L’acteur de The Shield revient dans Coyote, un thriller gravitant autour du mur frontalier entre les États-Unis et le Mexique.
C’est quoi, Coyote ? Ben Clemens (Michael Chiklis) a pris sa retraite après 32 ans au sein de la patrouille frontalière entre les États-Unis et le Mexique. Son travail lui a coûté son mariage, il n’a plus beaucoup de relation avec sa fille adolescente et il passe désormais l’essentiel de son temps à construire une maison au Mexique, pour aider la veuve de son ancien partenaire. Par un concours de circonstances, il va prendre la défense d’une jeune immigrée clandestine (Emy Mena), ce qui va le mettre dans la ligne de mire d’un violent cartel mexicain.
Le mandat de Donald Trump a été secoué de controverses, parmi lesquelles la politique migratoire de son administration et la construction d’un mur frontalier entre le Mexique et les États-Unis. Ce mur est le point central autour duquel se développe le thriller Coyote, diffusé ce mois-ci sur 13ème Rue. Des deux côtés de la frontière, on suit un ex-agent de la migra, Ben Clemens, incarné par Michael Chiklis.
Coyote se focalise quasi-exclusivement sur le personnage de Ben. Dans la première scène, plusieurs migrants s’enfuient lorsque l’un d’eux est abattu ; Ben, sale et défait, se trouve du « mauvais côté » de la clôture qui sépare le États-Unis du Mexique. Comment en-est il arrivé là ? C’est ce que vont nous raconter les six épisodes de la série.
Retraité avec les honneurs après une vie passée au service de la loi en tant qu’agent de patrouille de la police aux frontières, Ben tente d’apaiser ses relations compliquées avec son ex-femme et sa fille, tout en construisant une maison isolée au Mexique pour aider financièrement la veuve de son ex-partenaire tué au cours d’une opération. C’est là qu’il va prendre la défense d’une jeune femme enceinte qui veut rejoindre les États-Unis pour fuir Dante (Krystian Ferrer), membre d’un puissant cartel de Tijuana. Dans la ligne de mire des trafiquants, menacé et avec sa famille en danger, Ben va se retrouver piégé : il va devoir choisir d’accepter ou non de travailler pour le baron de la drogue El Catrin (Juan Pablo Raba), avec toutes les conséquences qu’on imagine.
Le mur de Trump est véritablement le centre névralgique et géographique de Coyote. C’est la ligne médiane que franchissent les immigrés clandestins avec l’aide des passeurs (les fameux coyotes), les hommes de mains des cartels impliqués dans toutes sortes de trafics (de drogue en particulier), et où opère la police aux frontières. Dans une zone comprise entre San Diego et Tijuana, on navigue entre le bord de mer, le désert de Sonora, les zones montagneuses accidentées, les tunnels de contrebande – mais aussi les centres de rétention où sont entassés les sans-papiers détenus par La migra.
Le nom de Chiklis est indéniablement associé à celui de Vic Mackey, policier ripou et violent qu’il incarnait dans la fabuleuse série The Shield. Également producteur exécutif de Coyote, l’acteur retrouve ici un personnage plus consensuel mais qui navigue dans le même genre d’ambiance : un rythme frénétique, des explosions de violence, un héros aux réactions impulsives emporté dans un engrenage et tenaillé par certains remords. Et Chiklis est parfait dans le rôle, bien que le personnage manque un peu d’épaisseur et l’intrigue de nuances.
A la décharge de Coyote, cette première saison était initialement sensée comporter dix épisodes ; à cause de la pandémie, ce nombre a été réduit à six. C’est sans doute ce qui explique que l’histoire semble parfois un peu précipitée et que les personnages secondaires restent caricaturaux (les gentils migrants et les méchants cartels, par exemple) et qu’ils ne soient pas davantage développés – la série fonctionne d’ailleurs bien mieux dans ses premiers épisodes, lorsqu’elle se focalise sur Ben. Mais surtout, Coyote reste un peu trop basique dans sa dimension morale.
Ben est un ex de la « migra », un garde-frontière un peu raciste et surtout très patriote, convaincu de défendre son pays en pourchassant et expulsant les immigrés clandestins. Tout change lorsqu’il rencontre cette jeune femme qui fuit le Mexique pour échapper à son amant, un narcotrafiquant. Confronté à un cas individuel, Ben change radicalement d’attitude et décide de la protéger – y compris en violant la loi qu’il a toujours servie. La transition est rapide et l’histoire de ce personnage reste en permanence dans des zones de blanc et noir, avec une opposition très basique. Au fil des épisodes, la série veut nous faire prendre conscience des parallèles qui peuvent se produire des deux côtés du mur, elle joue sur la frontière en tant que métaphore et force sur l’empathie, sur la prise de conscience de Ben et son désir de rédemption lorsqu’il vient en aide à ceux qu’il a traqués pendant plus de trente ans…
Signalons que Coyote a été lancée aux États-Unis peu de temps avant la prestation de serment de Joe Biden, dont la politique est, dans ce domaine comme dans bien d’autres, à l’opposée de celle de son prédécesseur.
Or, il est évident que Coyote défend la position de la nouvelle administration, et c’est dans cette intentionnalité un peu trop évidente, son propos un peu simpliste et manichéen que la série perd malheureusement en finesse et en subtilité. De sorte que Coyote ne convaincra pas les électeurs de Trump tandis que les partisans du nouveau locataire de la maison blanche sont déjà acquis à sa cause.
Considérations politiques mises à part et en dépit de quelques défauts, Coyote reste un bon thriller. En particulier pour ceux qui aiment les ambiances poussiéreuses et violentes avec un protagoniste tourmenté sur le fil du rasoir, ou les nostalgiques de The Shield qui voudraient revoir Chiklis en action. Cette première saison s’achève en outre sur un cliffhanger efficace avec deux options possibles pour la suite des mésaventures de Ben Clemens… si la série venait à être renouvelée, ce qui n’a pas encore été confirmé pour le moment.
Coyote
6 épisodes de 45′ environ
Le 4 Avril sur 13ème Rue