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On a vu pour vous … la série Désenchantées (COUP DE COEUR)

Après Rivages et Anaon, David Hourrègue en un an sa 3ème série et confirme sa montée en puissance : Désenchantées est un petit bijou.

La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Un coupable fut vite arrêté. Pourtant, dans chaque foyer, chaque bistrot, on continuait à élaborer des hypothèses. Ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su. Vingt ans plus tard, Fanny, journaliste, revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qui resurgit … Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, de sa sœur Angélique et celle d’une bande de filles « les Désenchantées » qui ne connaissait que trop bien Sarah. Une histoire qui a l’odeur du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et, surtout, des plus lourds secrets.

L’essentiel

Troisième série en un an pour David Hourrègue après Rivages et Anaon. Exercice différent cette fois-ci avec l’adaptation du roman de Marie Vareille en 4 épisodes de 52 minutes (écrits par Solenn Le Priol et Claire Kanny). Pour l’occasion, il retrouve la productrice de Skam, Carole Della Valle, et une distribution riche, tant dans la période 1999 que dans celle plus contemporaine de 2024. On retrouve notamment Constance Labbé, Marie Denarnaud, Fleur Geffrier, et la révélation d’Anaon, Capucine Malarre.
Enfin, côté musique, Audrey ISMAËL et Olivier COURSIER signent la très belle partition envoûtante au possible de Désenchantées.

A la différence des deux dernières séries, celle-ci pose les bases d’une histoire simple mais puissante, sans artifice de genre, de mythologie, « juste » raconter le destin de personnages pris dans une sorte de tourmente inarrêtable. Pour quel résultat émotionnel ?

On aime ?

Une nouvelle fois, nous ne passerons pas par 4 chemins : Désenchantées est une belle claque qui résonne dans tout notre corps. En revenant pourtant à une histoire « simple » (et sur le papier « déjà-vu »), David Hourrègue signe sans doute l’une de ses plus belles séries, portée il faut déjà le préciser par l’écriture remarquable de Marie Vareille qui sait donner du corps et de l’émotion à une histoire qui fut pourtant si souvent racontée ailleurs. Mais en ne se mettant pas seulement à hauteur de ses personnages, mais à leurs cotés, l’autrice délivre de l’émotion pure que le scénario et la réalisation parviennent tant à sublimer. Un exercice d’autant plus difficile que l’adaptation d’un livre est souvent sujet à critique de la part des lecteurs d’origine qui peuvent ne pas retrouver leur vision de l’histoire. Mais une nouvelle fois, il semble y avoir une symbiose totale de l’écriture et la mise en images.

Tout à la fois sublime, puissante dans l’incarnation comme dans les émotions, Désenchantées est un petit bijou comme la télévision devrait nous en offrir davantage.
Une très belle fiction qui n’oublie jamais que ce qui compte à la télévision ce sont les personnages, ce sont eux qui nous entraînent pour revenir à chaque épisode. Si les personnages sont parfaitement écrits, la série leur donne vie de la plus belle des manières et avec le plus sincère respect pour eux. Et la réalisation les accompagne dans un périple étalé sur 4 épisodes où le principe de sororité éclate de la plus intense des manières. Même si certains twists sont « prévisibles », la série sait entretenir le suspense attendu dans ce type d’histoire en nous embarquant dans des directions surprenantes en fin d’épisode. Mais ces twists ne sont qu’une petite partie de l’intérêt que l’on porte à la narration qui se déroule devant nous.

Dans les années 2000, une série policière américaine, l’une des plus remarquables, Cold Case, racontait des histoires intimes puissantes sur deux époques où les personnages importaient davantage que la résolution d’un crime. On retrouve dans Désenchantées la puissance narrative de Cold Case, amplifiée (comme dans la série américaine) par le travail opéré sur la musique. Outre la sublime BO, la série sait utiliser la playlist des années 90 pour mieux raconter une époque, souligner un propos ou une émotion.

Une démonstration

Si David Hourregue a montré qu’il était l’un des meilleurs conteurs actuels, il est aussi un remarquable directeur d’acteurs et d’actrices dont il sait tirer le meilleur. En témoignent les partitions des personnes impliquées dans la série, qui jouent tous de concert, dans la même direction. Si on peut regretter que Elodie Frenck joue la maman sur les deux époques (elle a 7 ans d’écart avec Marc Rushmann qui joue son fils), toutes et tous sont à la bonne place, et donnent le meilleur. Mais au sommet des prestations de la série, on retrouve l’étonnante partition de Marc Rushmann, glaçant et à contre-emploi de ce qu’on voit d’ordinaire dans d’autres séries, avec ce sourire toujours « en place » et qui rappelle les pires croque-mitaines.

Mais c’est bien une jeune actrice qui emporte la mise et sait se hisser au rang des meilleurs (ils sont nombreux ici) et nous bluffe à longueur d’épisode. C’est bien de Capucine Malarre qu’il s’agit. Révélation d’Anaon, elle est tout simplement impressionnante dans Désenchantées, qu’il s’agisse de jouer la parfaite ado insouciante, comme la jeune femme qui vit des drames. En seulement deux rôles, la jeune actrice démontre déjà une maturité artistique impressionnante et n’aura aucun mal à atteindre très vite les sommets de son art. Une future très grande on en est convaincu.

A lire aussi : On regarde ou pas ? Romance, la pépite romantique de Hervé Hadmar

La télévision française, comme c’est notamment le cas aux Etats-Unis, a besoin de noms, de personnalités qui marquent le petit écran de leur empreinte. Avec Anaon, Rivages et maintenant Désenchantées, David Hourrègue devient une grande signature au même titre que des personnalités comme Hervé Hadmar, proposant des univers singuliers et capables d’être dans la réinvention permanente sans jamais se perdre. Œuvrant en bonne intelligence avec les auteurs primordiaux et dirigeant comme personne les acteurs-rices, ils donnent naissance à de grandes œuvres (de télévision) et c’est ce qui compte le plus.

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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