Vendredi 1er avril, Sergio Pelo, auteur du roman Mémoire d’Outre-Tonte fêtait ses 118 ans. Tandis que Stéphane Buret, l’auteur derrière l’alias, du haut de ses 45 ans fêtait la première année de son roman autoédité par le biais d’Amazon. Entretien avec cet ancien journaliste jeux-vidéo qui a transformé une « grosse remise en question à l’aube de la quarantaine » en reconversion professionnelle.
Mémoire d’Outre-Tonte est une parodie de roman autobiographique dans laquelle Sergio Pelo, vieillard de 116 ans un peu abîmé par l’Alzheimer, tente de coucher sur papier sa longue vie de coiffeur puis d’esthéticien à Paris. Sergio réinvente à la fois sa propre histoire, mais aussi celle de la France et s’improvise tantôt libérateur de la France occupée par l’Allemagne nazie, négociateur de la construction du tunnel sous la manche ou grand gourou du festival de Woodstock. Chaque décennie depuis le début du XXe siècle y passe et tout le monde en prend pour son grade. Pelo se pose en tombeur de ces dames puisqu’il comptabilise une bonne quinzaine d’amantes toutes plus connues les unes que les autres (Maryline Monrototo, Josée-fine Baker, Edith Fiat, Lolita Gaga…), mais il ne délaisse pas pour autant la gent masculine, en particulier le célèbre Serge Gainguette.
Entre Paris (et l’aéroport Charles de Gaulledorak), l’Espagne et les Etats-Unis (Wooscoke et Boboliwood notamment), Sergio Pelo ne rate pas une seule occasion de faire des jeux de mots et de transformer aussi bien les faits que les dates, un ton très humoristique totalement assumé et revendiqué par Stéphane Buret qui explique qu’il s’ennuie s’il écrit sans humour et que le jeu de mot s’impose naturellement : «Moi quand j’étais ado et que j’ai commencé à faire des blagues c’était la grande époque des jeux de mots. Après ça s’est ringardisé et transformé en « humour de papa » mais ça revient depuis quelques temps. […] Je suis un peu comme Nabilla, parfois j’entends quelque chose et je comprends autre chose, la différence c’est que moi je le sais. Parfois je me sens en concurrence avec les ch’tis ou les marseillais. » Les époques et les classiques se mélangent, entre anachronismes et sobriquets et le lecteur se retrouve perdu dans un joyeux bordel peuplé d’icônes, de dictateurs et d’artistes en tout genre. Tous les styles se mélangent, et l’univers geek fait une entrée en force dans les derniers chapitres quand Star Wars rencontre la Reine des neiges et Game of Thrones, tandis que le Seigneur des anneaux pointe le bout de son nez.
Pour le quarantenaire, de la génération Coluche et Desproges, l’autoédition est apparue comme une évidence, conscient de la forme et du fond particulier de son roman et soucieux de ne pas avoir à les modifier suivant l’avis d’un éditeur. S’il ne regrette pas son choix, il songe quand même à faire éditer le second roman sur lequel il travaille actuellement : « j’ai décidé de baisser d’un ou deux tons […] ce sera plus classique et dans la forme et dans le fond ». Enfin ne nous affolons pas, ça reste une parodie heroïc fantasy sur fond sérieux de critique des totalitarismes, bref : ça promet.
Organisé sous forme ludique avec un dialogue fictif avec l’éditeur à la fin de chaque chapitre. Une occasion pour l’auteur de s’exprimer pour éclaircir certains points et de nuancer son propos et quelques-unes de ses blagues. Bien sûr, ce dialogue fictif est également un moyen supplémentaire d’impliquer le lecteur dans le jeu de devinettes ludique que constitue le roman : « j’avais envie que le lecteur fasse l’effort et aille regarder l’original », explique Stéphane Buret à propos des nombreux remakes de chansons présents dans le roman. Mémoires d’Outre-Tonte apparait donc bien comme un «ovni » dans le paysage littéraire, tant dans son fond loufoque que dans sa forme.
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