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Nouvelle « une » de Fluide Glacial : la presse chinoise rit jaune

Le débat français sur la liberté d’expression après l’évènement « Je suis Charlie » accueille de nouveaux participants en la personne de la presse officielle chinoise. Pourquoi l’Empire du Milieu vient-il mettre son grain de sel dans les discussions qui animent la France ? Un dessin, pour changer. Le journal satirique Fluide Glacial affiche en couverture une illustration intitulée « Péril jaune, et si c’était déjà trop tard ? ». La Chine n’adhère a priori pas à l’humour du journal et entreprend une condamnation en règle de la conception française de la liberté d’expression.

« Quelle indécence ! »

Le mouvement « Je suis Charlie » a des contrecoups surprenants et exotiques. Pour son son numéro 464, Fluide Glacial place à sa « une » un dessin satirique au titre provocateur « Péril jaune, et si c’était déjà trop tard  ? ». On y voit un français caricatural, béret vissé sur la tête et le nez sans doute rougi par le vin, conduisant dans une rue de Paris un pousse-pousse dans lequel sont lovés un Chinois vêtu à la manière d’un colon et une jeune blonde visiblement envoûtée. Des touristes asiatiques et un restaurant chinois occupent par ailleurs une bonne partie de l’image.

Une « une » que Pékin n’a pas trouvée à son goût. Dans un éditorial intitulé « La vogue de la liberté d’expression pourrait aggraver les conflits », le Global Times, proche du pouvoir communiste, a vivement critiqué le magazine français. Formulant l’hypothèse que « ce magazine cherche à attirer l’attention du monde entier en suivant l’exemple de Charlie Hebdo », le journal chinois a fustigé Fluide Glacial, s’indignant même violemment: « Quelle indécence ! ».

drapeau chinois

Regard dénonciateur sur la liberté d’expression à la sauce hexagonale

La condamnation de la une de Fluide Glacial est l’occasion pour la Chine de s’emparer du débat  sur la liberté d’expression. Et d’y faire part de sa désapprobation quant à la souplesse du système français. 

Depuis la floraison de la campagne « Je suis Charlie » dans la population française, la presse chinoise ne s’est pas faite prier pour adresser un bataillon de critiques contre la conception française de la liberté d’expression. Pékin n’hésite pas à considérer la France comme un pays menacé par des conflits culturo-religieux croissants  que l’idéologie nationale libertaire aurait elle-même engendrée.

Le Global Times préconise ainsi : « On ne peut désormais que conseiller à la société française d’arrêter de représenter l’image du Prophète ». Et le journal chinois d’insister : « Il est plus difficile pour les musulmans de changer leur foi que pour l’Europe d’ajuster sa conception de la liberté d’expression. Si les Français considèrent qu’un tel ajustement serait pour eux déchoir, alors leur quête de liberté d’expression s’apparente à une religion ». 

Après le Pape François et un bon nombre d’instances musulmanes, c’est donc au tour de la Chine de remettre en cause la radicale liberté d’expression à la française.

Extrait du film pastiche de Jean Yanne, Les chinois à Paris, qui mettait en scène l’armée de Mao occupant la capitale française. À l’époque, la République populaire avait essayé d’empêcher sa sortie.

Antoine Morange

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