages et des pratiques, » a-t-il précisé.
Valls est « un homme sans honneur » pour Montebourg
Les critiques n’ont pas tardé à fuser au sein de la gauche où de nombreuses figures du PS se sont indignées contre la déclaration de Manuel Valls de ce matin. Nombreux sont ceux qui se sont exprimés sur leur compte Twitter.
Le candidat de la droite François Fillon a également réagi au ralliement de Valls pour Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux. Selon lui, le leader d’En Marche ! serait l’héritier de François Hollande.
Sur le blog de son site officiel, Marine Le Pen a quant à elle dénoncé une « vaste entreprise de recyclage des sortants du système. » La présidente du Front national écrit notamment : « Je suis frappée par l’indécence du comportement de la classe politique française vis-à-vis de la démocratie. D’un côté ou d’un autre s’affiche le mépris pour le résultat des primaires pourtant présentées à l’époque comme le summum de la vie démocratique. »
Manuel Valls a rejeté les critiques à son encontre en rappelant que les soutiens de Benoît Hamon avaient essayé pendant cinq ans de voter des motions de censure contre son gouvernement. Malgré sa signature de la charte de la primaire qui l’engage normalement à soutenir le vainqueur et ses différences d’opinion avec Emmanuel Macron, Manuel Valls apporte ce matin son soutien au candidat : « C’est vrai, j’ai évidemment réfléchi (…) L’intérêt supérieur de la France va au-delà des règles d’un parti, d’une primaire, d’une commission. »
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La réaction de Benoît Hamon
Benoît Hamon s’est exprimé mercredi sur France 2 et a réagi à l’annonce de l’ex-Premier ministre. « A un moment où la démocratie est en danger, où on constate qu’un grand parti, le Front national, anti-démocratique, pourrait prendre le pouvoir, ne pas respecter le verdict des urnes, ça pose problème« , a-t-il déclaré. « J’avais compris qu’en gagnant la primaire, au regard du projet politique qui était le mien, ma volonté de tourner la page avec des solutions qui avaient jusqu’ici échoué, que ceux qui avaient échoué n’allaient pas me laisser faire campagne tranquillement. […] Ce n’est pas pour autant qu’on change de cap, » a-t-il ajouté.
Le directeur de campagne de Benoît Hamon a parlé sur l’antenne de BFMTV du « dernier acte d’une tentative un peu minable de sabotage. » Mathieu Hanotin ajoute : « Manuel Valls a choisi de renier sa parole. Après on pourra avoir tous les prétextes… j’ai du mal à comprendre qu’un ancien Premier ministre renie sa parole. Ça donne l’image d’une partie de la classe politique qui est prête à tout pour rester au pouvoir. »
De leur côté, certains soutiens du candidat Emmanuel Macron ont salué le choix de Valls. « Être fidèle à ses idées plutôt qu’à son parti, moi, je m’en réjouis, » a déclaré Benjamin Griveaux, porte-parole d’En Marche, sur BFMTV. Le député socialiste François Loncle a également applaudi la prise de position de l’ancien Premier ministre. « Le cauchemar français serait un second tour Fillon Le Pen. Manuel Valls place l’intérêt de la République au-dessus de toute considération. »