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Pourquoi n’a-t-on pas parlé des attentats au Pakistan ?

Seulement quelques jours après les attentats de Bruxelles, l’attaque d’un groupe terroriste islamiste a fait 72 victimes au Pakistan. Pourtant, l’ampleur médiatique que ces deux attentats ont revêtu a été radicalement différente.

L’attentat suicide qui a fait 72 morts et 300 blessés dimanche 27 mars à Lahore, à l’est du Pakistan, visait la minorité chrétienne. Le groupe taliban pakistanais Jamaat-ul-Ahrar a revendiqué l’attaque et le porte-parole du mouvement a affirmé : « nous avons perpétré l’attentat de Lahore car les chrétiens sont notre cible ». Cependant, les chrétiens qui ont perdu la vie dans l’attaque sont seulement une quinzaine, la majorité des victimes étant musulmane. Alors que les autorités pakistanaises ont ordonné un deuil de trois jours en raison de la gravité de l’attaque, les médias occidentaux n’ont pas particulièrement mis en relief l’événement.

A lire aussi : Pakistan : l’attentat de Lahore « visait les chrétiens »

Une attaque au cœur de l’Union Européenne

Les attaques de Bruxelles ont suscité nombre de commémorations et de messages de solidarité, plusieurs journaux leur ont dédié leur une, la Tour Eiffel a été éclairée aux couleurs du drapeau belge. Beaucoup moins nombreux ont été, en revanche, les reportages télévisés consacrés aux attentats qui ont frappé le Pakistan, le Liban (12 novembre 2015) ou encore le Nigéria (9 février 2016). Mais quelle est la véritable raison de cette disparité dans la couverture médiatique des attentats de Bruxelles et de Lahore ?

L’attentat en Belgique a véritablement visé le cœur de l’Europe. La Commission Européenne n’est pas seulement un des plus importants centres décisionnels, mais aussi un des lieux les plus symboliques. Une attaque à deux pas du siège d’une des institutions les plus symboliques d’Europe a certainement eu un impact très fort sur la population concernée.

Les forces militaires belges déployées après les attaques de Bruxelles.

Les forces militaires belges déployées après les attaques de Bruxelles.

De plus, les événements du 22 mars ont été ressentis comme un écho direct des attentats de Paris. Les responsables des attaques du 13 novembre étaient issus du quartier de Molenbeek, où ils se sont aussi réfugiés après les faits. L’image véhiculée par les médias est celle d’un quartier devenu « un nid de terroristes » au centre de l’Europe.

Y a-t-il des victimes qui valent plus que d’autres ?                   

Il est vrai que la proximité géographique influence sûrement la couverture médiatique des événements. En effet, ceux qui se passent à proximité intéressent majoritairement le public, car ils semblent influencer davantage sa vie quotidienne. Plusieurs analystes des médias définissent ce phénomène comme « la loi du mort kilométrique » : plus un événement est géographiquement ou culturellement proche, plus il intéressera le public.

La Tour Eiffel a été éclairée aux couleurs du drapeau belge en signe de solidarité.

La Tour Eiffel a été éclairée aux couleurs du drapeau belge en signe de solidarité.

Ainsi, dans ce cas comme lors de plusieurs autres attentats, les médias ont calibré leurs nouvelles sur les préférences du public, en choisissant de rassembler le plus d’audience possible autour des faits qui attiraient le plus de lecteurs et de téléspectateurs. A l’heure où, grâce aux réseaux sociaux, les préférences du public sont immédiatement visibles, il est inévitable qu’elles aient un poids important sur les choix éditoriaux. Les médias s’adaptent rapidement pour donner le plus de relief aux thèmes et aux nouvelles qui intéressent le public.

Mais les médias doivent-ils se borner à offrir à leur public les nouvelles qui les intéressent en suivant les règles du « marché de l’information » ? Ou, au contraire, doivent-ils inspirer d’autres réflexions et pousser leur public vers des thèmes vers lesquels ils n’iraient pas spontanément ?

Crédit photo à la Une : www.libération.fr

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