Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizières, suggère de couper les fonds structurels de l’Union Européenne aux pays opposés aux quotas de réfugiés. Cette annonce intervient après l’échec, hier à Bruxelles, d’un accord entre pays de l’UE sur la répartition de 120 000 réfugiés.
La solidarité, c’est aussi dans les deux sens. C’est ce qu’a voulu signifier ce matin Thomas de Maizières en s’adressant aux pays opposés aux quotas d’accueil de réfugiés. Quatre pays sont dans le viseur du ministre de l’intérieur allemand : la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.
Hier, la réunion à Bruxelles entre les 28 ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’UE a échoué. Les pays membres de l’UE n’ont pas réussi à trouver un accord sur une juste répartition par pays de 120 000 réfugiés. « Les pays qui refusent la répartition par quotas sont les pays qui reçoivent beaucoup de fonds structurels européens », a précisé Thomas de Maizières.
Pour faire pression sur ces pays, l’Allemagne entend tout simplement réduire ces fonds structurels, bénéficiant majoritairement aux PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) fraîchement entrés dans l’UE, dont les quatre pays cités plus haut. Pour rappel, l’Allemagne, qui s’apprête à accueillir environ 1 millions de réfugiés en 2015, a rétabli hier les contrôles à sa frontière avec l’Autriche.
Bernard Cazeneuve : « pas une Europe à la carte »
La France, par la voix de son ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, s’est mise au diapason avec l’Allemagne. Refusant l’idée d’une « Europe à la carte », il a lui aussi montré du doigt la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.
Ce dernier pays a refusé catégoriquement l’installation à ses frontières de « hotspots », centres d’accueil chargés d’enregistrer les migrants à leur arrivée en Europe, et de distinguer en amont s’ils relèvent du droit d’asile ou de l’immigration illégale. La Hongrie « serait pourtant bénéficiaire du dispositif, puisqu’elle fait maintenant partie des pays en première ligne », a regretté une source européenne.
L’état magyar a au contraire achevé d’ériger un mur « hermétiquement et physiquement fermé » à la frontière serbo-hongroise. Ceux qui tenteraient de franchir ce mur se verraient, selon la législation, passibles de trois ans d’emprisonnement. Il pourrait même être donné l’ordre à l’armée de tirer si besoin…
Malgré ces désaccords, les 28 membres de l’UE se donnent encore les dates du 8 et 9 octobre pour organiser un nouveau conseil et décider enfin d’une juste répartition des 120 000 réfugiés.