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On a vu pour vous… It Comes at Night, le petit film indé angoissant

Jusqu’où iriez-vous pour protéger votre famille ? Loin, si l’on en croit It Comes at Night, le petit film indé qui fait flipper.

Les fans de huis-clos apocalyptiques (et Jean-Paul Sartre) le savent : dans un monde où ce qui reste de l’humanité se cache d’un virus, d’extraterrestres ou de zombies, l’enfer, c’est les autres. Rien de mieux que de forcer des gens qui n’ont rien à voir entre eux à se terrer dans un lieu fermé (le plus souvent une cave, un véhicule ou une maison barricadée, comme c’est le cas ici) pour que la tension naisse et que l’homme ne cède à ses plus bas instincts de survie. 28 jours plus tard, la série The Walking Dead, la Route, la Guerre des Mondes ou encore 10, Cloverfield Lane.. Les exemples sont légion, et beaucoup sont très réussis. 

Mais c’est quoi déjà… It Comes at Night ? Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé. 

It Comes at Night est très clairement un huis-clos paranoïaque s’inscrivant dans la lignée de ces œuvres, en tous cas dans les mécanismes sur lesquels se construit toute la tension du film. Pendant 1h37, pas une minute ne se passe sans que le spectateur n’ait l’estomac noué, tentant d’anticiper ce qui va se passer pour mieux se rassurer, et, peut être, un petit peu moins trembler. Plans contemplatifs sur la nature ou des lumières sombres, longues séquences (notamment l’intro) quasiment silencieuses, caméra collée aux acteurs, ambiance sonore sourde et poisseuse, personnages épuisés… Tout ou presque, de la mise en scène au montage, du jeu à la photo vise à créer et entretenir, avec succès, une angoisse dont on ne parvient jamais à se libérer. 

Pourquoi alors, malgré une atmosphère réussie et un casting, Joel Edgerton en tête, particulièrement impressionnant, ressort-on de la salle déçu et frustré ? Cela est dû à l’aridité du récit justement, qui, très bien exécuté, n’en reste pas moins creux. Le sujet du film reste extrêmement classique : comment ne pas céder son humanité quand la mort est omniprésente ? Surtout, le danger est tellement suggéré, les explications si peu nombreuses, et, en parallèle, les réactions des personnages tellement fortes, que le spectateur se sent de moins en moins concerné par un récit qui le laisse, au final, au bord du chemin. On aurait adoré être bouleversé par une histoire puissante et un scénario qui, sur le papier, offre une infinité de possibilités. Mais le déséquilibre entre d’un coté la finesse du jeu, la qualité de la mise en scène et de l’autre l’investissement du spectateur dans un récit qui l’emporte, est criant. D’autant plus lorsqu’à la fin, on ne peut s’empêcher de se dire : « Tout ça pour ça ». Une déception donc, preuve supplémentaire que même soigné, un film sans scénario solide ne va pas bien loin. Peut-être aussi cette déception vient-elle d’un film qui ne trouve jamais complètement son identité, entre thriller familial et huis-clos d’épouvante. Tant pis pour cette fois.

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Entre le thriller indépendant et le low-budget d’horreur, It Comes at Night est un film bourré de qualités mais qui ne parvient pas à éviter l’ennui chez son spectateur. Vraiment dommage.

It Comes at Night, de Trey Edward Shults – En salle le 21 juin 2017

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