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On a vu pour vous … La folle aventure des Durrell (ITV / France 3)

Spirituelle et enlevée, La folle aventure des Durrell est un petit plaisir british propre à enchanter vos soirées d’été.

C’est quoi, La folle aventure des Durrell ? Dans l’Angleterre du milieu des années 1930, Louisa Durrell (Keeley Hawes ) est veuve depuis 8 ans. Elle élève seule ses quatre enfants : Larry (alias  le futur romancier Lawrence Durrell, interprété par Josh O’Connor), l’ainé, se définit comme le pire agent immobilier de Bornemouth, en attendant de réaliser son rêve de devenir écrivain ; son frère Leslie (Callum Woodhouse ) cherche sa voie ; Margo (Daisy Waterstone), garçon manqué bourrée de complexes, se désintéresse de ses études ; le benjamin, Gerry (Milo Parker), est sur le point d’être renvoyé de l’école… Dépassée par une progéniture dissipée, confrontée à des difficultés financières et à un attrait un peu trop prononcé pour le gin, Louisa est en train de perdre pied. Lorsque Larry plaisante en proposant que toute la famille s’exile en Grèce, sa mère le prend au mot : sur un coup de tête, les Durrell partent s’installer à Corfou. Loin du froid et de l’humidité anglaise, la famille aspire à une nouvelle vie ; encore faut-il s’adapter aux nouvelles rencontres et au choc culturel…

Si vous cherchez pour cet été une série drôle et sympathique, inutile d’aller plus loin : avec La folle aventure des Durrell, vous l’avez trouvée. Inspirée des romans de Gerald (Gerry dans la série), la série qui compte pour l’instant deux saisons (chacune comportant 6 épisodes de 45 minutes)  est une jolie réussite, fidèle au roman – y compris au ton british et décalé qui a fait son succès. On y suit les (mes)aventures des Durrell lorsque, sur un coup de tête, toute la famille décide de changer de vie. Au bord de la dépression, dépassée par les multiples déconvenues qui sont devenues sont quotidien en Angleterre,  Louisa embarque tout son petit monde en Grèce, dans l’île de Corfou où elle espère une vie moins chère et surtout plus heureuse. C’est compter sans le choc des cultures, dans une île paradisiaque mais isolée, dont la rusticité a de quoi déstabiliser des émigrés anglais. L’absence d’électricité et d’infrastructure, les ânes qui bloquent la route à l’une des rares voitures de l’île, le voisinage de moines orthodoxes particulièrement obtus… Voilà quelques-unes des surprises qui attendent notre famille, en plus de la barrière linguistique.  Mais le cadre idyllique – petits ports tranquilles et nature sauvage sous le soleil méditerranéen – et les habitants chaleureux et accueillants facilitent l’adaptation. Chacun trouve rapidement ses marques, au fil des déconvenues et des petites contrariétés mais aussi des rencontres et des nouvelles amitiés. Tandis que Louisa gère le quotidien, Larry se consacre à l’écriture, Leslie se prend de passion pour les armes à feu,  Margo court après un petit ami potentiel entre deux petits boulots, et Gerry explore la faune locale, peuplant la maison d’animaux plus ou moins exotiques.

Gerry Durrell, auteur des romans, se fait des amis en Grèce

 

La série est donc adaptée de La trilogie de Corfou, romans écrits par Gerald Durrell. Zoologue réputé, il n’a cessé d’étudier la faune à travers le monde, racontant ses expériences dans des livres hilarants où se mêlent autobiographie et observations scientifiques, avec un humour décalé so british. En Angleterre, la diffusion de la série a relancé les ventes de l’ouvrage ; on ne saurait trop vous encourager à imiter nos voisins britanniques, Imaginez les souvenirs de Marcel Pagnol raconté par Mark Twain, et on vous aurez une idée du résultat ! C’est le scénariste Simon Nye qui s’est attaqué à l’adaptation. Pour la seconde fois, du reste : en 2005, il s’y était déjà frotté pour la BBC, avec un téléfilm nettement moins réussi car trop calqué sur le texte original. Cette fois, le scénario délaisse subtilement le récit à la première personne pour adopter une focalisation externe, où le personnage de Louisa fait figure de point d’ancrage au sein de cette famille excentrique mais unie par une profonde affection.  Une approche judicieuse qui permet de s’écarter du seul point de vue de l’auteur,  sans toutefois perdre le ton caractéristique des romans. On devine que le défi était de taille, le style littéraire très particulier de Gerald Durrell reposant sur le décalage incongru entre l’exagération volontaire des situations improbables et la distanciation qu’autorise l’ironie. C’est exactement  ce que l’on retrouve à l’écran : ce même regard charmant, délicieusement irrévérencieux mais empreint de tendresse.

On pourrait sans doute reprocher à la série une certaine naïveté et un manque de complexité. Il faut admettre que l’histoire a légèrement tendance à se répéter en se centrant principalement sur des intrigues amoureuses avortées, et les protagonistes restent un peu trop superficiels. Et ne cherchez pas de sous-texte philosophique, de dilemme existentiel ou même de référence au contexte international des années 1930 : on est dans la série feel good et le pur divertissement. On n’en demande pas forcément davantage : dans le cadre somptueux de Corfou où s’est déroulé le tournage, avec une famille délicieusement excentrique, servie par d’excellents acteurs (à commencer par la formidable Keely Hawes, qui porte une bonne partie de la série sur ses épaules), Les Durrell  reste un récit bon enfant, à la fois sensible et malicieux. De quoi faire souffler un vent de légèreté et d’exotisme bienvenu,  sans autre prétention.

Comédie familiale à la sauce british, la série porte sur ses héros un regard tendre et complice, sans négliger l’humour de situations et la subtilité des dialogues. Le mélange offre une série sympathique,  qui séduit par son optimisme, sans jamais tomber dans le sentimentalisme facile. Une dernière remarque : en général, les doublages en Français sont d’excellente tenue, et nous ne sommes pas des intégristes frappant d’anathème quiconque oserait bouder la V.O… Une fois n’est pas coutume, on vous encourage fortement à opter pour la version sous-titrée : l’accent british est sans conteste l’un des charmes de la série. Et puisque France 3 rediffuse La folle aventure des Durrell en VO dans la nuit, vous auriez bien tort de vous en priver.

La folle aventure des Durrell – France 3.

Saison 1 – 6 épisodes de 45’. A partir du 16 Juillet à 20H50.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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