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On a vu pour vous… Le Chalet, ou quand France 2 s’essaye au « slasher »

Avec sa nouvelle série présentée au Festival de la Rochelle, Le Chalet, France 2 s’essaye à un hommage au slasher par le créateur de la série Dame de

C’est quoi Le chalet ?  Eté 2017 : Enceinte de trois mois, Adèle doit changer d’air. Ça tombe bien. Le hameau de Valmoline, au fin fond des Hautes-Alpes, est le haut lieu d’enfance de Manu, son compagnon. Le Chalet des Glaces les attend. Ils ne le savent pas encore, mais ils ne seront pas seuls pour l’été. Eté 1997 : Jean-Louis Rodier, sa femme Françoise, et leurs deux enfants, s’installent au Chalet des Glaces. Une nouvelle vie commence pour eux. Eté 2017 : Valmoline : Six habitants. Treize invités. A peine ont-ils passé le pont, qu’un énorme rocher fracasse l’ouvrage, écrasant un homme ligoté en contrebas… Le village est isolé. Le massacre peut commencer.

« Comptez jusqu’à 3 messieurs mesdames et l’un de vous disparaîtra, jamais on ne le reverra« 

Un genre balisé et difficile en télé

« Il est impossible de faire du slasher en télé car une fois le massacre commencé, le bain de sang n’est jamais loin« . C’est à peu près en ces mots qu’un des personnages de la série Scream résume le défi de faire du slasher à la télévision. Si le genre est très présent au cinéma (depuis Psychose jusqu’à Scream ou Les griffes de la nuit), il a du mal à se faire une place en télé. Si Le Chalet lui emprunte beaucoup de codes, il se rapproche sans doute plus d’un esprit européen façon And then there were none d’Agatha Christie car on ne voit finalement jamais l’assassin, pas de costume ni surtout de masque qui ont fait de ces illustres prédécesseurs des personnages iconiques.

En revanche, les autres éléments sont bien là: un groupe d’amis retranchés dans un lieu clos, coupés du monde (façon 10 petits nègres justement) ; un passé qui refait surface pour alimenter une vague de crimes (la disparition d’une famille 20 ans auparavant qui a vécu dans le même chalet que nos invités) façon Vendredi 13 ; des personnages locaux « étranges » pour le moins et qu’on pourrait rapprocher des rednecks chers aux films américains (moins louches que dans Massacre à la tronçonneuse mais juste ce qu’il faut tout de même) ; un vieil ermite qui semble en savoir beaucoup sur ce qui arrive dans le village…

On a même le droit en guise de générique à une comptine macabre qui n’est pas sans rappeler celle de Les griffes de la nuit (qui alimente un générique évolutif au fil des épisodes, les images changeant légèrement regardez bien). On peut donc dire que tous les éléments sont là pour une proposition différente ce qu’on peut voir à la télé française.


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Une vraie proposition intéressante mais un traitement inégal

Loin du polar traditionnel cimenté par un duo d’enquêteurs que l’on retrouve à toutes les sauces sur toutes les chaînes, Le chalet nous emmène dans du thriller, quasi un survival comme disent les américains où les personnages doivent survivre face à une menace. Les tentatives d’importer le genre en France se sont souvent soldées par des échecs. Il convient de saluer la prise de risque de se lancer dans un genre nouveau, pas nécessairement fédérateur.

Dirigée ici par l’équipe qui nous a offert la très réussie série des Dame de… (Alexis Lecaye et Camille Bordes-Resnais), Le Chalet a tous les éléments pour une série réussie, à commencer par un pitch hyper efficace résumable en quelques mots.
Les erreurs commises sur le premier épisode tiennent à un souci de rythme inhérent au genre (remonté depuis l’écriture de ses lignes en septembre dernier pour donner plus de rythme).
Pour capter l’attention, le slasher doit commencer en marquant les esprits (à la manière de Michael Mayers 9 ans qui poignarde sa sœur aînée dans Halloween ou Ghostface jouant avec ses proies dans Scream). Ici, l’exposition est trop longue avant qu’il ne se passe réellement quelque chose (et encore, la menace n’est pas immédiatement palpable pour les personnages). Certes la scène d’introduction du personnage de Sébastien (Nicolas Gob) est très bien écrite et insuffle une bonne dose de mystère, mais derrière, les enjeux ont du mal à se mettre en place.

Mais dès le second épisode la série se met réellement en place et l’angoisse monte petit à petit. Les flashbacks centrés sur la famille disparue en 1997 sont malins mais on ne saisit pas tout de suite ce qui va leur arriver ni l’importance sur le récit pour que la tension liée à ces deux lignes temporelles soit totale. Mais à mesure que la menace s’intensifie, que le jeu avec les timelines se complexifie, Le Chalet devient vraiment prenante et nous embarque vers une destination : la découverte du tueur qui doit, pour que le pari soit relevé, être une surprise totale.

Une seconde partie de série plus réussie et plus sombre

La double timeline propre à la série donne un rythme et un sens tout particulier à la série, mais compte déjà parmi les clichés des séries car repris un peu partout. Ceci dit cela ne nuit pas à l’ensemble et à mesure que l’histoire passée se dévoile, la série plonge dans une réelle noirceur et ne ménage finalement personne. Le vrai bon point de Le chalet n’est pas tant la résolution de l’intrigue en elle-même que le fait que la série ne propose pas réellement de happy end. Et ça, en prime sur France 2, ça a de quoi (agréablement) surprendre : « Le récit, retors, se joue de nos questions. Il se donne à voir comme un puzzle dont la dernière pièce, inattendue et offrant un dessin complet de l’ensemble, ne s’ajustera qu’aux derniers instants« , dit Fanny Rondeau, responsable de la fiction de France 2.

Accueillie tièdement au dernier Festival de la Rochelle (notamment par une partie de la profession qui aurait du soutenir l’initiative), Le chalet mérite pourtant que l’on salue ce pari de proposer une série qui sort des codes de la fiction traditionnelle que nous offre les grandes chaînes. Sans doute manque-t-il du second degré durant ces 6 épisodes, et d’assumer davantage le genre auquel elle appartient, en dotant par exemple le tueur d’un costume ou d’un mode opératoire plus « fun » (comme dans Les 10 petits nègres où les statues sont brisées une à une). Si sur VL on reconnaît que le projet a de nombreuses imperfections, on a envie de saluer cette prise de risque qui ne doit en rien freiner les envies mais plutôt les pousser à continuer (façon Zone Blanche).

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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