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On a vu pour vous … Mosaïc, la série / application de Steven Soderbergh avec Sharon Stone

D’abord développé sous forme d’application, le projet de Steven Soderbergh intitulé Mosaïc devient une mini-série de 6 épisodes, diffusée en France sur OCS.

C’est quoi, Mosaïc ?  Auteure réputée de livres pour enfants, Olivia (Sharon Stone) mène une vie tranquille mais solitaire au cœur des montagnes de l’Utah. Lorsqu’elle fait la connaissance de Joel (Garrett Hedlund), jeune artiste en devenir, elle l’engage comme homme à tout faire et accepte de le loger chez elle, leur relation prenant vite un tour plus intime. Dans le même temps, elle est approchée par Eric (Frederick Weller), un homme séduisant qui lui propose un investissement – mais qui poursuit en réalité un autre objectif… Quelques semaines plus tard, le soir du Nouvel An, Olivia disparaît, laissant des traînées de sang derrière elle. Au fil d’une enquête de plusieurs années, l’inspecteur Nate Henry (Devin Ratray) va mettre au jour une affaire complexe, pleine de secrets et de faux semblants…

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Ce n’est pas la première incursion de Steven Soderbergh dans l’univers des séries : on lui doit déjà l’excellente The Knick dont il a réalisé tous les épisodes, et The Girlfriend Experience dont il est le producteur exécutif. Mais Mosaïc est un cas particulier. Au départ, ce n’est pas une série, mais une application gratuite (disponible aux États-Unis) Le dispositif permet aux utilisateurs de suivre le récit à travers plusieurs heures de matériau divers (par exemple des scènes filmées de plusieurs points de vue) qui l’enrichissent, approfondissent les personnages, et grâce auxquels on peut même réorganiser l’histoire en intervertissant certaines séquences. Sans toutefois réellement influer sur son déroulement (on peut revenir en arrière, alterner les scènes, mais pas en sauter) ni sur son dénouement – ce qui limite la portée de l’exercice.

Mosaic : joue-la comme Soderbergh

 

Fluide et élégante, l’application est agréable à utiliser. Le procédé est original et immersif, et les séquences et éléments supplémentaires offrent une autre approche, plus complète, des personnages et de leurs motivations. Le petit plus, anecdotique mais amusant, c’est qu’en naviguant entre les scènes, on peut jouer au réalisateur et se prendre pour Soderbergh – ce qui est évidement impossible à la télévision, où le vrai Soderbergh présente le scénario tel qu’il l’a pensé, et le structure tel qu’il veut que le public le regarde. Restent donc, au final, 6 épisodes de 50 minutes.

Le scénario s’appuie sur un whodunnit, où une enquête criminelle se déroulant dans une petite communauté met en lumière différents personnages proches de la victime, tous suspects ou presque. Cherchant à élucider le meurtre d’Olivia, l’inspecteur Henry s’intéresse donc à chacun d’entre eux : JC (Paul Reubens), le meilleur ami de la victime ; Joel (Garrett Hedlund), son jeune amant ; Laura (Maya Kazan), la petite amie de celui-ci ; Eric (Frederick Weller), récemment arrivé dans la région, qui poursuivait Olivia de ses assiduités ; Petra (Jennifer Ferrin), la sœur d’Eric ; ou encore  Michael (James Ransone), le voisin de notre héroïne, qui cherche à faire main basse sur ses biens.  

Olivia et Eric : coup de foudre, secrets et mensonges

 

L’histoire se met progressivement en place, avec deux épisodes qui présentent les personnages et la situation, jusqu’au meurtre présumé (qui se produit hors écran) ; nous voici alors quatre ans plus tard, alors qu’Eric est emprisonné et qu’un nouvel élément fait rebondir l’enquête. Dans une ambiance pesante se dessine un Cluedo aux multiples ramifications, entre liaisons passionnelles, jeux de pouvoirs, enjeux financiers, rivalités et pressions judiciaires, dont les répercussions vont bien au-delà de la résolution de l’affaire.

En terme de réalisation, Soderbergh reste fidèle à son style, soigné et précis, qui sert à merveille une intrigue sombre et complexe, qui tient largement la route. Il y a même quelques belles trouvailles dans l’écriture (que l’on doit à Ed Solomon) – comme cette ellipse temporelle qui accentue l’évolution des personnages, différents de ceux qu’ils étaient quatre ans plus tôt, avant le drame.

Le procédé fonctionne d’autant mieux que les acteurs sont excellents, chacun jouant parfaitement de toutes les ambivalences de leurs personnages respectifs – à l’instar de Garrett Hedlund (Joel, le séduisant artiste hébergé par Olivia, au passé rempli de secrets) ou Frederick Weller (particulièrement bon dans le rôle ambigu d’Eric). Mais le nom qui retient d’abord l’attention, c’est évidemment celui de Sharon Stone, formidable dans le rôle d’Olivia. Toute en nuances, elle laisse entrevoir la vulnérabilité, la mélancolie, mais aussi la colère d’une héroïne moins lisse qu’il n’y paraît, au passé chargé de zones d’ombre. Moins présente à l’écran que ses acolytes, elle illumine littéralement chacune des scènes où elle apparaît.

Sharon Stone, superbe dans le rôle d’Olivia Lake

 

Reste cependant une question : la série se suffit-elle à elle-même ? Absolument. Il n’est pas nécessaire d’utiliser l’application pour plonger dans ce récit intelligent et bien mené. Les utilisateurs ont toutefois une autre vision de l’histoire et une autre expérience – mais elle est loin d’être indispensable… et peut même sembler contre-productive. Par exemple, s’il est intéressant de découvrir les choix narratifs opérés par Soderbergh, le résultat est parfois un peu frustrant en raison de tout ce que le réalisateur a laissé de côté. Et alors qu’ils passeraient sans doute inaperçus, les légers flottements inhérents au format premier du récit (montage manquant parfois de fluidité, accumulation de gros plans, impression de voir un film découpé en épisodes…) sautent aux yeux.

Finalement, la série est globalement réussie, et l’application également ; utilisées ensemble ou l’une après l’autre, elles sont répétitives et s’affaiblissent mutuellement. Paradoxalement, c’est donc l’alliance des deux qui s’avère un peu décevante. Ce qui est logique, me direz-vous, puisqu’elles sont censées être indépendantes.

D’abord sortie sous forme d’application interactive, Mosaïc se décline sous un format plus traditionnel : celui d’une mini-série, diffusée sur HBO (OCS en France) Plus classique, le résultat n’en est pas moins convaincant et Mosaïc se classe dans la catégorie des bonnes séries criminelles. La promesse de réinventer l’expérience du public, via une application, est intéressante  et l’effort de créativité et d’originalité reste à saluer. Prises indépendamment, les deux offrent une expérience différente, mais tout aussi efficace.  A vous de voir : vous êtes plutôt smartphone ou télévision ?

Mosaïc
6 épisodes de 50 ‘ environ.
Diffusion sur OCS City à partir du 23 Janvier.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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