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On a visité pour vous « Etre moderne: le MoMA à Paris », à la Fondation Louis Vuitton

Après le vif succès remporté par l’exposition de la collection Chtouchkine, la Fondation Louis Vuitton frappe fort une nouvelle fois. En effet, pas moins de 200 œuvres quittent les collections du MoMA pour un voyage transatlantique direction Boulogne. Du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018, la fondation invite le public parisien à la contemplation de chef-d’œuvres jamais vus sur le territoire français.

 

Un manifeste de la modernité

L’exposition tisse un double fil narratif: celui de l’histoire de l’art et de la culture des XXème  et XXIème siècles et celui de l’histoire du développement du MoMA. Plus qu’aucune autre institution, ce musée s’est pleinement identifié à l’art moderne en contribuant fortement à son développement. Mais qu’est-ce que la modernité ? Quentin Bajac, commissaire de l’exposition dit que le moderne est “ce qu’Alfred Barr qui a été le premier directeur du musée considérait comme le difficile, ce qui s’écarte des sentiers battus, ce qui s’oppose au contemporain, à l’académique, aux valeurs sûres, donc d’une certaine manière, être moderne c’est être plus que contemporains, c’est être en avance sur son temps.” La vaste collection conciliant ancrage historique et approche contemporaine se rapporte métaphoriquement, d’après Barr, à une torpille avançant dans le temps, la pointe toujours à l’avant-garde. C’est en suivant cette philosophie que le musée a développé sa politique d’acquisition et d’exposition. La vaste fondation dessinée par Frank Ghery accueille le spectateur par un parcours chronologique réparti sur 4 étages. Ce déroulé laisse transparaître une vocation pédagogique évidente avec une scénographie simple mais réussie.

Oiseau dans l’espace, Brancusi, 1928 – Photo: site officiel du MoMA

La première exposition complètement pluridisciplinaire

« Etre moderne : le MoMA à Paris »  offre au spectateur un échantillon d’une collection comptant aujourd’hui près de 200 000 œuvres réparties en six départements. L’assortiment composé par les équipes curatoriales du MoMA et de la Fondation Vuitton mêle réelles icônes comme Cézanne, Picasso ou Andy Warhol et artistes moins répertoriés. L’exposition frappe par sa pluridisciplinarité témoignant de la volonté novatrice du MoMA. La confrontation de peinture, sculpture, photographie, vidéo et autre accorde à l’institution un statut de laboratoire et de lieu d’expérimentation de la modernité. L’oiseau dans l’espace de Brancusi, datant de 1928 peut être considéré comme une œuvre majeure de la collection. Son vif succès est dû au procès  très médiatisé de sa version antérieure. Classée dans la catégorie « ustensiles de cuisines et autres objets utilitaires » par la douane américaine, elle remet en question le statut de l’œuvre d’art à cette époque d’innovations formelles et conceptuelles. Cette vocation d’instaurer la modernité comme un mode de vie ou un art total ouvrira la voie à d’autres institutions telles que le Tate Modern de Londres ou notre adoré Centre Pompidou.

Paul Cézanne, Le Baigneur, vers 1885
Photo: site officiel du MoMA

Une exposition ambivalente

L’exposition peut clairement être séparée en deux parties: l’origine européenne de la modernité et l’hégémonie américaine. Comme au MoMA, la visite de la Fondation Louis Vuitton s’ouvre sur une œuvre emblématique, première acquisition du musée : Le Baigneur de Cézanne, datant de 1885 environ. Par sa modernité formelle liée à la touche et à une conception non-idéalisée du corps humain, cette œuvre s’oppose à l’académisme que combattent les avant-gardes. Nourries des progrès techniques et scientifiques du tournant du XXe siècle qui modifient  la vision du monde, les œuvres de cette première partie imposent le pôle européen comme acteur majeur de la modernité à son aube.  Apparaissent alors de nouveaux thèmes, concepts et techniques, fortement contestés à l’époque. Le ready-made Roue de bicyclette de Marcel Duchamp, d’après un original de 1913 s’impose comme un jalon majeur de l’histoire de l’art en questionnant le rôle de l’artiste et son geste. Les artistes de l’abstraction américaine des années 50 introduisent le passage à l’hégémonie des Etats-Unis. Avec notamment  Pollock, Rothko, et De Kooning qui s’imposent sur la scène artistique avec leurs innovations techniques et picturales. En réaction à l’expressivité de la salle précédente, les minimalistes et artistes de l’Amérique pop des années 60 et 70 bouleversent le monde de l’art par la sérialité et un anonymat accusé de l’artiste. 

Marcel Duchamp, Roue de bicyclette, 1951 (troisième version d’après la perte de l’original de 1913)
Photo: site officiel du MoMA

Une expérience inédite

Les œuvres plus contemporaines se déployant dans l’espace, elles épousent parfaitement les formes de la fondation, avec ses nombreuses salles, murs parfois obliques et hauts plafonds. Cette composition particulière permet l’exposition d’œuvres inédites et une scénographie exceptionnelle. Enchanté par un siècle et demi de la quintessence de l’histoire de l’art moderne et contemporain, le public parisien ne peut contenir sa curiosité face aux expositions à venir de la Fondation Louis Vuitton.

Mark Rothko, No 10, 1950
Photo: site officiel du MoMA

Infos pratiques

Exposition “Etre moderne : le MoMA à Paris”
Fondation Louis Vuitton
Métro ligne 1, station Les Sablons puis à 10 minutes à pied ou avec la navette de la fondation
Tarif : 16 euros (+2 euros pour la navette)

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