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On a vu pour vous … le premier épisode de The Good Fight, le spin-off de The Good Wife

The Good Fight s’annonce comme un spin off réussi. Mieux : comme une série à part entière.

C’est quoi, The Good Fight ? Au terme d’une carrière bien remplie, Diane Lockhart (Christine Baranski) s’apprête à quitter le cabinet qu’elle a fondé pour se retirer dans le Sud de la France. Lors de ses derniers jours d’exercice, elle accueille sa filleule Maia (Rose Leslie), jeune avocate débutante. Mais les projets des deux femmes sont bouleversés lorsqu’éclate un scandale financier, apparemment orchestré par le père de Maia. Ruinée, Diane doit renoncer à sa retraite ; lorsque ses anciens associés refusent de la laisser reprendre son poste, elle n’a d’autre choix que de rejoindre un important cabinet dont les membres sont en majorité afro-américains, au sein duquel la rejoint bientôt Maia, renvoyée suite au scandale.

Signalons en préambule que s’il s’agit bien d’un spin-off, il n’est pas nécessaire d’avoir vu The Good Wife pour regarder et apprécier The Good Fight : la série s’appuie sur un scénario  chronologiquement postérieur et surtout indépendant, et le pilote introduit habilement les personnages, les présentant aux nouveaux spectateurs sans pour autant lasser ceux qui connaissent déjà certains d’entre eux, issus de la série d’origine.

Evidemment, on pourrait jouer au jeu des différences et des ressemblances – et on ne va pas s’en priver ! Il y a d’abord le point de départ  puisque dans les deux cas, un scandale et la trahison d’un proche frappent l’héroïne de plein fouet, l’obligeant à faire face et reconstruire sa vie en repartant quasiment de zéro. Ici, c’est Diane qui doit renoncer à ses projets lorsqu’elle est ruinée et grillée professionnellement… Mais elle  n’est pas seule dans cette descente aux enfers, sa filleule Maia Rindell, fille de l’escroc présumé, subissant les répercussions du scandale alors qu’elle entame à peine sa carrière d’avocate. Ce personnage, qui n’apparaissait pas dans The Good Wife, fait office de cheval de Troie en permettant à un spectateur aussi novice qu’elle de découvrir un univers qui reprend les codes de The Good Wife.

Maia, au cœur du scandale

 

Sur la forme, on retrouve la même ambiance : le cadre des puissants cabinets d’avocats, les décors élégants et bourgeois, le raffinement de la mise en scène et de la musique… Mais aussi la même structure : sur une trame de fond feuilletonnante, chaque épisode exploite un cas particulier, résolu au tribunal ou par des négociations, après plusieurs rebondissements inattendus et bien amenés qui jouent sur les subtilités de la loi. Plusieurs personnages sont déjà connus du public de The Good Wife, comme Lucas Quinn (Cush Jumbo) qui tient ici un rôle de premier plan, mais aussi Marissa Gold, Julius Cain, David Lee,  ou l’inénarrable juge Abernathy (Denis O’Hare).

De fait, pour les spectateurs de la série originale, pénétrer dans les bureaux de The good fight est une expérience déstabilisante : on est à la fois en terrain familier et dans l’inconnu. The Good Wife sans The Good Wife, où la démonstration que le personnage d’Alicia Florrick (Juliana Margulies), aussi réussi soit-il, n’était finalement pas indispensable. Les seconds rôles sont capables  d’exister ailleurs que dans son ombre et de porter à eux seuls une série entière, dans un univers déjà codifié et bien installé.

Il serait tentant de résumer The Good Fight à son statut de spin-off, destiné à décliner l’univers de The Good Wife pour en réitérer le succès. Ce serait une erreur, en particulier parce que cette nouvelle série a quelque chose de différent et d’important à raconter grâce à ses personnages : trois femmes, respectivement sexagénaire, lesbienne et afro-américaine. Cela pourrait paraître anecdotique, mais pour ne prendre que l’exemple du Diane, le fait que l’une des héroïnes soit une femme mature est déjà un parti pris intéressant ; il le devient plus encore lorsqu’on comprend que le personnage est une femme indépendante, célibataire et sans enfants et à qui cette situation ne pose aucun problème. Il est rare de voir une héroïne de cet âge ; ça l’est encore plus de voir une femme qui ne soit pas définie par rapport à un homme, à sa famille ou à l’absence de celle-ci… On ne doute pas que les spécificités de ses acolytes, Maia et Lucas, seront également exploitées dans les épisodes à venir.

Diane et Lucas – comme on se retrouve…

 

Ces caractéristiques laissent en tous cas entrevoir une démarche audacieuse, qui permettra probablement à The Good Fight de poser un autre regard sur les problématiques féministes, raciales et politiques. Elle est d’ailleurs prompte à le faire – par exemple avec une scène d’ouverture  sarcastique et réjouissante, des allusions voilées dans le second épisode, ou une intrigue clairement politique dans le troisième… Pour l’instant, le regard reste extrêmement subtil, le message de fond n’étant jamais martelé mais sous-entendu de façon astucieuse. On pense par exemple à la scène où Diane, accueillie par son nouvel employeur, se voit qualifiée de « minorité visible » puisqu’elle est l’une des rares blanches au sein d’une équipe noire…  Le renversement est non seulement drôle et décalé, mais il renforce aussi la portée de l’argument. Et souligne l’intelligence de Michelle et Robert King, créateurs des deux séries.  

Indéniablement, The Good Fight est un spin-off de The Good Wife, série dont elle reprend les codes et certains personnages. Mais délestée de la figure omniprésente d’Alicia Florrick, elle peut approfondir des thèmes politiques et sociaux à travers le regard de ses héroïnes. Sur une intrigue classique (l’arnaque financière à la Madoff ayant par exemple été traitée dans Damages), dans le monde fascinant des élites et des entreprises, The Good Fight semble bien partie pour en dénoncer l’hypocrisie, en soulignant implicitement les chimères de la justice sociale, raciale et sexuelle. Un parti-pris subtil, pertinent et audacieux – mais surtout nécessaire.  

The Good Fight – CBS.

10 épisodes de 45’ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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