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On a vu pour vous…le pilote de Bull, la série de Michael Weatherly (ex-NCIS)

Bull, la nouvelle série de CBS offre un nouveau rôle à Michael Weatherly, ex-NCIS. Avec un résultat mitigé, et malgré un succès public.

C’est quoi, Bull ? Lorsqu’on retrouve le cadavre d’une jeune femme rejeté sur le rivage, les soupçons des enquêteurs se portent immédiatement sur Brandon, un adolescent issu d’un milieu aisé qui avait apparemment une liaison avec la victime. Redoutant une condamnation, le père de l’accusé engage le Dr Bull (Michael Weatherly) Avec son équipe, celui-ci s’appuie sur la psychologie, sur son intuition et sur les moyens technologiques les plus innovants pour profiler les jurés, analyser leurs réactions et prévoir leur comportement. Le tout, afin de sélectionner ceux qui seront les plus favorables à son client et de seconder la défense, en vue d’obtenir un acquittement. [youtube id= »fgOn-0aIAvg »]

Bull s’inspire librement de la carrière de Phil McGraw, qui en est d’ailleurs l’un des créateurs et producteurs. Célèbre aux Etats-Unis sous le nom de Dr Phil, il est notamment apparu aux côtés d’Oprah Winfrey et a animé sa propre émission. Le rôle de son alter ego est interprété par Michael Weatherly, et on ne va pas se mentir : c’est en grande partie sa présence qui suscite la curiosité envers la série. Après 13 ans passés dans la peau de l’agent DiNozzo, allait-il réussir à faire oublier son personnage de NCIS ? Le Dr Bull portant des lunettes à la Clark Kent, il y a un petit « effet Superman », mais il s’estompe rapidement et Weatherly, dont la présence est incontestable, est finalement convaincant dans un registre où il joue les charmeurs, volontiers sarcastique et tenace.   

On est plus réservés  sur ses acolytes, les rôles secondaires ne sont pas encore assez développés pour pouvoir juger de la prestation de Freddy Rodriguez (Six Feet Under) en ténor du barreau, de Jaime Lee Kirchner (The Mob Doctor) en ex-flic devenue détective privé, ou de Chris Jackson dans le rôle du styliste chargé de relooker les clients du cabinet. Cantonnés à jouer les utilités dans le pilote, on espère que leurs personnages seront approfondis par la suite.

Pour le reste, il faut bien reconnaître que Bull manque d’audace et d’originalité. Elle laisse une impression de déjà-vu, en empruntant à des séries comme Les Experts, The Good Wife et Lie To Me – à laquelle penseront avec nostalgie tous ceux qui avaient adhéré à la série portée par Tim Roth. Et malheureusement, les bons ingrédients ne font pas systématiquement les bonnes recettes. Cette première intrigue est totalement prévisible et se conclue de façon trop expéditive.

Dr Bull : OK, computer

Dr Bull : OK, computer

Fondamentalement, Bull est un mélange entre série judiciaire et série policière : nous avons une victime, nous avons un suspect, et on alterne entre enquête et procès, jusqu’à la résolution du crime. Le Dr Bull est un génie de la psychologie, et ce qu’il ne peut pas déduire grâce à son intuition, son équipe peut le découvrir grâce à un arsenal d’ordinateurs et d’algorithmes qui donneraient des sueurs froides à Mr Robot. Un point de départ finalement assez classique,  que Bull tente de moderniser et de renouveler, avec des résultats mitigés.

On sent bien qu’on cherche à nous proposer un traitement différent, mais l’ensemble est artificiel, trop démonstratif et mal amené, avec par exemple des séquences s’achevant sur une mosaïque d’écrans ou encore l’illustration maladroite du génie du Dr Bull, tellement doué qu’il peut entendre les pensées des membres de jury, comme s’ils s’adressaient directement à lui… Quant aux dialogues, ils sont franchement mal écrits, avec jargon psy  et répliques éculées voire incohérentes. Un avocat vitupère contre Bull en assurant qu’il a « gagné des dizaines de procès sans tout ce bazar de psychologie », comme si les avocats tenaient encore ladite psychologie pour du charlatanisme…  Et lorsqu’un témoin admet qu’il est gay, un autre avocat lui demande : « Est-ce là que vous étiez la nuit du meurtre ? !! »

Reste toutefois un aspect intéressant : le cynisme de Bull. D’abord parce que l’équipe n’est pas sensée se soucier de la culpabilité éventuelle du client, ni même tenter de déterminer son degré de responsabilité, mais juste de favoriser son acquittement (En théorie, car on sent bien le dilemme moral pointer le bout de son nez d’ici… Allez, au maximum 3 ou 4 épisodes.) Ensuite, parce que ce brave Dr Bull détourne tout de même un ensemble de procédés médicaux supposés soigner un mal-être psychique, dans le seul but de dédouaner les plus riches. Et enfin parce que, justement, la série illustre l’iniquité d’un système judiciaire où les plus aisés peuvent se payer, grâce aux services de consultants de haute volée,  un jugement plus favorable… Des aspects sous-jacents que Bull, qui hésite entre naïveté et cynisme, n’exploite pas, passant à côté d’un ton et d’un point de vue qui auraient pu faire la différence.

Alors, quel verdict pour Bull ?

Alors, quel verdict pour Bull ?

Pour l’instant, Bull n’est ni une bonne, ni une mauvaise série. A ce stade, elle est loin de convaincre : on pourrait presque dire qu’elle est trop lisse, trop convenue pour être honnête ! Et les maladresses n’arrangent rien… Mais on sent qu’il y a du potentiel, et pour peu que Bull parvienne à  remédier à ses faiblesses et approfondir ses intrigues, ce pilote inabouti pourrait signer les débuts d’une série judiciaire sympathique, et un succès pour CBS. En attendant, on acquitte le Dr Bull – mais seulement au bénéfice du doute…

Bull épisodes de 45 minutes environ – CBS

Crédit photo : CBS  

Pilote: 6/10
Casting: 6.5/10
Scénario: 5/10
On y revient?: 6/10

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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