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On a vu pour vous … Grotesquerie, la nouvelle série d’horreur de Ryan Murphy

Grotesquerie nous emmène dans une affaire de meurtres sordides – avant de basculer dans quelque chose de radicalement différent.

C’est quoi, Grotesquerie ? Dans une petite ville des États-Unis, l’inspectrice Lois Tryon (Niecy Nash-Betts) est appelée sur une scène de crime particulièrement atroce. Buvant plus que de raison, alors que son mari (Courtney B. Vance) est dans le coma et qu’elle a des relations tendues avec sa fille Merritt (Raven Goodwin), Lois se lance à corps perdu dans l’enquête. Lorsque d’autres crimes tout aussi sanglants et à connotation religieuse se produisent, elle accepte l’aide de Sœur Megan (Micaela Diamond), une nonne rédactrice d’un journal catholique passionnée par les faits divers. Ensemble, elles vont tenter d’interpréter les indices laissés par le tueur qui se fait appeler Grotesquerie.

Après American Horror Story et Monster(s), Ryan Murphy continue de creuser le genre de l’horreur et le thème des tueurs en série avec Grotesquerie,  un projet qu’il qualifie de « très personnel » et dont il a co-écrit les dix épisodes. Diffusée en France à partir du 13 Novembre sur Disney+, la série est en tous cas déconseillée aux âmes sensibles…

True Detective version Ryan Murphy

Grotesquerie raconte la traque d’un tueur en série dont les meurtres barbares sont mis en scène d’après des textes bibliques. L’inspectrice Lois Tryon sent immédiatement que ces crimes ont une dimension très particulière, au-delà de leur barbarie. Avec un mari dans le coma, une fille boulimique et une tendance prononcée à l’alcoolisme, Lois fait face non seulement à la noirceur de ces meurtres mais aussi à ses propres démons. Sans piste ni suspect, ne sachant vers qui se tourner, elle accepte l’aide de sœur Megan, religieuse et journaliste du Catholic Guardian, pour tenter d’analyser les indices et comprendre le message laissé par celui qui se fait appeler Grotesquerie

Des meurtres gore à connotation religieuse, une enquêtrice perturbée et marquée par les horreurs dont elle a été témoin, une ambiance sombre et oppressante : Grotesquerie s’empare de ces éléments pour créer ce qui pourrait être le crossover qu’on n’attendait pas entre American Horror Story et True Detective. Murphy y met sa griffe personnelle, dans une histoire tour à tour terrifiante et choquante mais aussi profondément dérangeante et bizarrement cocasse. Ou plus précisément… grotesque.

Duo inattendu entre la religieuse et l’inspectrice

L’horreur et l’absurde

Grotesquerie porte bien son titre. La série ne cesse d’osciller entre le macabre et le ridicule. Les meurtres sont grotesques au sens littéral du terme : exagérés, exubérants, bizarres, surchargés, effroyables et gore à en faire vomir la plupart des policiers chevronnés. S’y ajoutent des scènes surréalistes – dont un épisode débutant par un plan séquence hallucinant (et fantastique) de plus de 15 minutes ou un affrontement digne d’une série Z – et une impression constante de chaos et de confusion tant tout semble alambiqué et tortueux.  

Pour parachever le tableau,  tous les personnages sont hors norme ou, disons, étranges : une policière alcoolique, son mari dans le coma, sa fille en obésité morbide, une nonne passionnée par les meurtres, un prêtre fan de Ed Gain (Nicholas Alexander Chavez – Monsters: The Story of Lyle et Erik Menendez); une infirmière obsédée sexuelle (Leslie Manville) ; un aide-soignant sexy (la star de la NFL Travis Kelce). Côté acteurs, Niecy Nash (Monster : Jeffrey Dahmer) est absolument brillante et crève l’écran, même si Micaela Diamond ne démérite pas face à elle dans le rôle de sœur Megan. 

Derrière les meurtres, des questions plus profondes

Évidemment, Grotesquerie n’est pas pour tous les publics. La violence des meurtres fait passer Seven pour Virgin River, on ne lésine pas sur le sang, les tripes et les organes arrachés. Au-delà de ça,  il y a quelque chose de glauque et de dérangeant, tout au long des épisodes. Ce n’est pas seulement l’atmosphère sordide de fin du monde ou la noirceur de l’intrigue ; ce sont aussi et surtout les relations et comportements malsains de tous les personnages. Il y a des scènes qui retournent l’estomac, mais elles ne sont pas aussi perturbantes que certains échanges entre Loïs et sa fille, par exemple. 

Niecy Nash, époustouflante dans le rôle de Lois

Ce qui fonctionne le mieux dans Grotesquerie… c’est tout ce qui ne concerne pas l’enquête. La énième variation sur le thème du tueur en série et des meurtres mis en scène est en fait un cheval de Troie pour explorer les réactions de Lois, bien plus importantes que la résolution de l’affaire. Ses problèmes personnels, son alcoolisme, sa perte de foi dans l’humanité et son dégoût de ses semblables prennent de plus en plus d’espace,  au point que l’investigation passe au second plan et que la « simple » série  sur des crimes à symbolique religieuse se transforme en quelque chose de plus profond. A fortiori parce que tous les personnages sont animés par des pulsions plus ou moins tordues qui les aident à faire face –  addictions à l’alcool ou à la nourriture, tendance à l’autodestruction, perversions, sexe ou… meurtres barbares.  

Et soudain, tout bascule

Le problème, avec Grotesquerie (outre la violence), c’est qu’il faut voir l’ensemble des épisodes pour porter un jugement sur la série. Car à un moment donné, on bascule dans tout autre chose. Une première fois. Puis une deuxième. Ce n’est plus une série, c’est un culbuto. Le septième épisode rebat les cartes, et on ne dévoilera évidemment rien. Parce que même si l’on sent dès le départ qu’il y a quelque chose d’étrange dans cette histoire, le choix radical de Ryan Murphy change complètement l’orientation de la série, dans une manœuvre étourdissante qui donne un tout autre sens à tout ce qu’on a vu précédemment. 

Grotesquerie s’appuie sur un point de départ familier pour construire une série d’horreur graphiquement sanglante et psychologiquement dérangeante. Avec une mise en scène volontairement choquante, des personnages hors-normes, une atmosphère étrange et un retournement (même deux…) de situation époustouflant, Grotesquerie vaut le coup d’œil. Pour les fans de Ryan Murphy, mais aussi pour les amateurs du genre et pour tous ceux qui adorent être déroutés. Il faut juste avoir l’estomac bien accroché. 

Grotesquerie
10 épisodes – 30 à 55′
Le 13 novembre sur Disney+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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