Dans une ambiance jazzy, Z : The Beginning of everything d’Amazon raconte la vie tumultueuse de Zelda, l’épouse du romancier Francis Scott Fitzgerald.
C’est quoi, Z : The beginning of everything ? Alors que la première guerre mondiale touche à sa fin, la toute jeune Zelda (Cristina Ricci), âgée de 18 ans, étouffe dans la petite vie bourgeoise qu’elle mène en Alabama. Indépendante et flamboyante, elle s’oppose à son père, le juge Anthony Sayre (David Strathairn), et refuse de se soumettre à son autorité et aux conventions qui régissent le monde patriarcal auquel elle appartient. Partageant son temps entre oisiveté, bals mondains et soutien aux soldats mobilisés en Europe, elle fait la connaissance d’un certain Francis Scott Fiztgerald (David Hoflin), aspirant romancier sur le point de partir sur le front. Intriguée plus que séduite par le jeune homme, Zelda accepte toutefois de le revoir…
Un escarpin rose orné de plumes blanches, symbole de féminité et de légèreté, posé à côté d’un corps recouvert d’un drap qui git parmi les décombres d’une pièce que l’on devine ravagée par un incendie : dès le début, la série d’Amazon suggère avec élégance le dénouement tragique de la vie de son héroïne, Zelda Sayre Fitzgerald. D’après le roman de Terese Ann Fowler, Z : The beginning of everything s’ouvre ainsi par la conclusion, avant d’entamer un récit linéaire en 10 épisodes de 30 minutes, qui suit le parcours de la jeune femme et son histoire d’amour avec Scott Fitzgerald. S’il est bien connu de la plupart, nous ne dévoilerons évidemment rien du destin, dramatique et romanesque, de Zelda … Contentons-nous de dire qu’elle fut une icône des années 1920, image de la femme libre et anticonformiste, mais que son alcoolisme chronique et son instabilité psychologique ont contribué à forger d’elle une image sulfureuse et peu glorieuse. Souvent résumée à son rôle d’épouse et muse de l’auteur de Gatsby le Magnifique, avec lequel elle vécut une relation pour le moins tumultueuse, Zelda était pourtant une artiste, inspirée mais torturée, éclipsée par son mari et par son sort funeste.
Lorsque nous faisons sa connaissance dans la série, Zelda est encore une toute jeune fille : à peine sortie de l’adolescence, elle boit, fume, danse et s’enivre de plaisirs superficiels, pour échapper au carcan d’une société où elle se sent brimée. A une époque où les femmes, encore dominées par les hommes, portent le corset et sont tenues de se comporter « convenablement », Zelda se démarque de ses camarades par la conscience aiguë qu’elle a des limitations qui lui sont imposées et par les revendications qu’elle exprime, notamment face à son père. C’est Christina Ricci qui prête sa silhouette fluette et son visage innocent à Zelda, insufflant au personnage à la fois un air fragile et une insolence énergique. C’est surtout ce dernier trait de caractère qui est mis en avant dans le premier épisode – mais on ne doute pas que la série accentuera par la suite les failles de son héroïne… Et si Ricci force trop l’accent sudiste, on la sent totalement investie dans le rôle, et son interprétation est très convaincante. On reste réservé sur la prestation de David Hoflin en Scott Fitzgerald, un peu trop lisse et transparent. Mais laissons-lui le bénéfice du doute : il ne s’agit encore que du pilote, et la suite donnera sans doute plus d’épaisseur au personnage. D’autant que, entièrement centré sur Zelda, ce pilote laisse peu d’espace aux seconds rôles et affaiblit la dynamique des relations entre l’héroïne et les autres protagonistes – un défaut encore accentué par un format (30 minutes) qui nuit à cet aspect.
A lire aussi : C’est qui déjà …. Winona Ryder ?
Concrètement, la première saison relate la période qui s’étend de la rencontre entre Zelda et Francis jusqu’à la grossesse de la jeune femme – soit environ 4 ans. Les deux personnages apparaissent séparément tout au long du pilote, qui s’achève par leur premier contact. Dans sa mise en scène, cette séquence frôle le soap opera – c’est un peu cliché, avec des dialogues à la limite de la mièvrerie – mais finalement plutôt cohérent : tendre est la nuit, et la passion dévastatrice qui va emporter nos héros n’en est encore qu’à ses débuts, supplantée par un romantisme sage et un peu tiède. C’est habile, dans la mesure où Z : The beginning of everything se laisse ainsi une marge de manœuvre confortable pour plonger le couple dans les affres de la folie amoureuse, faite de dépendance mutuelle et d’un rapport d’amour – haine, qui les submergera jusqu’à conduire Zelda à sa perte.
L’autre point fort de la série tient à la reconstitution d’époque. Costumes, décors, musique… Tout concourt à créer l’atmosphère particulière des années 20, entre clubs jazzy enfumés et délurés et quartiers résidentiels sages d’une Amérique de carte postale. Seul bémol : si l’esthétique est parfaite, la photographie et ses tons chauds donnent à l’ensemble une touche un peu trop vintage, délicieuse mais qui empêche de s’immerger totalement dans l’histoire. Mais pour l’instant, on se laisse prendre – tout en espérant que la suite gagnera en profondeur et en intensité.
Z : The Beginning of everything s’ouvre sur un pilote plaisant, mais la série a encore des choses à prouver. Un peu tiède, un peu sage, elle semble garder le meilleur pour la suite, se contentant pour l’instant de poser des jalons… Il faudra donc attendre pour savoir comment elle rendra compte de l’intensité et de la tragédie de la vie de Zelda Fitzgerald, et du couple torturé et passionné qu’elle formait avec son mari. Avec un tel matériau de départ – une histoire diablement romanesque et une héroïne fascinante et complexe – Z : The Beginning of everything est pleine de promesses. Il ne reste plus qu’à les tenir…
Z : The Beginning of everything (Amazon)
10 épisodes de 25 minutes environ